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Zwekabin Myay ou l’école de la critique à Hpa An

Ecole Hpa An BirmanieEcole Hpa An Birmanie
Écrit par David Hardillier
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 mai 2018

La ville de Hpa-An est décidément pleine de ressources ! Entre le Véranda Café d’un côté, qui propose de délicieux plats et cafés et est aussi un lieu de rencontre culturel et éducatif, les ballades en kayak à travers les rizières près de Kaw Ka Taung Cave (C’est vrai ? Vous ne le saviez pas ?) et le Mont Zwekabin, il y a de quoi occuper ses journées ! En parlant du Mont Zwekabin, saviez-vous que ce nom n’est pas seulement utilisé pour désigner la plus haute montagne de Hpa-An ? En effet, Zwekabin Myay, un projet éducatif, l’emprunte également. Découverte d’une école à l’esprit critique.

La rencontre s’est faite par hasard, au détour d’un déjeuner à Kaw Ka Taung Cave, à quelques kilomètres du centre de Hpa-An. San Wai Aung, guitare à la main, fait jouer ses doigts agiles sur les cordes lorsque la conversation espagnole de l’ami qui m’accompagne l’interpelle ; lui aussi parle espagnol. Il n’en faut pas plus pour commencer à échanger. De fil en aiguille, j’apprends qu’il travaille pour la Zwekabin Myay, également connue sous le nom de Hpa An Education project, une école gratuite qui forge l’esprit critique de ses jeunes étudiants. Je dois poursuivre ma journée de visite mais je n’oublie pas de prendre les contacts nécessaires pour en savoir un peu plus au sujet de cette école. C’est Jonathan Jordan qui répondra un peu plus tard à mes questions. Cet anglais de 27 ans est le coordinateur académique de Zwekabin Myay.

Créée il y a six ans, cette école est le fruit d’une rencontre fortuite entre Fiona O’Byrne, irlandaise de son état et visitant la Birmanie et de San Wai Aung. Le projet est né d’une volonté d’inculquer aux étudiants une vision critique du monde dans lequel ils évoluent. Cela ne fait pas forcément partie du cursus traditionnel de l’école publique birmane où les étudiants n’ont pas l’occasion d’aborder ce genre de thématique. Une connaissance de base de la langue anglaise est requise, assez bonne pour pouvoir suivre les cours et qui constitue donc la

sélection à l’entrée de l’école, mais qui ne demande qu’à s’améliorer. Une consolidation de la langue anglaise est ainsi la priorité, avant de passer à l’apprentissage de sujets tels que l’environnement, la politique, la citoyenneté active sans oublier les aptitudes nécessaires pour travailler. S’y intègrent la connaissance et les compétences pour être actif au sein de la communauté comme les droits humains et la maîtrise des lois et des valeurs essentielles à la vie en société. L’écriture de CV et de lettres de motivation est également au programme. En moyenne, une vingtaine d’étudiants suit les enseignements de la Zwekabin Myay chaque année, de janvier à septembre. Un des évènements marquants de l’année scolaire est celui de la cérémonie d’ouverture où chaque étudiant donne un discours en anglais. C’est un moment important où chacun réalise les progrès effectués depuis l’année passée. Cinq personnes travaillent à temps plein pour l’école : trois dans l’administration et deux professeurs, un pour l’informatique et un pour l’anglais. Tous sont étrangers et volontaires. Suivant les matières et les sujets abordés, de un à quatre professeurs sont recrutés.
L’école fonctionne sur la base de donations privées, du moins au début. Actuellement, elle est soutenue par l’organisation Child’s Dream, basée en Thaïlande, qui œuvre depuis 2003 pour améliorer la santé et l’éducation des communautés de manière durable.

Lorsque l’on débute son cursus à l’école Zwekabin, on se prépare pour le futur, pour acquérir plus d’outils pour comprendre le monde et mener à bien ses différents projets. L’école encourage les étudiants, après leur
passage à Zwekabin, à trouver un travail ou un stage dans une ONG. Par ailleurs, certains continuent leur formation à l’université et obtiennent même des bourses pour partir étudier à l’étranger ; à Bangkok pour les derniers étudiants partis. Tout le monde n’a pas le même devenir car pour certains, travailler est une nécessité : la poursuite d’études n’est pas envisageable. Cela étant, les étudiants peuvent aussi compter sur les nombreux partenariats de l’école pour trouver une suite à leur cursus. Un de ces partenariats concerne une école monastique dans laquelle les étudiants peuvent effectuer leurs premières expériences en tant que professeur. A l’issue d’une formation théorique d’une semaine, ils sont plongés dans le monde de l’enseignement durant les deux semaines suivantes. Une expérience précieuse pour les deux parties engagées.
D’autres partenariats sont également organisés par les étudiants, dans un souci d’apprentissage de la gestion de projet, aussi bien du côté organisationnel que du côté humain. Cela va de la construction de toilettes pour une école locale à la rénovation d’un toit pour une autre organisation dans la région. Des projets divers et variés donc, mais qui offrent une vision globale de leur gestion. Ce genre d’expériences pratiques est un vrai plus lors de la recherche d’emploi. Zwekabin Myay est également en contact avec l’organisation Mote Oo, qui aide l’école à développer son curriculum.

Pour le futur, Zwekabin Myay envisage d’étendre ses activités. En effet, de plus en plus d’écoles et de projets éducatifs, du côté de la frontière thaïlandaise, ferment. En outre, la Birmanie étant de plus en plus sûre dans cette région du pays, les réfugiés birmans d’autrefois rentrent chez eux accompagnés de leur famille. Il est donc nécessaire de prévoir plus de structures, plus grandes, pour accueillir ces nouveaux étudiants. Rien n’est encore réellement engagé pour le moment à ce propos mais les discussions sont en cours. Avec une solide formation en anglais, en gestion de projet ainsi qu’en sciences humaines et politiques, voilà les jeunes Birmans de demain prêts à affronter le monde !
Plus d’information sur le site Internet de l’école  et sur Facebook 

David Hardillier lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 9 mai 2018, mis à jour le 9 mai 2018

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