En Roumanie, lorsqu’il s’agit de fraude à la TVA, la mafia italienne est impliquée, mais le pays constitue aussi un terrain favorable pour la mafia chinoise. C’est ce qu’a déclaré la procureure européenne en chef, Laura Codruța Kövesi, dans une interview accordée au journal Libertatea.
La cheffe du Parquet européen (EPPO) a également affirmé que la mafia italienne est à l’origine de plusieurs montages frauduleux impliquant des fonds européens, y compris ceux du Plan National de Relance et de Résilience (PNRR).
Laura Codruța Kövesi : « Je pourrais dire que la Roumanie n’est pas protégée »
Dans son entretien avec Libertatea, Laura Codruța Kövesi a déclaré que la Roumanie n’est pas à l’abri des risques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle et que, concernant la fraude à la TVA, le pays n’est pas protégé.
« On observe beaucoup de transactions en cryptomonnaies, par exemple, et les investissements dans ce domaine dissimulent souvent du blanchiment d’argent. La coopération avec l’Office national pour la prévention et la lutte contre le blanchiment d’argent en Roumanie est bonne. Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de problèmes. Il y a eu des cas où ils nous ont signalé des transactions suspectes. Le vrai problème, c’est la fraude à la TVA : comment mieux la détecter, et si elle est détectée, pourquoi n’est-elle pas signalée ? » a expliqué Kövesi.
Interrogée sur l’ampleur des préjudices causés par ce type de fraude, Kövesi a répondu que, jusqu’à récemment, « personne n’avait réellement conscience de l’ampleur du phénomène. Tout le monde pensait que la fraude à la TVA était maîtrisée, que des progrès avaient été faits, mais personne ne réalisait la gravité réelle de la situation ». Elle a ajouté que ce type de fraude est aujourd’hui plus rentable que la traite des êtres humains ou le trafic de drogue.
Selon Kövesi, si la lutte contre la fraude à la TVA devenait une priorité et que les enquêtes démarraient, les groupes criminels se sentiraient menacés et déplaceraient probablement leurs activités en Bulgarie, tout en poursuivant leurs opérations illégales dans d’autres États membres de l’UE.
À la question de savoir pourquoi la Roumanie est devenue un terrain fertile pour la mafia italienne, et si des lois trop permissives pourraient en être la cause, Kövesi a répondu que les groupes criminels organisés et les mafias ne sont plus des entités nationales — ce sont désormais des réseaux complexes composés de personnes de différentes nationalités, tant de l’UE que de pays tiers.
En Roumanie, les fraudes à la TVA sont signalées à des niveaux très faibles.
« Sur près de 400 affaires traitées en Roumanie l’an dernier, seulement 12 concernaient la fraude à la TVA », a indiqué Kövesi, précisant que la plupart de ces dossiers avaient été ouverts à partir d’informations transmises par d’autres États membres, et non par les autorités roumaines telles que l’ANAF.
Il convient de noter que la Roumanie affiche un écart de recouvrement de la TVA de 30,6 % — le plus élevé de l’Union européenne.
Source : Romania Journal.ro
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