

La confirmation de l'indépendance du Kosovo risque-t-elle de réveiller les désirs d'autonomie des Hongrois de Roumanie ? C'est en tout cas ce qu'espère Laszlo Tokes, eurodéputé roumain d'origine hongroise
La Roumanie compte quelque 2 millions de Roumains d'origine hongroise (photo : L.M.).
Laszlo Tokes n'a pas perdu de temps. La Cour internationale de justice venait à peine de rendre son verdict, jeudi dans l'après-midi, et de déclarer que l'indépendance du Kosovo n'enfreignait pas le droit international que déjà, le vice-président du Parlement européen entamait un plaidoyer en faveur de l'autonomie des Magyars de Roumanie.
Présent à l'Université d'été Tisvcanyos, à Baile Tusnad, le pasteur par qui la révolution de 1989 est arrivé a déclaré que si "une micro-région de la taille du Kosovo était parvenue à obtenir son autonomie, cela devait aussi être possible pour le pays sicule". "Nous devons sortir dans la rue si c'est nécessaire. Le pays sicule a besoin d'un modèle de type catalan", a-t-il poursuivi. Laszlo Tokes a ainsi clairement reproché au parti hongrois de l'UDMR, de tous les gouvernements ces dernières années, de n'avoir pas su unifier et rassembler le mouvement hongrois et de ne pas avoir soutenu la cause de l'autonomie (qu'ils ont pourtant largement défendue, notamment en 2008, lors, déjà, de la proclamation de l'indépendance du Kosovo). Mais Laszlo Tokes veut du concret, lui qui défend cette cause depuis des années. Il veut donc saisir cette nouvelle occasion pour obtenir de vraies avancées en faveur de l'autonomie de la région et des quelque 2 millions de Roumains d'origine hongroise qui y vivent.
La Roumanie ne reconnait pas l'indépendance du Kosovo, par crainte d'un précédent
Mais à Bucarest, on ne l'entend pas de cette oreille. La Roumanie est l'un des rares pays d'Europe (avec l'Espagne, la Grèce, Chypre et la Slovaquie) à ne toujours pas reconnaître l'indépendance du Kosovo. En 2008, le pays avait dénoncé "un acte illégal". Aujourd'hui encore, elle campe sur ses positions et ne reconnait pas le Kosovo en tant qu'Etat, invitant Pristina et Belgrade à trouver un accord. Cette position diplomatique est bien évidemment fortement liée à la crainte de voir l'indépendance kosovarde créer un précédent juridique que les Hongrois de Roumanie seraient tentés d'imiter.
Le Premier ministre Emil Boc s'est donc empressé de rétorquer que "l'on ne discute pas avec la Constitution roumaine", qui ne prévoit en rien une autonomie à la catalane. Samedi, Traian Basescu a fait, lui, le déplacement jusqu'à Baile Tusnad. "Ma vision est celle d'une autonomie égale pour tous les Roumains, indifféremment de l'ethnie", a affirmé le président, lors d'un débat aux côtés du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. "Nous ne pouvons construire une Europe centrale basée sur la géographie, l'ethnie ou les confessions religieuses", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il refusait de faire allusion au passé (et au Traité du Trianon qui a donné l'Ardeal à la Roumanie). Ce à quoi le pasteur Tokes a répondu, par tables rondes interposées, que les Roumains devaient cesser de croire que les Magyars voulaient "récupérer l'Ardeal". "A côté de la souveraineté de la Roumanie, nous voulons nous aussi avoir le droit de gérer nos problèmes tout seul", a-t-il lancé, invitant tous les Hongrois du bassin des Carpates à lutter pour leur autonomie. Reste à voir si le pasteur sera entendu et si les Magyars de Roumanie répondront à son appel. Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest) lundi 26 juillet 2010







