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CARNET DE VOYAGE - Découverte de Sibiu avec Sabachtanie et Mathieu

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crédit photos / mathieu dranguet
Écrit par Sabachtanie Faber et Mathieu Dranguet
Publié le 1 avril 2019, mis à jour le 1 avril 2019

Ce mois de février, nous avons décidé de passer quatre jours dans la très belle ville de Sibiu en Transylvanie. Surnommée la « Petite Vienne » à cause de son ensemble de bâtiments baroques du XVIIIe siècle que l’on doit au gouverneur Samuel von Brukenthal, enfant du pays, Hermannstadt (son nom en allemand) garde résolument une atmosphère saxonne depuis sa fondation par des colons allemands au XIIe siècle. Préservée autant des ravages de la guerre que des destructions de l’ère Ceaușescu, elle a conservé des époques gothique, Renaissance et baroque, un grand nombre de monuments et de demeures anciennes. Capitale européenne de la culture en 2007 avec le Luxembourg, c’est une ville magnifique, colorée, culturelle, qui s’apprécie à pied ou à vélo, en flânant de places en places, avec sa géographie escarpée entre ville haute et ville basse, et les sommets enneigés des Carpates à quelques encablures.

 

 


Ce fut un coup de tête ! On souhaitait partir quelques jours dans l’Est et le choix de Sibiu s’est vite imposé : sa réputation de « plus belle ville de Roumanie », la beauté de son architecture, la volonté de retourner en Transylvanie et le prix assez bas des vols depuis la France. L’aéroport de Sibiu ne dispose que de quatre portes d’embarquement mais il est plutôt bien desservi, avec des compagnies low-cost comme Wizz Air ou Blue Air, mais aussi des compagnies nationales (Tarom, Austrian ou Lufthansa).


 
Arrivés tard dans la nuit, nous avons pu découvrir au réveil les toits encore enneigés et la belle lumière du matin sur la ville et les montagnes voisines.

 

Sibiu a été le centre culturel traditionnel des Saxons et resta presque exclusivement allemande jusqu’au milieu du XIXe siècle. L’exode rural la peupla peu à peu de Roumains, jusqu’à devenir à majorité roumaine à partir des années 1930. Aujourd’hui, la ville est peuplée à 95% de Roumains mais elle garde cette ambiance à la fois typiquement allemande et très « Mitteleuropa ».

 

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Notre hôtel - une belle demeure baroque restaurée - se trouve près des anciennes fortifications. Il nous faut à peine quelques minutes pour atteindre la Piața Mare, la Grande Place, vers laquelle nous semblons attirés comme un aimant… Et cette place a bel et bien quelque chose de magnétique, avec ses dimensions impressionnantes, ses beaux pavés, toutes ses façades dont celle du palais et musée national Brukenthal, sa tour, la cathédrale catholique de la Sainte-Trinité et l’hôtel de ville dans le style Sécession. Sur les toits, on découvre aussi les fameux « yeux de Sibiu », ces fenêtres lucarnes en forme d’amandes uniques au monde. Piața Mare est le cœur battant de la cité, et on y repasse toujours à un moment ou un autre de la journée !

 

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L’âme de la ville ne se limite pas à sa Grande Place. En passant sous le « Turn » ou par le passage qui sépare la cathédrale de l’hôtel de ville, on débouche sur la « petite place » (Piaţa Mică), qui a un charme fou avec ses cafés, ses restaurants et les vues qu’elle offre sur la ville basse. Nous l’avons trouvée un peu vide, hiver oblige, mais elle ne doit pas manquer d’animation l’été, avec ses terrasses un peu partout. Les amoureux seront instantanément attirés par le petit pont de fonte, ou « pont des Mensonges » sur lequel les fougueux prétendants venaient, dit-on, déclamer leur flamme à leur dulcinée…

 

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De là, nous arrivons sur la place Huet au milieu de laquelle trône l’imposante église évangélique Sainte-Marie (Biserica evangheliča Sf. Maria). Là encore, c’est un vrai régal pour les yeux que de flâner sur cette place étroite et d’en admirer les belles façades aux teintes pastel. Derrière l’église, le passage des escaliers (Pasajul Scarilor) descend droit sur la ville basse.

 

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Si la ville haute concentre la majeure partie des monuments et musées, la ville basse vaut le détour. Nous y sommes allés en fin de matinée, à l’heure où il y avait encore de l’ambiance dans les rues et au marché. Après un bon petit-déjeuner au Café Wien (dont l’entrée se trouve aussi sur la place Albert Huet), dans une ambiance très autrichienne (petits pains et saucisson), nous avons parcouru les rues plus populaires du bas de la ville jusqu’à la rivière Cibin. N’y allez pas pour la rivière (qui ne paie vraiment pas de mine) mais plutôt pour l’ambiance très locale du marché de la Piaţa Cibin, avec ses halles d’un autre âge où l’on vend fruits et légumes, viandes et poissons, objets en tout genre… et de pauvres perruches en cage !

 

Retour sur les hauteurs en passant par des petites rues toujours charmantes, parfois délabrées, une bonne pression Ursus (bière de Cluj-Napoca) et c’est reparti !

