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Dan Benzakein - De la passion du cinéma à l'aventure roumaine

Dan BenzakeinDan Benzakein
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 15 mai 2023, mis à jour le 15 mai 2023

Cette semaine notre rédaction est allée à la rencontre de Dan Benzakein, un Français installé en Roumanie depuis de nombreuses années et autrefois en charge de la programmation de trois des plus grands festivals de cinéma en France.

 

J’imaginais un pays d’Europe de l’est, mais en définitive, j’ai plus le sentiment de vivre en Europe du sud, dans ce fameux « oasis latin » des Balkans… et dans un pays résolument Européen.

 

Grégory Rateau: Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

Suédois de naissance et Parisien d’adoption, je vis à Bucarest depuis 8 ans, où je dirige Talking Dog, un micro-studio créatif spécialisé dans les contenus digitaux (sites web, audio, post-production vidéo, sous-titrage…), avec des clients répartis entre la France, le Royaume-Uni et la Roumanie. À mes heures perdues, je bricole un peu de musique et m’amuse à explorer les passerelles entre intelligence artificielle et créativité humaine.
 

Pourquoi cette passion du vivre ailleurs ?

Ça doit être dans le sang ! Mes parents, Suédoise et Egyptien, se sont connus à Paris, où j’ai grandi et vécu pendant 45 ans, avec une parenthèse d’un an à Rome dans les années 70. L’idée n’est pas tant de vivre ailleurs, mais d’essayer de vivre en harmonie avec l'endroit où je me trouve. Je voyage depuis mon plus jeune âge et reste profondément attiré par la découverte d’autres lieux et cultures. Pas besoin d’aller au bout du monde, les plus belles surprises se cachent souvent à quelques pas de côté de nos trajets quotidiens.
 

Expliquez-nous un peu votre rapport à la Roumanie ? Comment jugez-vous la qualité de vie ici ?

J’ai quitté Paris en 2015 suite aux attentats de Charlie Hebdo, avec un réel besoin de prendre l’air. Une succession d’événements m’a conduit à Bucarest, et, après quelques allers-retours, j’ai posé ma petite valise ici. J’ai eu la chance d’être immédiatement accueilli par un groupe de personnes très diverses, qui m’ont permis de zapper l’étape touriste ou expat. Une immersion rapide, passionnante et aussi pleine de défis. Si j’ai l’impression d’avoir gagné en qualité de vie (plus d’ensoleillement, un rapport plus direct à la nature, un tempo plus tranquille), j’ai surtout le sentiment de m’être redécouvert en m’installant ici.


Aviez-vous des a priori avant de venir vous y installer ?

Non, aucun. J’ignorais tout de la Roumanie, et me méfiais des idées reçues entendues en Europe de l’ouest. J’ai pris le temps de me familiariser avec la riche histoire et les traditions du pays par le biais de la culture (les films, la musique, la cuisine, les expos, le street art, les histoires racontées par les anciennes générations). J’imaginais un pays d’Europe de l’est, mais en définitive, j’ai plus le sentiment de vivre en Europe du sud, dans ce fameux « oasis latin » des Balkans… et dans un pays résolument Européen.
 

Vous avez un parcours atypique. Vous avez travaillé sur des Festivals de cinéma de premier plan tels que le Festival du polar de Cognac, le Festival international du film fantastique de Gérardmer, et le plus célèbre, le Festival du Cinéma Américain de Deauville. Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, cela nous ramène à la fin du siècle dernier. J’étais en charge de la programmation de ces festivals, ainsi que de celui d’Avoriaz. Un métier de passeur que j’ai profondément aimé, centré sur la transmission, la mise en valeur de la création et le partage avec le(s) public(s). Les festivals sont de remarquables machines à faire avancer les idées et les rencontres. Mais ce qui reste au final, ce ne sont pas les films, qu’on finit par oublier, mais bien les personnes rencontrées lors de ces célébrations éphémères.
 

Pourquoi avoir laissé de côté le cinéma ?

Après 10 ans et une quarantaine de festivals, l’heure était venue de faire un break. L’industrie du cinéma peinait à innover, et j’avais envie de changement, de continuer à apprendre. Le cinéma a laissé place à la musique, qui m’a occupé professionnellement pendant 4 ans. J’étais également fasciné par l’émergence d’internet, dont j’ai commencé à explorer les profondeurs dès 1994. Une telle invention allait bouleverser notre façon de nous informer, de communiquer, de créer. J’ai ainsi consacré les 20 dernières années à accompagner les « anciennes industries » créatives à mieux appréhender cet espace social, vivant, mutant, accélérateur de nos talents — et de nos mesquineries. Je n’ai jamais vraiment laissé le cinéma de côté, car cet art qui explore notre humanité vit aujourd’hui un autre âge d’or, à travers les séries, qui me passionnent.
 

Une rencontre, un lieu en Roumanie dont vous aimeriez nous parler ?

Beaucoup de belles rencontres, dont celle d’un pays profondément singulier. La Roumanie est belle et diverse, des montagnes jusqu’au Delta du Danube, mais j’en reviens toujours à Bucarest, qui me fascine. J’aime cette ville, son énergie, ses mélanges, ses mille recoins, ses paradoxes, et sa capacité incessante à se transformer. C’est toujours un plaisir d’explorer Bucarest en marchant, de découvrir les strates de son histoire et ses beaux restes architecturaux de l’entre-deux-guerres, et de constater à quel point la nature parvient à reprendre ses droits au milieu du béton. Et si l’on apprécie le bon café, peu d’autres villes en Europe offrent autant de choix. 

 

Pensez-vous que la Roumanie offre des opportunités professionnelles?

La Roumanie de 2023 est un pays en pleine transformation, ouvert, qui se réinvente au sein de l’Union Européenne, à vitesse grand V. Les opportunités sont innombrables, même si cela peut demander un certain temps d’adaptation lorsque vous êtes étranger. Quelques pistes de bon sens pour faciliter l’intégration : apprendre la langue, écouter, rester humble, et… savoir patience garder.
 

Des projets, des ambitions?

Oui, j’ai un projet que j’aimerais initier dans un futur proche, autour de la ville, de ses habitants, et de la culture. Une initiative collaborative, fortement locale, ouverte sur l’Europe et le monde au sens large. Et une ambition : être en mesure, un jour, de rendre à la Roumanie ce qu’elle m’a offert en m'ouvrant ses portes.

grégory rateau
Publié le 15 mai 2023, mis à jour le 15 mai 2023

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