Un nouveau magasin a récemment ouvert ses portes à Yangon. Son nom? Myanmar Rasta. Sa particularité? Il est dédié au mouvement rastafari. Rencontre avec les trois fondateurs de ce nouveau magasin, résolument pas comme les autres dans le paysage birman.
La route est longue pour se rendre dans le quartier de North Dagon. Mais la récompense est de taille et les embouteillages sont vites oubliés lorsque les trois bandes de couleur rouge, jaune, verte, accompagnées d’un portrait de Bob Marley se dessinent devant moi. Impossible à manquer, je suis bien à la bonne adresse. La fresque prend la totalité de la façade et des guirlandes lumineuses complètent le tableau. La couleur est donnée et le ton également lorsque je rentre dans le magasin; les notes caractéristiques de la musique reggae se font entendre à grand renforts de décibels. Je suis accueilli par Pyae Phyo, Htet Naing et Naung Naung, la petite trentaine chacun. Ils sont les trois fondateurs de Rasta Myanmar, le premier magasin entièrement dédié à la culture rastafari.
Le magasin à ouvert ses portes il y a tout juste un mois mais les trois amis n’en sont pas à leur coup d’essai: ils avaient déjà fondé une boutique en ligne dès 2015, toujours autour des valeurs du rastafarisme. L’ouverture de Rasta Myanmar n’est que le prolongement normal de l’aventure débutée il y a trois ans. "Le magasin nous donne une meilleure visibilité" me confie l’équipe. Et en effet, que l’on partage ou non les valeurs prônées par la communauté rasta, la curiosité nous pousse à en savoir plus et à aller faire un tour à l’intérieur du magasin. On y trouve des chaussures, des paires de tongues (jusqu’au 46 !), des t-shirts, des pulls, des paires de chaussettes, des bonnets, des accessoires mais également des sacs et des instruments de musique. bref! tout pour s’habiller aux couleurs rasta, les couleurs panafricaines, provenant du drapeau éthiopien. Des couleurs qui ne sont d’ailleurs pas bien loin de celles du drapeau de la Birmanie, composées des mêmes bandes de couleurs mais dans un ordre différent. Et il n’en faut pas moins à nos amoureux de la culture rasta pour m’expliquer que les deux cultures, rastafari et birmane, peuvent très bien coexister et se comprendre l’une l’autre. Les deux cultures, à leurs origines, véhiculent des idées de paix et prônent une vie simple. De même, la méditation est une pratique importante dans les deux cultures, ainsi que celle de la danse et de la musique. Le trio insiste bien sur le fait que les choses ont évoluées avec le temps mais que le socle de base est commun.
Les trois fondateurs de Rasta Myanmar sont tombés amoureux de la culture rasta tout d’abord en écoutant la musique émergente du mouvement. Nous pensons tous à l’incontournable Bob Marley, bien entendu. