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COUPLE FRANCO-ROUMAIN - Ramona et Serge

Cette semaine, notre rédaction est allée à la rencontre d'un nouveau couple franco-roumain, Ramona et Serge. Elle est roumaine, très impliquée pour la promotion de la Roumanie en France en tant que présidente du Comité de Jumelage Carquefou-Racovita, et lui est français, ingénieur en informatique. Ils vivent ensemble depuis 23 ans, ont 2 enfants et habitent dans la ville de Carquefou, dans le Pays de la Loire, une ville jumelée avec la commune de Racovita (Sibiu).

COUPLE FRANCO-ROUMAIN - Ramona et SergeCOUPLE FRANCO-ROUMAIN - Ramona et Serge
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 15 septembre 2024, mis à jour le 17 septembre 2024

 

Parlez-nous de votre première rencontre.

Ramona : Je dirais que c’était une rencontre du 3ᵉ type, car virtuelle ! Ça s’est passé en 1999, on était étudiants tous les deux, moi à Cluj et Serge à Lille, j’avais un accès internet dans une super salle informatique. J’avais obtenu une bourse Erasmus pour la France (Nantes, où nous habitons actuellement, comme quoi le destin fait bien les choses !) et afin de peaufiner mon français, je m’étais inscrite sur un site de chat autour des hobbys. Un jour, nous avons essayé d’échanger nos photos, mais le débit n’était pas assez fort, alors j’ai pu voir seulement une partie de sa tête, jusqu’aux yeux ! Je ne connaissais pas encore la fameuse réplique de Jean Gabin – « tu as des beaux yeux, tu sais », sinon je lui aurais dit. On s’est vu en vrai plusieurs mois plus tard, et en 2000 on dansait à notre mariage ! Et nous voilà ensemble depuis 23 ans !

 

Serge : Nous nous sommes rencontrés en 1999, à l’époque on était encore au tout début de l’internet, on l’avait depuis quelques années à l’école d’ingénieur, mais pour le grand public, c'était encore nouveau. Je décidais donc de poster un message sur un forum, histoire de voir le nombre de réponses. J’étais étonné de voir combien de personnes pouvaient répondre aux messages. Après quelques mois, je décidais de répondre au moins à une personne, je fermais les yeux, cliquais au hasard et répondais au message d’une certaine Ramona qui cherchait un contact en France afin de lui donner des informations sur le pays étant donné qu’elle venait pour un cursus Erasmus de 4 mois sur Nantes. Le timing fait que je lui ai répondu peut-être 2 semaines avant son retour en Roumanie. Étant étudiant à Lille et elle à Nantes, je l’ai invitée (en tout bien tout honneur) à passer le week-end chez ma mère en région parisienne. Nous nous sommes donc rencontrés le week-end de son retour en Roumanie, sur le quai de la gare et quelque part, j’ai présenté à ma mère ma future femme à peine une heure après l’avoir rencontrée.


Qu’est-ce qui vous a plu chez l’autre ?

Ramona : Sa personnalité très calme, posée (à l’opposé de moi), toujours souriant, un peu nounours et très bienveillant. Il parlait déjà d’autres langues, anglais, allemand et semblait très curieux intellectuellement et ouvert vers d’autres cultures. Il a appris le roumain ensuite, il le parle très bien maintenant et j’en suis très fière et surtout admirative.

 

Serge : Ce qui m’a plu chez Ramona, ce fut sa culture, son intelligence, on pouvait passer des soirées à discuter de sujets variés, c’était aussi un moyen de se connaître l’un, l’autre. J’aime aussi son caractère franc, ce qui est un trait de caractère que je retrouve chez plein de Roumains.

 

Ramona, comment s'est passée votre intégration en France ? La Roumanie vous manque-t-elle ?

Ramona : Grâce à Serge, à ses amis et à la famille, je me suis intégrée vraiment vite et sans difficultés. Le fait de parler assez bien le français m’a aidée à reprendre mes études, car les diplômes roumains n’étaient pas reconnus à l’époque. Quelques années plus tard, j’ai intégré la fonction publique, ce qui était vu comme un exploit par l’entourage. La Roumanie, mais surtout la famille, les amis me manquaient beaucoup au début, la communication à distance était chère et nous n’avions pas forcément les moyens. Ensuite il y a eu les enfants, j’avais ma propre famille. Nous revenons régulièrement en Roumanie et je ne rate jamais les rencontres avec mes cousins, cousines, tantes et oncles sur place, je me « ressource » lors de chaque séjour.


Serge, aviez-vous des a priori avant de découvrir la Roumanie ?

Je n'avais absolument aucun a priori sur la Roumanie. Je connaissais la capitale, pouvais placer le pays sur la carte (j’avais regardé dans un atlas), mais je ne connaissais ni les gens, ni le pays. C’est donc pour cela qu’après notre première rencontre, dès l’été je décidais d’aller passer 15 jours en Roumanie, histoire de découvrir le pays et les gens, et la famille de Ramona (ok, je me suis un peu imposé...). Et là, j’ai tout aimé : les gens, le pays, ma future belle famille et surtout ma future femme, c’est pourquoi dès l’automne, je suis revenu en stage de novembre à juin, afin de connaître, comprendre et d’aimer encore plus ce pays et ce peuple.

 

Comment vos deux familles respectives ont-elles vécu votre union ?

