Selon une étude de l’agence de notation économique Fitch, le cours d’échange de la devise birmane contre la devise américaine devrait considérablement baisser d’ici à la fin de l’année 2019. La côte actuelle est d’environ 1520 kyats contre un dollar, et Fitch prévoit un cours de 1600 kyats pour un dollar dans les mois à venir. L’agence estime aussi qu’en 2020 cette parité va évoluer toujours plus en faveur du dollar, avec au mieux un taux entre 1650 et 1700 kyats pour un dollar attendu fin 2020.
D’après Fitch, cette dépréciation s’explique en partie par la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine depuis deux ans, qui entraîne une hausse mondiale du cours du dollar américain car cette monnaie a une valeur refuge au niveau planétaire. Le prix de l’or, qui a la même fonction refuge, atteint d’ailleurs ses sommets en Birmanie ces derniers mois. Dans le même temps, la Banque centrale des Etats-Unis maintient un taux directeur relativement élevé comparée à ses homologues et cela encourage la demande pour la devise américaine et donc la hausse de son cours.
Mais si le dollar monte, le kyat baisse de toute façon, avec une inflation en hausse en Birmanie et une balance importations/exportations défavorables au pays, ce qui suscite une forte demande en devises étrangères - dont bien sûr le dollar - pour acheter les produits à l’étranger. De plus, les fondamentaux économiques de la Birmanie sont faibles et la culture des affaires y est opaque, selon Fitch. Si la libéralisation progressive de l’économie du pays a soutenu sa croissance économique, les dirigeants – tant politiques qu’économiques – persistent dans les demi-mesures, un peu de libéralisation ici et immédiatement un peu de limitation à cette libéralisation. Exemple type de ces atermoiements, l’ouverture de la bourse aux étrangers. En juillet dernier, la Commission de supervision de la bourse de Yangon annonce que désormais les étrangers pourront acheter sur ce marché, et tout de suite après le directeur de la même bourse déclare que si cela se fait, ce ne sera pas avant octobre 2019. Un flou qui décourage évidemment les investisseurs. En 2019 d’ailleurs, les investissements étrangers dans le pays sont en baisse.
Si ce régime de "protectionnisme libéral" bénéficie aux hommes d’affaires les plus riches et influents et aux grandes entreprises qui n’ont du coup pas à se presser outre mesure dans leurs quelques efforts pour se transformer et devenir plus efficientes, il pénalise les petites et moyennes entreprises et les consommateurs, donc la population dans son ensemble. Les dirigeants peuvent répéter à l’envie que "l’économie de la Birmanie va bien", la réalité n’est pas si rose. De mauvais augure pour l’année 2020, année d’élections générales.