Les autorités roumaines ont pris des mesures importantes pour lutter contre la traite des êtres humains, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour protéger les groupes vulnérables contre les risques de traite, identifier et assister les victimes, et punir les auteurs, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Groupe d’experts pour l’action contre la traite des êtres humains (GRETA) du Conseil de l’Europe.


Le rapport évalue les mesures prises par la Roumanie depuis 2021 pour prévenir que les personnes vulnérables ne deviennent victimes de la traite des êtres humains, pour détecter et soutenir les victimes, et pour sanctionner les contrevenants, en accordant une attention particulière à la manière dont les auteurs utilisent les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour identifier et exploiter leurs victimes, et à la manière dont les forces de l’ordre utilisent ces technologies pour lutter contre ce crime.
GRETA se félicite des récents changements législatifs qui augmentent les sanctions pour la traite des êtres humains et améliorent l’accès des victimes à l’aide juridique et à l’indemnisation. Parmi les autres mesures positives figurent l’adoption d’une nouvelle Stratégie nationale contre la traite des êtres humains (2024-2028) et la création d’un Comité interministériel pour la coordination stratégique intersectorielle de la lutte contre la traite des êtres humains.
La Roumanie reste principalement un pays d’origine des victimes de la traite, mais devient de plus en plus également un pays de destination. Entre 2020 et 2024, les autorités roumaines ont identifié 2 662 victimes de traite des êtres humains, dont près de la moitié étaient des enfants. La principale forme d’exploitation des victimes identifiées était l’exploitation sexuelle, suivie du travail forcé, de la mendicité forcée et de l’exploitation dans des activités criminelles. La majorité des victimes identifiées étaient des ressortissants roumains, victimes de traite à l’intérieur du pays ou vers des pays tels que le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Espagne.
Le rapport note que les enfants issus des communautés roms, les enfants en institution et les enfants vivant dans la rue sont particulièrement vulnérables à la traite. Comme de nombreuses victimes identifiées avaient auparavant été en institution, GRETA souligne la nécessité pour les autorités roumaines d’accroître les ressources des services de protection de l’enfance et de mettre en œuvre des mesures et programmes sociaux et économiques visant à soutenir les enfants en situation de vulnérabilité.
GRETA met également en évidence des lacunes importantes dans la protection des personnes handicapées vivant dans les centres résidentiels et appelle les autorités à assurer un suivi régulier, efficace et indépendant de ces centres.
GRETA exprime son inquiétude concernant les risques de traite et d’exploitation auxquels est confronté le nombre croissant de travailleurs migrants, notamment originaires d’Asie du Sud, dont la vulnérabilité est accentuée par les barrières linguistiques, les pratiques de recrutement trompeuses et la protection insuffisante. Elle appelle donc les autorités à renforcer la protection des travailleurs, à introduire une réglementation pour les agences de recrutement agissant comme intermédiaires pour les travailleurs migrants et à surveiller les offres d’emploi frauduleuses en ligne.
Bien qu’elle se félicite de l’adoption en 2023 d’un nouveau Mécanisme national d’identification et d’orientation des victimes de la traite, GRETA exprime son inquiétude face aux obstacles persistants à la détection proactive des victimes, notamment l’insuffisance de la formation des professionnels et le manque d’inspecteurs du travail. Le rapport souligne également la nécessité d’améliorer l’assistance aux victimes de la traite en garantissant un hébergement adéquat et sécurisé, un financement approprié et l’accès aux soins de santé.
Ces dernières années, les autorités roumaines ont constaté une utilisation accrue des plateformes en ligne pour recruter et exploiter des victimes, y compris via des activités de chat vidéo à caractère sexuel. Pour lutter contre ce risque, elles ont mené des campagnes de sensibilisation aux risques d’exploitation en ligne et des programmes de formation pour les policiers et les procureurs. De plus, la police roumaine utilise des logiciels médico-légaux pour détecter l’exploitation sexuelle en ligne. GRETA se félicite de ces mesures et encourage les autorités à continuer d’investir dans la formation et les outils numériques pour mener des enquêtes proactives et renforcer la coopération avec les entreprises de TIC et les fournisseurs d’accès à Internet.
Le rapport indique que, sur la période 2020-2024, 764 personnes ont été condamnées pour des infractions liées à la traite des êtres humains. Pour éviter que ces affaires soient requalifiées en infractions moins graves, GRETA souligne la nécessité de renforcer la formation et la spécialisation des enquêteurs, procureurs et juges. Parmi les autres points préoccupants figurent la durée excessive des procédures pénales dans les affaires de traite et l’implication de fonctionnaires publics dans ce crime.
Le nombre de victimes de traite ayant obtenu une indemnisation par les tribunaux a augmenté, mais peu d’entre elles reçoivent effectivement une compensation, car les biens confisqués aux auteurs ne sont pas toujours affectés à l’indemnisation des victimes. GRETA appelle les autorités à revoir la législation afin de permettre aux victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle de réclamer une indemnisation à leurs trafiquants pour les revenus issus de l’exploitation dans la prostitution qui leur ont été retirés par les trafiquants.
Source : Romania Journal.ro







