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Shireen Isal, la bonne étoile des artistes classiques indiens

Shireen Isal et Lakshmi Shankar chanteuse Hindustani en 2001Shireen Isal et Lakshmi Shankar chanteuse Hindustani en 2001
Association Sargam - De gauche à droite, Shireen Isal et Lakshmi Shankar (chant Hindustani). Lakshmi Shankar était parmi les artistes indiens les plus recherchées en France, et Shireen Isal éprouve le plus grand respect pour son talent et sa gentillesse.
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 23 mars 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

Shireen Isal nous parle de son parcours et de son livre “Joy, Awe and Tears - My Association with Sargam” qui relate son expérience d’imprésario pour des artistes classiques indiens en Europe. Elle y parle avec passion de la cinquantaine d’artistes et de leurs accompagnants qui ont conquis les audiences de 16 pays européens. 

 

Shireen Isal, une Indienne francophile 

C’est au mythique Royal Bombay Yacht Club de Colaba que nous rencontrons Shireen Isal lors de son passage à Bombay. Elle nous explique, avec un sourire bienveillant, qu’elle affectionne tout particulièrement cet endroit et y séjourne durant chacune de ses visites à Bombay. Situé à quelques mètres du Gateway of India, ce bâtiment colonial n’a pas perdu de sa superbe, ni de son authenticité et semble concourir à nous plonger dans le Bombay de Shireen.

 

Elle est en effet née dans le quartier de Colaba, à une époque où Bombay ne ressemblait pas du tout à ce que l’on connaît aujourd’hui. Les rues étaient moins encombrées, il n’y avait pas de pollution et peu de véhicules, l’ère de la domination britannique n’était pas si lointaine et le quartier de Lower Parel n’était même pas considéré comme faisant partie de la ville. Quand on écoute Shireen parler de sa jeunesse et de sa vie à Bombay avant son départ en France en 1974, on est directement transportés dans une autre époque. 

 

Née dans une famille Parsi, Shireen grandit en écoutant de la musique occidentale et commence à étudier le français à l’école. Son intérêt pour la langue française s’accentue au fur et à mesure de ses études, et elle trouve son premier travail à l’Alliance Française de Bombay en tant qu’attachée culturelle. C’est par ce biais qu’elle rencontre celui qui deviendra son mari, Jean-Pierre Isal, et pour lequel elle décide de s’expatrier en France en 1974. 

 

Sushama Unnikrishnan, Shireen Isal, Pierre Toureille, Smt. Lakshmi Shankar, Shyam Kane
De gauche à droite, Sushama Unnikrishnan, Shireen Isal, Pierre Toureille, Lakshmi Shankar, Shyam Kane. Pierre Toureille était le responsable des Musiques Traditionnelles à Radio France, France Musique. Shireen Isal lui est extrêmement reconnaissante de son dévouement à la propagation de la musique indienne en France. Photo : Association Sargam

 

À son arrivée en France, elle prend un poste d’attachée culturelle à l’Ambassade d’Inde à Paris. C’est au cours de ces deux expériences dans le milieu culturel qu’elle a l’occasion de rencontrer des artistes indiens, et d’assister à de nombreux spectacles. Elle commence à développer une attirance, qui se transformera vite en passion, pour les arts classiques indiens et est convaincue qu’elle a un rôle à jouer pour les promouvoir en France et en Europe. 

 

L’expérience d’imprésario pour des artistes classiques indiens en Europe 

Elle se lance dans l’aventure d’imprésario avec trois premiers artistes qu’elle fait venir à Paris en 1979. À l’époque, internet et le téléphone portable n’existent pas, les communications se font majoritairement par la poste et prennent du temps, et ce qui pourrait sembler facile aujourd’hui requiert des qualités d’organisation exceptionnelles. Pour chaque artiste qui croisera son chemin, Shireen Isal s’occupera de trouver les spectacles adéquats, de négocier les conditions et les contrats, et d’organiser tout le voyage allant de la réservation du billet d’avion à la préparation de repas végétariens.

