Édition internationale

ROSIA MONTANA - Une affaire de gros sous et d'intérêt national

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 6 décembre 2023

Un groupe de professeurs universitaires de la faculté d'économie de Bucarest a lancé un message au gouvernement pour stopper le projet d'extraction aurifère de Rosia Montana. Pour les économistes, il n'y a pas que les arguments environnementaux qui posent problème

Photo : rosiamontana.org

La situation est grave, selon un groupe de douze professeurs de l'Académie d'études économiques de Bucarest (ASE). Dans un message adressé au gouvernement le 12 avril et publié il y a quelques jours dans la presse, ils tirent la sonnette d'alarme au sujet du projet d'extraction d'or de Rosia Montana, à l'ouest du pays. Mais dans leur propos, aucune allusion aux conséquences écologiques du projet, déjà jugées désastreuses par les associations qui militent pour son arrêt définitif. Ces universitaires mettent en avant d'autres arguments. "La bataille pour sauver Rosia Montana n'est qu'une partie de la guerre pour sauver l'or roumain. Nous avons déjà perdu le pétrole et beaucoup d'autres choses, nous n'accepterons pas de perdre l'or", peut-on lire en introduction du texte signé par les douze intellectuels. Et d'ajouter : "Nous allons démontrer que RMGC (Rosia Montana Gold Corporation, compagnie détenue à 20% par l'Etat roumain et à 80% par la société canadienne Gabriel Ressources, ndlr) est un vrai cheval de Troie à Rosia Montana, parce qu'il a réussi à imposer les intérêts d'une société privée étrangère aux dépens des intérêts de l'Etat roumain et de l'intérêt national." Suit tout un exposé détaillé et chiffré sur les risques auxquels s'expose le gouvernement en laissant une porte ouverte au redémarrage de l'exploitation aurifère dans cette zone. En conclusion, le groupe demande la "dissolution immédiate" de RMGC.

Le cour de l'or aiguise les appétits
Le projet de Rosia Montana est d'abord très controversé du fait de l'utilisation de cyanure dans le procédé d'extraction de l'or. Mais en dehors de ces enjeux environnementaux, le projet de Rosia Montana est aussi une affaire de gros sous. Ce qui pourrait devenir la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Europe intéresse beaucoup, et ce depuis de nombreuses années, les Canadiens de Gabriel Ressources. Et l'augmentation du prix du métal précieux sur le marché international ne peut qu'accentuer leur appétit. Aujourd'hui, une once d'or est cotée à un peu plus de 1000 euros. Selon les études géologiques de RMGC, le site de Rosia Montana renfermerait quelque dix millions d'onces d'or, soit 314 tonnes d'or. Le calcul a donc vite été fait par la compagnie privée. Depuis septembre 2007, date à laquelle le ministère de l'Environnement roumain a suspendu les autorisations environnementales nécessaires aux activités de RMGC, les Canadiens redoublent d'efforts pour reprendre les travaux. En 2009, une vaste campagne médiatique a été lancée annonçant que le projet apporterait un bénéfice de quatre milliards de dollars à la Roumanie. Le CNA (Conseil national de l'audiovisuel) y a toutefois mis fin pour publicité mensongère. RMGC s'est alors tourné vers le milieu politique en faisant un important lobbying. Quelques mois plus tard, en décembre 2009, Adriean Videanu, ministre de l'Economie de l'époque, annonçait que "dans le cadre de notre projet de gouvernement, nous voulons inclure le démarrage le plus rapide possible du projet Rosia Montana". Aujourd'hui, rien n'est encore joué, ni dans un camp, ni dans l'autre.
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 27 avril 2011

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Publié le 27 avril 2011, mis à jour le 6 décembre 2023
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