Le Premier ministre Ilie Bolojan a averti que la Roumanie "risque le défaut" si le gouvernement ne réduit pas rapidement les dépenses annuelles excessives.


Dans une interview accordée jeudi à Bloomberg News, Bolojan a décrit les six prochains mois comme cruciaux pour son administration, période durant laquelle une série de mesures d’austérité radicales devront être mises en œuvre, malgré un mécontentement public croissant et des tensions au sein de la coalition au pouvoir.
« Le risque de défaut est en effet très élevé après des années de forts déficits budgétaires », a-t-il déclaré. « Si nous ne suivons pas une trajectoire stable, l’unique issue possible sera très mauvaise. » L’an dernier, le déficit budgétaire de la Roumanie a dépassé 9 % du PIB, le niveau le plus élevé de l’Union européenne. Son nouveau gouvernement a adopté en juillet un vaste paquet de réductions de dépenses et d’augmentations d’impôts, afin de ramener le déficit en dessous de 6 % l’année prochaine, de restaurer la confiance des investisseurs et de maintenir l’accès aux fonds européens.
« Nous devons mettre en œuvre toutes ces réformes en succession rapide », a expliqué Bolojan depuis son bureau de Bucarest. « Si le premier train de mesures fiscales n’est pas suivi par d’autres pas correctifs, nous reviendrons exactement au point de départ. »
Une étape clé pour le gouvernement interviendra en octobre, lorsque l’UE évaluera le plan roumain de réduction du déficit. Bolojan a précisé que ces mesures étaient également nécessaires pour éviter un éventuel abaissement de la note souveraine du pays en catégorie spéculative (« junk »).
S&P Global Ratings a confirmé fin juillet la note d’investissement la plus basse de la Roumanie, assortie d’une perspective négative, lors d’un examen exceptionnel. Fitch doit rendre son évaluation ce vendredi et Moody’s est attendue en septembre. La situation politique en Roumanie demeure fragile. Les sociaux-démocrates, premier parti de la coalition, ont annoncé qu’ils boycotteraient les futures réunions de coalition si le gouvernement ne supprimait pas le régime spécial des pensions et ne renonçait pas à couper les fonds destinés à une nouvelle autoroute et à un programme local de développement controversé. Bolojan a décrit cette position comme un effort pour accroître l’efficacité, en orientant les fonds uniquement vers les projets ayant une réelle chance d’aboutir dans certaines régions du pays.
Cela illustre à quel point maintenir la cohésion de la coalition face à des réformes controversées sera un exercice d’équilibriste pour le Premier ministre.
« Maintenir cette coalition unie jusqu’en 2028 et garantir la stabilité gouvernementale est le seul moyen de traverser l’année et demie difficile qui nous attend, puis de créer les conditions de la reprise économique. Il est difficile de se concentrer sur le développement quand on doit éteindre des incendies dans plusieurs domaines chaque jour », a expliqué Bolojan, également président du Parti national libéral. Il a défendu la hausse de la TVA et la réduction des fonds destinés à la consommation. Même si ces mesures freineront la croissance économique, il a soutenu que l’alternative aurait été bien pire.
« Si nous ne les avions pas prises, au lieu d’un ralentissement, nous aurions tôt ou tard été confrontés à un effondrement total », a-t-il affirmé.
Dans le cadre de son plan visant à réduire la charge fiscale et à stimuler l’investissement, le gouvernement entend permettre aux entreprises publiques roumaines de lever des fonds pour leur modernisation via des introductions en bourse, a précisé Bolojan. Les préparatifs pour la cession de participations minoritaires dans certaines sociétés, dont les aéroports de Bucarest et des fournisseurs d’énergie, commenceront cette année et pourraient se concrétiser dès 2026, selon le Premier ministre.
En attendant que ces plans aboutissent, Bolojan appelle les Roumains à se serrer la ceinture. Il dit être déterminé à mettre en œuvre des réformes reportées depuis des décennies, quels qu’en soient le coût personnel et politique.
« Lorsqu’il y a de bonnes nouvelles, il y a toujours un groupe de politiciens pressés de les annoncer », a-t-il déclaré. « Mais quand les choses vont mal, très peu restent. »
Source : Romania Journal.ro







