Dimanche 16 avril, des milliers de sympathisants et membres de la dissidence FARC se sont rassemblés dans le Sud de la Colombie, dans les "llanos" de la région de San Vicente del Caguan, dans le département de Caqueta, lors d'un grand meeting ayant pour objectif "d'affirmer leur engagement sincère et réel" à négocier la paix avec le gouvernement colombien.
Selon le journal Le Figaro, Ivan Mordisco, le numéro un de la dissidence, en présence de milliers de paysans, de membres d'organisations sociales et de sympathisants de la rébellion, aurait déclaré: «nous venons avec la pleine conviction et l'espérance que depuis ce point de départ, nous pouvons commencer à construire la feuille de route qui permettra à la Colombie d'éradiquer les causes du conflit».
Toujours selon les informations du Figaro, Andrey Avendano, chef du "Front 39", unité du groupe armé illégal colombien, l'Armée de libération nationale (ELN), actif dans le département de Chocó, dans l'ouest de la Colombie, près de la frontière avec le Panama, aurait déclaré durant ce rassemblement qu'il était «possible de construire la paix en intégrant une justice sociale et ce depuis l'ensemble des territoires colombiens».
A compter du 16 mai prochain les négociations de paix devraient par conséquent s'entamer entre la dissidence et le gouvernement de gauche du Président Gustavo Petro, élu Président de la Colombie en 2022. Cette nouvelle entente arriverait alors en complément des accords de paix signés en 2016 entre les FARC et l'ancien gouvernement de centre droit du Président Juan Manuel Santos, ayant permis de mettre un terme à plus de 50 ans de conflits armés. Ces nouveaux accords de paix viendraient rejoindre la volonté du Président actuel d'aboutir à "une paix totale" en Colombie.
Les origines du conflit armé: l'inégale répartition des terres en Colombie
En Colombie, l'inégale répartition des terres remonte à la période coloniale espagnole, où ces dernières étaient principalement détenues par une élite blanche et propriétaire d'esclaves. Au fil du temps, la grande majorité des terres est restée la propriété des grands bénéficiaires terriens, souvent liés aux élites économiques et politiques du pays.
Au cours du XXe siècle, l'État colombien a tenté de mettre en œuvre des réformes agraires pour redistribuer les terres aux paysans et aux populations autochtones, mais ces efforts ont été limités et souvent inefficaces. En conséquence, des groupes armés, tels que les FARC, ont émergé pour défendre les droits des paysans et des travailleurs ruraux et pour lutter contre l'injustice sociale.
Guérilla rurale des FARC et accords de paix
Les FARC, Forces Armées Révolutionnaires de Colombie d'extrême gauche, ont opéré en Colombie de 1964 à 2017. Avec les années, le groupe armé est passé de défenseur des droits des paysans à trafiquant de drogue, responsable d'enlèvements et d'extorsion. Coupable de nombreux actes de violence, notamment des attentats à la bombe et des attaques contre des civils et des responsables gouvernementaux, le groupe a été désigné comme organisation terroriste en 1997 par les États-Unis, ainsi que par l'Union européenne, le Canada et plusieurs autres pays dans le monde.
En 2016, après des années de négociations, le gouvernement colombien et les FARC réussissent enfin à s'entendre et signent des accords de paix. Ces derniers prévoient entre autres la démobilisation et le désarmement du groupe. Les FARC se transforment en un parti politique, connu sous le nom de "Force Révolutionnaire Alternative Commune". En 2021 le mouvement est retiré de la liste des organisations terroristes.
Malgré les accords de paix de 2016, la violence en Colombie se poursuit. Des dissidents des FARC ayant refusé de signer les accords de paix reprennent le contrôle des anciens territoires des FARC et continuent à se livrer au trafic de drogue et autres activités criminelles.
Aujourd'hui, malgré la fin officielle du conflit armé avec les FARC, la répartition inégale des terres demeure un problème en Colombie. Les gouvernements successifs ont mis en place divers programmes de réforme agraire, mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir une répartition plus équitable des terres et pour protéger les droits des communautés rurales.
Les dissidents des FARC - Une multitude d'unités armées en voie vers la paix
Les dissidents des FARC sont des membres de l'ancienne guérilla ayant refusé de se conformer à l'accord de paix signé entre le gouvernement colombien et les FARC en 2016. Ils représentent généralement des combattants de base ou des membres de la direction locale ayant rejeté l'accord de paix en raison de l'insatisfaction quant aux conditions de démobilisation et de réintégration proposées. Opérant depuis des décennies dans les départements de Nariño, de Caquetá, de Putumayo, de Guaviare et de Chocó, ces groupes armés se disent enfin prêts à négocier la paix et faire régner pour de bon le calme en Colombie.
La paix totale en Colombie ? Un rêve partagé par toute une population
Pendant plus de 50 ans, le conflit a opposé plusieurs groupes armés, notamment les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), l'Armée de libération nationale (ELN), ainsi que des groupes paramilitaires et des bandes criminelles. Il a causé des milliers de morts, il a déplacé des millions de personnes et il a eu un impact négatif sur l'économie, la société et la politique du pays.
En 2016, les premiers accords de paix ont permis de réduire drastiquement la violence dans le pays. Ils ont aussi participé à faire rayonner plus favorablement la Colombie sur la scène internationale.
De nouveaux accords de paix 2023, semblant en bonne voie de signature avec la dissidence des FARC, seraient un marqueur inédit fort, et contribueraient considérablement à l'amélioration des conditions de vie des populations touchées par le conflit, ainsi qu'à la consolidation de la paix et de la démocratie dans le pays.
La Colombie est aussi en plein essor touristique. Le marché est en constante croissance depuis ces dernières années. Selon les données du gouvernement colombien, le nombre de touristes étrangers visitant le pays est passé de 1,5 millions en 2010 à plus de 4,5 millions en 2019, ce qui représente une augmentation de plus de 200 %.
Avec les accords de paix de 2016, le tourisme intérieur s'est également développé, dû à une plus grande sécurisation des territoires, avec un nombre croissant de Colombiens qui choisissent de voyager dans leur propre pays pour découvrir ses beautés naturelles, ses sites historiques et culturels.
Le tourisme en Colombie contribue sans aucun doute à l'économie du pays, générant des emplois et des revenus pour les entreprises locales. Le gouvernement colombien a mis en place des politiques pour encourager le développement du tourisme dans le pays, notamment en améliorant les infrastructures et la sécurité, ainsi qu'en promouvant la Colombie à l'étranger comme une destination touristique attrayante et sûre.
La paix totale en Colombie semble par conséquent à portée de main.
Une paix qui résonne avec avenir et prospérité pour le pays et pour l'ensemble du peuple colombien.