 

Ravi Shankar et Shireen Isal en 1992
De gauche à droite, Ravi Shankar et Shireen Isal. En 1985, Ravi Shankar a été invité avec d'autres musiciens, par le Festival de Montpellier et Radio France pour une nuit entière de musique indienne à l’Abbaye de Valmagne, près de Montpellier. Shireen Isal ressent une profonde admiration pour celui qu’elle appelle “Panditji”. Photo : Association Sargam 

 

Chaque année, le réseau de Shireen s’étend, le nombre d’événements pour lesquels elle présente des artistes augmente, les artistes se produisent dans plusieurs villes européennes, et les grandes étoiles du milieu sollicitent ses services. Shireen Isal ressent le besoin de structurer son activité et crée l’association Sargam en 1983, dont le nom sera trouvé par Ravi Shankar, le célèbre joueur de sitar à qui est donné le titre honorifique de “Pandit” (Maître). C’est au travers de l’association Sargam qu’elle poursuivra toute sa carrière, jusqu’au dernier concert de la chanteuse classique hindoustani Parveen Sultana à Londres en octobre 2018, à la suite duquel l’association Sargam et Shireen tirent leur révérence. 

 

Uttara Asha Coorlawala, danseuse contemporaine indienne en 1979
Uttara Asha Coorlawala, une danseuse contemporaine d’origine indienne, qui a travaillé très étroitement avec Le Beffroi à Tours et son directeur, Lionel Tardif, grand amateur de l’Inde. Shireen Isal salue cette collaboration. Photo : Beffroi Photo Club

 

“Joy, Awe and Tears”, un livre pour inciter la nouvelle génération à se lancer dans le métier d’imprésario 

Cette aventure s’étend bien au-delà de la dimension professionnelle, et c’est en réalité 40 années de la vie de Shireen qui sont racontées dans son livre “Joy, Awe and Tears. À la lecture, on comprend que nombre d’artistes sont devenus des sources d’inspiration, des amis et parfois même des confidents, qui tiennent aujourd’hui encore une place toute particulière dans la vie de Shireen et de sa famille.

 

Joy awe tears de Shireen Isal
Photo de la couverture du livre "Joy, Awe and Tears - My Association with Sargam", écrit par Shireen Isal.

 

Malgré les difficultés qu’elle a parfois dû surmonter, Shireen est reconnaissante d’avoir eu la chance de contribuer à ce qu’elle qualifie d’une “histoire d’amour entre la France et l’Inde”. Pour elle, travailler à promouvoir la culture indienne en France, son pays d’adoption, est le plus beau des cadeaux. Elle est ravie de constater que l’Inde a toujours intéressé les Français, et que “les Français regardent et écoutent avec leur coeur”. Entre 1979 et 2018, l’association Sargam s’est occupée de 47 artistes avec leurs accompagnants, et a obtenu des contrats dans 16 pays  différents pour un total d’environ 600 événements. 

 

Saraswathi Narayanan, Rohinton Cama, Shri Balachander et Kaviraj Suvarna à Paris en 1988
De gauche à droite, Saraswati Narayanan, Rohinton Cama (Bharata Natyam), Shri Balachander, Kaviraj Suvarna.  Rohinton a dansé à plusieurs reprises à Paris (Musée Guimet, Centre Mandapa) et en province. Il y a rencontré énormément de succès. Photo : Association Sargam

 

En racontant l’histoire de Sargam, son histoire, Shireen Isal espère inciter la jeune génération à se tourner vers le métier d’imprésario pour continuer à faire rayonner les artistes classiques indiens à l’étranger, et promouvoir la culture indienne qui lui est si chère. 

Le livre "Joy, Awe and Tears” est disponible, en Inde, sur le site www.parsiana.com et, en France, sur Amazon.

 

C’est avec une émotion toute particulière que la Rédaction du Petit Journal Bombay tient à remercier Shireen Isal et son mari Jean-Pierre pour ces moments de partage. 

 

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