

LPJ : Dans quelle situation se trouve l'université roumaine ?
Cristian Preda : L'université est sous l'influence d'une réforme très poussée, incitée par deux phénomènes. Tout d'abord, celui du passage, en 2005, au système européen du 3, 5, 8 (ndlr : licence, master, doctorat). Un changement qui s'est fait sans aucun débat. Puis de la massification de l'université roumaine quand, pour la première fois en 2005, le nombre de places offertes par les universités privées et publiques a été plus grand que le nombre des diplômés du baccalauréat sortis la même année.
Et le niveau général ?
Il y a un déséquilibre qualitatif très important entre les enseignements privé et public. Personnellement, je continue à penser qu'à l'exception de quelques spécialisations la qualité du privé est déplorable. Mais cette différence est validée par le ministère de l'Education puisque c'est lui qui certifie les diplômes, peu importe d'où ils viennent. Or ce n'est pas un jeu honnête. Pour le privé, il est tout de même question de 100.000 étudiants en Roumanie, ce n'est pas rien. Mais le ministère ne considère pas que c'est important, que c'est un vrai problème.
Comment l'université roumaine est-elle vue à l'étranger ?
Il y a des échanges, des projets communs, des publications communes. Les quatre grands centres universitaires du pays, c'est-à-dire Bucarest, Iasi, Cluj et Timisoara ont des partenariats solides avec des universités étrangères. Et s'il y a une bonne coopération, c'est qu'il existe une bonne appréciation entre les partenaires. Mais cela concerne uniquement l'enseignement public.
Qu'est-ce que le programme Eugène Ionesco ?
Je suis parti de l'idée simple que la Roumanie est un pays qui a beaucoup profité de la francophonie et qu'il fallait renoncer à n'être que bénéficiaire. Durant le sommet de la francophonie (ndlr : septembre 2006), j'ai proposé au gouvernement le projet de ce que l'on a appelé tout d'abord une université francophone de l'Europe centrale et orientale. Ce qui correspond à la mise en réseau des différents centres existants dans la région. Comme premier pas, j'ai insisté pour que le gouvernement roumain offre chaque année des bourses d'études, pour des périodes de 3 à 10 mois, pour les étudiants des pays francophones, majoritairement africains. Ce programme va débuter cette année dans les centres qui ont affirmé leur disponibilité pour recevoir des doctorants et des chercheurs étrangers. Cela va entraîner une reprise de la belle coopération que nous avions avec les Etats du sud, notamment africains.
Propos recueillis par Jonas Mercier. (www.lepetitjournal.com - Bucarest) lundi 5 novembre 2007







