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F. BLOCH: "Aucune raison de parler d’un risque de faillite bancaire"

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Écrit par Grégory Rateau
Publié le 4 mai 2020, mis à jour le 4 mai 2020

Alors que la Roumanie se prépare à mettre en place des mesures de déconfinement progressif, tout le monde n'a qu'un seul mot à la bouche, la crise. Nous avons donné la parole à François Bloch, Directeur général de la BRD Roumanie, pour nous parler des effets de la pandémie de Covid-19 sur l'économie roumaine et sur le système bancaire.

 

 

Grégory Rateau: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

François Bloch: Je suis Directeur général de la BRD depuis 2016. Avant 2016, j’étais Premier Vice-Président de Rosbank (filiale russe du Groupe Société Générale) de 2012 à 2016. J’ai commencé ma carrière dans le groupe Société Générale en 1990, au sein de FIMAT, la filiale de courtage sur les marchés à terme, où j’ai occupé divers postes en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. En 2008, j’ai été nommé Directeur de la Stratégie chez Newedge. En 2009, j’ai rejoint la Direction des Risques de Société Générale en tant que Responsable risque de crédit - Pays et Institutions Financières.
Je suis diplômé de l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique (ENSAE).

 

Comment jugez-vous la qualité de vie ici en Roumanie ?

Pour un Français, la Roumanie est un pays latin, francophone et francophile, à uniquement 2 heures et demi d’avion de Paris. C’est un pays européen, de penchant occidental, dont les systèmes d’éducation, de justice, la culture et l’art sont d’inspiration française. C’est donc un pays parfait pour un Français, qui retrouvera ici une bonne gastronomie et aussi des bons vins !

 

A votre avis combien de temps faudra-t-il à la Roumanie pour se relever économiquement après cette crise? Le pourra-t-elle seulement?

Les causes de la crise actuelle ne sont pas dans l’économie. Nous sommes dans une crise sanitaire qui a déclenché des effets dans l’économie, impactant en même temps les deux bouts du canal offre - demande. La rapidité du regain (et la forme de ce regain – V, W, U, L…) dépend de la manière dont la population respecte les mesures prises par les autorités. Donc pour le moment il est important de se concentrer sur la prévention. Je sais qu’il y a beaucoup d’inquiétude au niveau de l’économie et de la société au sujet des tenants et aboutissants de cette crise et je veux transmettre un message d’optimisme. Nous sommes là pour soutenir nos clients, pour les financer et pour aider notre économie à sortir de cette situation tout à fait inattendue. Je rappelle que l'économie mondiale a traversé des périodes beaucoup plus compliquées. Je suis convaincu qu'il y aura une mobilisation générale, au niveau des gouvernements, des institutions et des sociétés européennes, qui feront tout pour neutraliser les effets négatifs de cette épidémie.

 

Environ 50 000 clients de la BRD ont sollicité de reporter les mensualités de leurs prêts. Quelles solutions a mis en place la BRD pour ses clients?

Plus de 60.000 clients ont demandé jusqu’à ce moment à avoir recours au moratoire proposé par nous ou aux solutions préconisées par l’Ordonnance du Gouvernement.
Dans le cadre de nos efforts contre les effets négatifs de la pandémie de COVID-19, et afin d’accompagner nos clients, qu’ils soient particuliers ou entreprises, nous avons mis en place, très rapidement, un moratoire. Dès le 18 mars, pour nos clients individuels dont les revenus ont été temporairement affectés par les effets de la pandémie de Covid-19, nous avons préparé des procédures de paiement différé pour 1 à 3 mensualités, en fonction de leurs besoins. De même, les PME, ainsi que les personnes physiques autorisées, ont bénéficié, sur demande et en fonction de leur situation individuelle, de mesures d'accompagnement pour soutenir la poursuite ininterrompue de l'activité, à savoir la prolongation de 3 mois des facilités de crédit à court terme arrivant à échéance dans les 3 prochains mois et du report des taux d'emprunt à moyen et long terme pour une période de jusqu'à 3 mois. En dehors de ces mesures, le plus grand défi pour nos équipes est l’immense volume que nous avons eu à traiter. Surtout que, après notre offre, le Gouvernement a émis une ordonnance d’urgence (Ordonnance d’Urgence no. 37/2020), qui prévoit un moratoire allant de 1 à 9 mois, mais sans dépasser le 31 décembre 2020, l’échéance finale pour solliciter cette solution étant le 15 mai.