Ramona : Notre union est arrivée très vite, un an après notre rencontre, mes parents ne s’attendaient pas du tout à mon mariage si rapide (je suis la benjamine) et de plus avec un étranger. Nous avons fait deux mariages, des super fêtes qui ont permis de rassembler deux cultures. J’ai été très bien accueillie par ma belle-mère, nous avons eu une très bonne relation par la suite. Mes parents ne parlaient pas français, n’avaient jamais voyagé aussi loin, mais ils nous ont fait confiance.

 

Serge : J’en ai finalement que peu discuté avec ma mère, en effet, c'était mon choix et pas le sien. La discussion a dû se résumer à quelque chose du type : « Serge, es-tu sûr que c’est un engagement à long terme ? », auquel j’ai dû répondre « oui, je suis sûr ». C’était je pense plus une question vis-à-vis du mariage et de l’engagement que cela représentait. Après, je pense qu’elle a toujours très bien accepté Ramona, car le fait d’avoir maintenant une belle fille la ravissait (comme elle n’avait que des fils). Ensuite, si je devais m’exprimer sur mon acceptation de la part de ma belle-famille, bien sûr, il m’a fallu demander la main de Ramona à mon futur beau-père. C’était un peu bizarre pour moi, je ne m’attendais pas à devoir faire cela, on était quand même au 21ᵉ siècle, je me disais. Mais finalement l’épreuve du feu (et de l’« apa de foc ») passée, je me suis tout de suite senti accepté. Encore une fois, je pense que c’était surtout un moyen d’être sûr de notre engagement. Même si je pense que mon look de l’époque n’avait pas tendance à rassurer les parents de Ramona (barbe, cheveux longs et tout l’attirail du métalleux). Ceci étant, je considère mes beaux-parents comme mes parents et je pense qu’il me considère comme leur fils... En tout cas, j'espère.

 

Vous avez eu deux enfants ensemble. Comment intègrent-ils vos deux cultures ?

Ramona : Ils ne sont pas bilingues, leur langue maternelle est bien le français. J’ai toujours aimé le français, je me sentais très proche et à l’aise en le parlant. Ils ont découvert la Roumanie lors des vacances et séjours chez les grands-parents. Ma fille se débrouille assez bien en roumain, tous les deux le comprennent et ils ont tous les deux des facilités lors de l’apprentissage d’autres langues. Ils adorent aller en Roumanie, ils s’y sentent bien et apprécient chaque fois l’accueil très chaleureux de la famille.  En France, à cause des clichés et l’image des fois négative sur la Roumanie, ils peuvent être amenés à cacher leur deuxième culture ou identité.

 

Serge : Je pense que la culture française est pour eux quelque chose de complètement intégré, car ils vivent en France et tous leurs amis sont ici. Pour ce qui est de la culture roumaine, c’est un peu plus compliqué. Notre aînée parle très bien le roumain, ce qui est beaucoup moins le cas du cadet qui le comprend mais ne fait pas d’effort pour le parler. Après si on parle purement de culture, je ne suis pas sûr qu’ils attachent un grand intérêt à l’une ou l’autre des cultures, ils sont plutôt happés et intéressés par d’autres cultures (anglo-saxonnes, japonaise).

 


De manière un peu plus légère, y a-t-il chez l'autre un trait de caractère proprement français, et proprement roumain que vous aimez ou que vous détestez ?

Ramona : Ce que j’aime chez Serge, c'est son attitude pacifiste, il y a beaucoup de diplomatie dans ses relations, des sujets qu’ils n’aiment pas aborder ou discuter.  Est-ce de la diplomatie française ou au contraire un manque de franchise et de courage ? Les Roumains sont parfois un peu trop directs, c’est mon cas également.  

 

Serge : Sa descente…. Non, je plaisante, la mienne est plus rapide…

 

Un cliché lié à vos deux cultures respectives que vous avez su dépasser chez l'autre ?

Ramona : J’ai souvent entendu parler du racisme français et de la difficulté d’accepter les minorités et les différences, mais je n’aime pas généraliser. On colle aussi aux Français une attitude arrogante. Rien de tout ça pour mon chéri ! Peut-être parce qu’il a des origines alsaciennes ?

 

Serge : Ramona ne rentre pas (à mon avis) dans un cliché lié à la culture roumaine. En fait, je ne pense même pas pouvoir dire quel pourrait être un cliché lié à la culture roumaine. Au départ je ne connaissais pas cette culture, maintenant que je l’appréhende un peu mieux je ne suis pas sûr que je puisse en dégager des clichés. Si ce n’est sûrement que les gens en France ont tendance à faire de l’amalgame entre Roumains et Rroms mais ça, c'est le problème des Français et en aucun lieu un problème de clichés.

 

Une expression, un dicton que vous avez appris dans les deux cultures ?

Ramona :  J’ai du mal à choisir une seule expression, j’en apprends tous les jours. J’adore « je m’en fiche » et ses versions que j’aime bien utiliser quand ça m’arrange. Plus sérieusement, j’aime « c’est la vie ! », ça me fait penser à cette résilience que peuvent avoir les Roumains devant des situations difficiles. 

 

Serge : Une expression qui revient souvent à mes oreilles en Roumanie serait : « Trage curentul » … C’est vrai qu’on n’est jamais assez prudent !

 

grégory rateau
Publié le 16 septembre 2024, mis à jour le 17 septembre 2024

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