Édition internationale

MINORITES - Le drapeau sicule, instrument de jeu de pouvoir

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 20 février 2013

Depuis deux semaines, les Sicules font couler de l'encre dans la presse roumaine et hongroise. La "crise du drapeau" a focalisé l'attention des élites politiques et diplomatiques des deux pays. Le gouvernement roumain a toutefois appelé dernièrement à un retour au calme.

A l'origine de la crise diplomatique, un drapeau sicule retiré d'une salle du conseil départemental de Covasna par le préfet (voir notre brève du 7 février). La "crise du drapeau" entre les deux pays est entrée dans une nouvelle phase le week-end dernier, lorsque les Hongrois ont décidé que le drapeau sicule flotterait sur le Parlement hongrois en "symbole de solidarité nationale" - dixit le président du Parlement Laszlo Köver à l'occasion du forum des députés hongrois du bassin des Carpates, vendredi 15 février à Budapest. Selon le ministre des Affaires étrangères roumain, Titius Corlatean, cité par l'agence Hotnews, ce geste aurait pu conduire le Parlement roumain à prendre une position officielle sur les apparitions publiques du drapeau sicule, et à mettre un terme aux relations bilatérales avec le Parlement hongrois. Sur la chaîne de télévision B1TV, le ministre a toutefois minimisé l'importance de l'affaire, considérant que cette provocation de la part de la Fidesz - parti conservateur au pouvoir en Hongrie - tenait surtout de la campagne électorale en vue des législatives hongroises de 2014. "Ce genre de provocations se produit régulièrement depuis le traité de Trianon. (...) L'Etat roumain est au-dessus de cela. (...) L'important est d'avoir une relation correcte avec la Hongrie", a-t-il expliqué. Dimanche, le président du Sénat Crin Antonescu a aussi appelé au calme, estimant que "la Roumanie devait adopter l'attitude d'un Etat fort, et non celle d'une victime".

L'"agression" et l'"énorme effort"
Pourtant, les velléités autonomistes des Sicules semble avoir rendu Bucarest très susceptible. Le ministre Titius Corlatean a d'ailleurs dû rappeler l'ambassadeur hongrois Oszkár Füzés à l'ordre il y a deux semaines, lorsque le diplomate avait ouvertement exprimé le soutien de son pays à l'autonomie du pays sicule et assumé les déclarations du secrétaire d'Etat Zsolt Nemeth, selon lesquelles l'affaire du drapeau à Covasna constituait une "agression" de la part des autorités roumaines. Après avoir rencontré son homologue hongrois Janos Martonyi en fin de semaine dernière, le ministre roumain des Affaires étrangères a déclaré avoir fait "un énorme effort pour calmer la situation". A Bucarest, cette longue polémique a toutefois pu servir de diversion au gouvernement, au moment d'aborder des questions délicates, telles que les hausses d'impôts et les futures préfectures dans le projet de régionalisation du pays. Enfin, dans ce contexte de tensions, le Premier ministre roumain Victor Ponta a déclaré lundi soir qu'il renonçait à assister au prochain match de la Roumanie face à la Hongrie en phase préliminaire de la Coupe du Monde 2014 de football, le 22 mars prochain, bien qu'il y ait été invité. Un spectateur de moins pour un match qui se jouera à huis clos au stade Ferenc Puskas de Budapest, la Hongrie ayant été condamnée en janvier par la FIFA à cause du comportement raciste de ses supporters lors d'un match amical contre Israël l'été dernier. François Gaillard (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 20 février 2013

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Publié le 20 février 2013, mis à jour le 20 février 2013
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