Donald Trump s’est rendu en Inde du lundi 24 février au mardi 25 février 2020 accompagné de son épouse, Melania, de sa fille Ivanka et de son gendre, Jared Kushner ainsi que d’une délégation. Une visite éclair du Président des Etats-Unis pendant laquelle Trump et Modi n’ont pas tari d'éloges l’un envers l’autre, affirmant à tour de rôle qu’ils étaient les meilleurs amis du monde et se remerciant mutuellement pour le soutien apporté. Mais, quelles sont les retombées de ce voyage pour l’Inde et pour les Etats-Unis ?
Durant les deux jours passés en Inde par Donald Trump, seul le deuxième a été consacré à des discussions bilatérales avec Narendra Modi sur les sujets qui préoccupent les deux pays. Le temps restant s’est partagé entre visites culturelles et célébrations hors norme.
Embrassades, déclarations élogieuses et parcours touristique
Accueillis à l'aéroport d’Ahmedabad par Narendra Modi, Donald Trump et sa délégation se sont d’abord rendus dans le lieu dans lequel le Mahatma Gandhi a vécu pendant treize ans, l’ashram de Sabarmati où le Président des Etats-Unis et sa femme se sont essayés au rouet, symbole de la résistance non violente lancée par Gandhi. Puis, le rassemblement dans le tout nouveau stade de cricket d’Ahmedabad, le plus grand au monde, intitulé “Namaste Trump” a été le clou de la journée. Donald Trump a été accueilli par plus de 100 000 Indiens présents dans le stade depuis le matin : musique, discours de Trump dans lequel il avait inclus de nombreuses références à l’Inde et discours de Modi : du grand spectacle, digne d’une campagne électorale.
Unparalleled vibrancy at the world’s largest stadium. Watch... pic.twitter.com/RupPFsOq2z
— Narendra Modi (@narendramodi) February 24, 2020
“Les relations entre l'Inde et les États-Unis ne sont plus seulement un partenariat parmi d'autres. C'est une relation bien plus profonde et plus grande” a lancé Narendra Modi.
“Les États-Unis aiment l'Inde. Les États-Unis respectent l'Inde. Et les États-Unis seront toujours un ami fidèle et loyal du peuple indien” a répliqué Donald Trump.
La journée s’est terminée par une visite romantique du Taj Mahal, fermé aux touristes pour l’occasion et dont les abords ont été embellis à la hâte avant la venue du Président américain (le gouvernement de l’Uttar-Pradesh n’a pas hésité à déverser une quantité importante d’eau dans la rivière Yamuna qui longe le monument pour tenter de contenir l’odeur fétide qui s’en dégage habituellement).
Discussions commerciales
Le lendemain, Donald Trump et Narendra Modi sont passés aux choses sérieuses et ont abordé principalement les sujets liés à la coopération entre les deux pays. En 2018, les échanges commerciaux entre l’Inde et les Etats-Unis se sont élevés à presque 145 milliards de dollars, avec un déficit commercial de 25 milliards pour les Etats-Unis.
Rencontre bilatérale Trump - Modi à Delhi
Delhi: US President Donald Trump and Prime Minister Narendra Modi hold talks, at Hyderabad House. pic.twitter.com/moyiwa07h8
— ANI (@ANI) February 25, 2020
Les discussions ont porté sur les domaines de la sécurité, la défense, l'énergie, la technologie et les relations entre les peuples. L'Inde représente un allié stratégique pour les États-Unis en Asie, qui voient en elle un potentiel contrepoids à la montée en puissance de la Chine dans la région.
Lors de la conférence de presse conjointe, les deux hommes d’Etat ont indiqué s'être mis d’accord sur trois protocoles d’entente (Memorandum of Understanding - MOU) concernant :
- la santé mentale
- la sécurité des médicaments
- les produits pétro-chimiques
Le seul accord signé concerne la vente d'hélicoptères américains à l'armée indienne pour un montant de 3 milliards de dollars.
Narendra Modi et Donald Trump ont tous deux affirmé qu’un accord commercial bilatéral de grande envergure était en préparation et que les deux pays allaient trouver un terrain d’entente. Jusqu'à présent, Donald Trump accuse l’Inde de protectionnisme et qualifie le pays de champion des droits de douane. De son côté, Narendra Modi déplore le retrait, entré en vigueur en mai 2019, du statut préférentiel dans les relations commerciales (Generalized System of Preferences, GSP) auparavant accordé à l’Inde par les Etats-Unis (Tous les détails sur le sujet dans notre article USA- Inde : tensions commerciales en hausse).
Cet accord commercial est en négociation depuis plusieurs mois et il était question qu’il soit signé avant la visite de Donald Trump. Cependant, ce dernier avait clairement indiqué quelques jours avant son départ que les négociations n'étaient pas terminées et qu’il réservait la signature pour plus tard.
Pendant que son mari discutait avec Narendra Modi, Melania Trump visitait une école publique de Delhi et assistait à un cours de “bonheur” !
Melania Trump visite une école de Delhi
Delhi: First Lady of the US, Melania Trump interacts with the students at Sarvodaya Co-Ed Senior Secondary School in Nanakpura. pic.twitter.com/gLbRXGPOp5
— ANI (@ANI) February 25, 2020
Donald Trump a aussi rencontré les principaux hommes d’affaires indiens à l’ambassade des Etats-Unis avec pour objectif de favoriser les investissements dans son pays. Mukesh Ambani, CEO de Reliance Industries Ltd et treizième milliardaire mondial, Anand Mahindra, CEO de Mahindra Group, Natarajan Chandrasekaran, CEO de Tata Sons et Kumar Mangalam Birla, CEO d’Aditya Birla Group étaient présents. Selon le Times of India, Trump aurait déclaré : “Si je suis réélu, les marchés vont s’envoler. Mais, si je ne le suis pas, alors vous allez assister à un crash sans précédent.”
Les enjeux pour Donald Trump
Selon la plupart des analystes, le voyage de Trump en Inde a principalement été programmé comme une campagne électorale pour gagner les voix des Indiens résidant en Amérique qui, généralement, votent pour les démocrates et représentent 3 millions de citoyens. Cumulée avec la présence du Président américain à la manifestation organisée pour la venue de Narendra Modi à Houston au Texas, “Howdy Modi” en 2019, cette visite en Inde permet à Donald Trump de montrer qu’il est l’ami de ce pays.
Une autre retombée quoique mineure de cette visite d’Etat bénéficie à Satya Nadella, le nouveau CEO de Microsoft originaire de Mumbai, aussi en visite en Inde, qui a profité du buzz déclenché par la venue de Donald Trump pour ne pas avoir à s’expliquer sur ses remarques négatives sur la nouvelle loi sur la citoyenneté (CAA).
De son côté, la venue du Président américain a permis à Narendra Modi de redorer son image d’homme fort après les récentes manifestations qui ont secoué le pays suite à ses décisions controversées sur l'accès à la citoyenneté.
Polémiques et émeutes
Le voyage a néanmoins déclenché des polémiques. Le coût de l’accueil qui représente pour la seule ville d'Ahmedabad 14,5 millions d’euros et a inclus la construction d’un mur pour rendre invisible un bidonville sur la route du cortège.
A Delhi, cela n’a pas empêché des émeutes toujours en réaction au CAA de se déclarer dans le Nord-Est de la ville, dans des quartiers à majorité musulmane, à 18 km de là où se trouvait Trump. Onze personnes ont été tuées. Le 25 février, la capitale a connu les émeutes les plus violentes depuis des décennies.
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