 

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Après les catholiques et les évangéliques, place aux orthodoxes avec un passage dans la superbe cathédrale métropolite orthodoxe (Catedrala Mitropolitană Ortodoxă), rue de la Métropolie. Elle a été construite par des architectes hongrois au tout début du XXe siècle qui se sont inspirés du plan de Sainte-Sophie de Constantinople (actuelle Istanbul). On y est revenu plusieurs fois pendant notre séjour pour nous imprégner de l’ambiance, admirer la coupole ainsi que les peintures murales signées Octavian Smigelschi.

 

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Ne passez pas non plus à côté du beau musée Brukenthal, installé dans le palais baroque que fit construire Samuel von Brukenthal, seul Saxon a avoir occupé la charge de gouverneur de Transylvanie sous le règne autrichien. Grand amateur d’art, il a constitué une très grande collection de peintures. Entre les maîtres allemands ou flamands, nous avons beaucoup aimé la galerie roumaine du XIXe et du XXe siècle, avec les paysages de Sibiu de Johann Böbel ou les toiles des impressionnistes roumains dont certains ont eu des liens forts avec la Normandie.


 
Un peu à l’écart de l’hyper centre, la cité se fait moins dense. On tombe vite sur des places que l’urbanisme communiste n’a pas épargnées, comme la place de l’Union (Piața Unirii) avec ses grands hôtels à l’architecture douteuse, ou sur les grands ensembles délabrés tels qu’on en trouve à l’entrée de toutes les villes roumaines.

 

En fin de journée, malgré le froid qui retombe vite à cette époque de l’année, nous nous baladons dans le parc Astra, bordé de beaux bâtiments. Astra était le nom d’une association fondée en 1861 pour promouvoir et développer la culture roumaine en Transylvanie. La région n’a été intégrée à la Roumanie qu’en 1918.

 

Astra est aussi le nom qui a été donné au musée de la civilisation populaire traditionnelle, un musée en plein air situé dans le parc naturel Dambrova Sibiului, à quelques kilomètres au sud de Sibiu. Après une bonne heure de marche (mais on peut aussi y aller en bus), nous avons parcouru une bonne partie des 96 hectares proposés aux visiteurs dans un paysage bucolique. Depuis les années 1960, comme dans d’autres musées du même type à Bucarest ou à Golesti par exemple, un vaste travail de référencement des formes d’habitats et des techniques de construction a été mené par les chercheurs. Des maisons, ateliers, églises, le plus souvent en bois, ont été démontés dans toutes les régions roumaines et remontés à l’identique. Bien sûr, on préfèrera toujours voir de vraies églises peintes dans le Maramureş ou des cabanes de pêcheurs dans le delta du Danube à Sulina… Mais ces musées en plein air sont une vraie particularité roumaine et valent le détour. Certains y viennent même faire leurs photos de mariage ! Préférer certainement les beaux jours, les arbres sont verts, il y a des animations pour les enfants et on peut manger dans l’un des restaurants du parc. Après plusieurs heures de marche et de photos, le bus n°13 nous a ramenés à la gare centrale pour 2 lei par personne, en une vingtaine de minutes.

 

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Enfin, puisqu’il faisait froid et que nous avons passé un temps substantiel à table, voici quelques petites adresses sympathiques où nous avons pu goûter la cuisine roumaine et les spécialités transylvaines.

 

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En bas des marches du passage des escaliers, dans la ville basse, nous nous sommes arrêtés un midi au restaurant « Le Pasaj ». La bière artisanale y est bonne, la soupe de goulash (grand classique) est à 16 lei et nous y avons goûté un très bon Schnitzel avec œufs pochés. « Le syndicat gourmet », en français dans le texte, est une adresse à ne pas rater. Il faut connaître car la petite salle de restaurant se cache dans une maison à la façade baroque de la ville basse, au 10 de la Strada Targului. Nous y avons goûté une excellente soupe à l’ail (14 lei) et des magrets de canard sur lit de betterave et pamplemousse avec une sauce cerise. Nous avons aussi apprécié le vin rouge conseillé par le patron, un Corcova du sud-ouest de la Roumanie. Les restaurants et cafés de la Petite Place sont accueillants (nous avons aimé l’ambiance jeune et branchée du « Lili’s café & restaurant », avec ses petits salons design) mais si vous voulez faire l’expérience un peu surannée des grands hôtels d’antan, nous vous conseillons d’aller dîner à l’hôtel « Imparatul Romanilor » dans un très beau bâtiment de la rue Nicolae Balcescu, à deux pas de la Grande Place. La cuisine est bonne et bien présentée, mais c’est surtout le décor qui vaut le détour, avec tableaux, petits salons, fauteuils et dorures. Le service est aux petits soins, la soupe de champignons à la crème était vraiment délicieuse, suivie d’un plat de truite avec pommes de terres et légumes grillés (compter 20 € par personne, avec vin, thé et café).

 

Sibiu est vraiment une ville magnifique, avec beaucoup de charme, qui se prête à la balade et à la déambulation de jour mais aussi de nuit sous la lumière des réverbères. Et nous pensons déjà y revenir, plutôt l’été pour y revoir les amis roumains et profiter de la douceur des soirées estivales avec un bon livre et un thé…

 

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