L’Administration présidentielle a rendu public le rapport complet que le président Nicușor Dan a présenté la semaine passée aux dirigeants européens lors d’une réunion de la Communauté politique européenne.


Le président Nicușor Dan a indiqué que les dirigeants européens ont montré de l’intérêt pour le rapport intitulé « Analyse sur la guerre hybride menée par la Fédération de Russie contre la Roumanie ».
La principale conclusion du rapport est qu’une vaste infrastructure de désinformation coordonnée par la Fédération de Russie a été utilisée depuis 2022 pour créer une perception antisystème, laquelle a ensuite été exploitée dans des contextes clés tels que l’élection présidentielle de 2024. Le rapport précise que cette infrastructure a opéré sur quatre niveaux : cyberattaques, actions déstabilisatrices clandestines, subversion politique, et désinformation et propagande.
« La Roumanie a été la cible principale de campagnes hybrides étendues dans le contexte des élections de 2024, avec des acteurs hostiles visant à façonner en continu l’opinion publique, à déstabiliser la capacité de décision du gouvernement et à diluer la cohésion sociale », indique le rapport dans son introduction.
Cyberattaques
Selon le rapport, l’infrastructure roumaine « a été constamment ciblée par des cyberattaques coordonnées par des acteurs de la Fédération de Russie » depuis 2022. Les responsables roumains ont listé les incidents suivants : tous les sites web des aéroports roumains ont subi une attaque DDoS en mai 2022, revendiquée par le groupe de hackers russe Killnet ; les cyberattaques russes se sont intensifiées en 2024, les plus dangereuses étant des attaques par ransomware liées à des groupes russes tels que Lockbit, Lynx, Akira et RansomHub. Celles-ci ont visé 13 institutions publiques, 12 entreprises de transport, 17 banques, et d’autres entités.
En 2024 seulement, la Roumanie a fait face à 27 millions d’événements cybernétiques, dont plus de 85 000 attaques pendant les élections présidentielles. Ces attaques provenaient de 33 pays. Lors des élections, les identifiants de connexion des employés de l’Autorité électorale permanente et du Bureau électoral central ont été compromis et publiés sur Telegram ou sur des forums de hackers. Des entités de la Fédération de Russie ont également tenté de prendre le contrôle d’environ 10 000 caméras de surveillance dans cinq pays, dont la Roumanie.
Actions déstabilisatrices clandestines
Le rapport présenté par Nicușor Dan mentionne également qu’en 2024 « des cas ont été enregistrés de citoyens étrangers, principalement d’Amérique latine, qui, sous la coordination d’individus de la Fédération de Russie, sont entrés en Roumanie dans le but de documenter divers sites en vue de futurs actes de sabotage ».
Un de ces cas concernait un citoyen colombien, arrêté par le DIICOT et condamné à six ans de prison, qui « est entré en Roumanie dans le but de commettre des actes de diversion sous la coordination d’une personne russe ». Selon le rapport, « il avait l’intention de faire exploser plusieurs cibles — un dépôt de déchets recyclables, deux puits d’extraction de pétrole et une station de mesure de gaz naturel ». Des cas similaires impliquant des ressortissants colombiens ont été signalés dans d’autres pays européens, tels que la Pologne et la République tchèque.
Subversion politique via des organisations extrémistes
« La guerre hybride implique de cultiver des réseaux médiatiques, des organisations et des ressources politiques nationales dans l’État cible, par lesquels les narratifs de la Fédération de Russie peuvent être diffusés », indique le rapport.
Les responsables roumains notent que des mouvements extrémistes ont été exploités. « Au sein des communautés extrémistes, il y a eu une augmentation des narratifs et des messages violents incitant à la haine associés à la campagne promouvant le candidat indépendant, créant un climat de panique dans la société », précise le rapport.
Il pointe notamment les menaces centrées autour de l’idée d’un soulèvement général, en référence à la révolution de 1989. Le hashtag #revoluție, associé entre le 6 et le 8 décembre 2024 à des hashtags liés à Călin Georgescu, a atteint le 7 décembre environ 1,8 million de vues et 176 publications vidéo par jour.
« À partir du 27 novembre 2024, la campagne de promotion du candidat présidentiel Călin Georgescu s’est intensifiée au sein de groupes connus pour diffuser des narratifs de désinformation, servant de pont entre la communauté pro-russe et d’autres communautés générant des risques pour l’ordre public (groupes extrémistes, complotistes) », note le rapport.
Le rapport cite également les liens de Horațiu Potra avec la Fédération de Russie et rappelle la réunion au centre équestre (entre Georgescu, Potra, Sechilă et d’autres collaborateurs), que les procureurs du Parquet général affirment avoir impliquée dans des plans de coup d’État. Ces détails figurent également dans les charges déposées par les procureurs.
Désinformation et propagande
Le rapport fait référence à des sites russes également mentionnés par les procureurs du Parquet général. Avant le premier tour des élections de 2024, la Roumanie a été exposée à des menaces hybrides via des plateformes russes telles qu’AdNow, MGID ou Geozo. Ces plateformes ont promu une propagande pro-russe, amplifiée ensuite par des publications sur les réseaux sociaux liées au candidat Călin Georgescu.
Par exemple, des publications associées à la sphère Pravda (un réseau de propagande pro-russe en Europe) auraient créé plusieurs sites en Roumanie. Sur ces sites, des articles justifiaient l’invasion de l’Ukraine, cherchaient à affaiblir la cohésion de l’UE et présentaient la Fédération de Russie comme un partenaire potentiel. L’un de ces sites incluait un code QR redirigeant vers le site officiel de Călin Georgescu.
Le rapport montre également qu’en Roumanie, une autre campagne a été identifiée, dans laquelle des sites russes copiaient les sites d’institutions et de médias. Cette infrastructure était soutenue par 2 000 pages Facebook supplémentaires diffusant le contenu publié sur ces sites.
« Cette méthode est couramment utilisée dans les campagnes de désinformation en ligne pour créer et diffuser des informations fausses ou manipulées de manière à ce qu’elles paraissent provenir de sources crédibles », précise le rapport.
Le rapport aborde également la désinformation et la propagande diffusées sur TikTok et Telegram.
Source : Romania Journal.ro