 

Comment les banques peuvent-elles soutenir l’économie pour mieux résister aux effets du Covid-19?

Il est extrêmement important en ce moment de soutenir le redémarrage de l'économie. Nous savons que les entreprises sont très préoccupées par l’après-crise. Je voudrais souligner que nous avons continué à financer l’économie tout au long de cette période et que nous sommes prêts à continuer, à la fois dans le cadre du programme gouvernemental IMM Invest et à l’aide de notre propre offre. La valeur du financement que nous estimons accorder dans le cadre du programme IMM Invest, en 2020, est d'environ 1,4 milliard de lei. Voilà une bonne nouvelle, et j’assure les entreprises prenantes que nous serons prêts à leur offrir, avec les crédits, tout notre savoir-faire. 

 

La croissance en Roumanie était basée plus sur la consommation, pensez-vous qu'il faudrait un plan de relance par la consommation plutôt qu'un plan de sauvetage des entreprises?

Les deux plans sont liés. Il ne peut pas y avoir de consommation sans que les gens travaillent et sans qu’il y ait un tissu économique fonctionnel. L’économie de la Roumanie est assez équilibrée entre les secteurs. Il faut voir premièrement quels sont les effets et qui exactement a besoin d’être sauvé. Il y a des secteurs dont l’exposition à la crise est évidente, comme le tourisme ou la secteur de l’hôtellerie et de la restauration, le commerce dans les grandes surfaces et plus généralement tout ce qui est basé sur un contact physique. A l’autre bout, nous avons une série d’entreprises qui sont plus adaptées au digital et qui sont parmi les gagnants de cette crise. Mais généralement, les microentreprises et les PMEs ont besoin de soutien, comme partout en Europe. C’est à partir de la base que le regain économique se produira.

 

Y a-t-il des similitudes entre la crise actuelle que nous traversons et la crise bancaire et financière de 2008 ?

Les deux situations sont différentes. En 2007-2008, l’origine de la crise était dans le système financier. L’origine de la crise actuelle est sanitaire, tout comme sa solution. 

 

Est-ce qu'aujourd'hui les banques affrontent la crise en meilleure santé qu’en 2008?

Je l’ai déjà dit : la crise actuelle n’est pas d’origine économique. Tout de même, elle a des conséquences au niveau de l’économie et l’ampleur de ces conséquences dépend de la vitesse dont le système sanitaire trouve une solution médicale, d’une part, et des solutions que les gouvernements mettent en place pour remettre en marche l’économie sans trop de risques pour la santé de leurs citoyens. Dans ce contexte, les banques jouent un rôle très important, en tant que canaux de distribution du financement à l’économie. Oui, les banques sont en bien meilleure santé qu’en 2008, les ratios de solvabilité, tout comme les coûts du risque étant à des niveaux très satisfaisants.

 

Y a-t-il aujourd'hui un risque de faillites bancaires?

Il n’y a aucune raison de parler d’un risque de faillite dans le contexte actuel. En Roumanie, le système est actuellement à des paramètres d’excellence tant en matière de rentabilité qu’en ce qui concerne la solvabilité, un coût du risque historiquement bas et un ratio crédits/dépôts sous-unitaire, ce qui témoigne d’un risque de crédit très réduit. La majeure partie des crédits sont en monnaie locale, ce qui élimine le risque de change.  En plus, le système est bien surveillé et règlementé par la Banque Centrale, ce qui constitue un atout et un argument supplémentaire parlant de sa solidité.   

 

 

grégory rateau
Publié le 4 mai 2020, mis à jour le 4 mai 2020

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