Le gouvernement roumain a présenté la première version de son projet de réforme du Code du travail. Le maître mot : plus de flexibilité
Les rumeurs les plus folles circulaient depuis quelques semaines, l'une évoquant même l'allongement de la journée de travail à 12 heures. L'exécutif n'est pas allé jusque-là. Le projet de réforme du Code du travail présenté par le gouvernement, qui devrait à terme remplacer le précédent datant de 2003, est toutefois bien plus flexible qu'auparavant. Pas de changement pour le temps de travail : il reste de 48 heures par semaine, heures supplémentaires incluses. La durée des contrats de travail à durée déterminée par contre change. Elle passe de deux à trois ans maximum. Il devient également possible dans ce texte de prolonger le CDD après la fin du contrat pour la "réalisation d'un projet". Idem pour le recours aux intérimaires : un employeur peut en embaucher pour deux ans, contre un an précédemment. De plus, en cas de réduction temporaire d'activité pour une durée de plus de 30 jours, l'employeur peut réduire le nombre de jours travaillés de 5 à 4, avec une baisse de salaire proportionnelle. Autres modifications envisagées par le ministère du Travail : la durée du préavis d'un salarié qui démissionne est réduite. La période d'essai est, elle, rallongée. Enfin, une nouveauté a été introduite : si l'employé a bénéficié sur une période d'un an de congés plus nombreux que ceux prévus initialement, l'employeur peut retenir sur salaire l'équivalent des congés payés supplémentaires ou réduire le nombre de jours de congés accordés l'année suivante.
Syndicats en colère
Cette première version, qui a essentiellement été élaborée à partir de propositions faites par les investisseurs roumains et des experts universitaires, satisfait le patronat. "Les patrons réclament une plus grande flexibilité depuis des années. Ils reprochent à la législation de rendre les licenciements très difficiles, même pour faute grave", estime Cezar Corici, le président de l'Union des industries de Roumanie. Mais les syndicats, déjà très remontés contre le gouvernement et sa politique d'austérité, ne voient pas ces modifications d'un bon œil. Le leader de la confédération Cartel Alfa, Bogdan Hossu, s'est inquiété "que ce texte n'ait pas été élaboré par le ministère", tandis que Dumitru Costin, le président du Bloc National Syndical a affirmé être "contre toutes les mesures qui fragilisent les conditions de travail et appauvrissent la population". Une nouvelle fois, le dialogue social s'annonce tendu.
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest) lundi 20 décembre 2010







