Une proposition de loi inédite pour la Roumanie vise à reconnaître et sanctionner plus sévèrement le féminicide, défini comme le meurtre d’une femme en raison de son sexe. Le texte, soutenu par plus de 270 parlementaires, bénéficie du plus large appui enregistré au cours de la législature actuelle.


Le projet prévoit plusieurs modifications du Code pénal, dans un contexte où les statistiques concernant les crimes commis contre les femmes sont particulièrement préoccupantes. Au cours des onze dernières années, plus de 500 femmes ont été tuées par leur partenaire. Selon la nouvelle loi, le féminicide serait puni d’une peine allant de 15 ans de prison à la réclusion à perpétuité.
La fréquence de ces faits divers reste élevée. D’après les données de la police, une femme est tuée chaque semaine par son compagnon ou ex-compagnon. Plusieurs affaires récentes ont provoqué une forte émotion dans le pays : à la fin du mois de mai, une jeune femme enceinte de 23 ans a été abattue dans la rue, devant sa fille de trois ans. Un mois plus tard, dans le département de Mureș, une autre femme du même âge a été assassinée à son domicile par son ancien partenaire, qui a ensuite incendié la maison avant de disparaître. L’auteur présumé n’a toujours pas été retrouvé.
Selon Corina Voicu, vice-présidente de l’association ADEPT, le nombre de femmes victimes de violences domestiques dépasse celui des victimes d’actes terroristes. La sénatrice Victoria Stoiciu estime pour sa part que le féminicide constitue l’aboutissement d’un cycle de violences répétées qui, lorsqu’il n’est pas interrompu à temps, conduit au meurtre.
La reconnaissance légale du féminicide est perçue comme une étape nécessaire pour mieux protéger les femmes. Plusieurs citoyennes soulignent que la société roumaine reste marquée par la banalisation des violences conjugales et qu’une réaction ferme des institutions est indispensable.
Anda Tămășanu, fondatrice de l’association Artemiss, considère que la tolérance persistante à l’égard de ces violences favorise leur perpétuation. Les initiateurs du projet espèrent que la nouvelle loi permettra aux autorités d’intervenir plus efficacement avant que les cas de violence domestique ne se transforment en crimes.
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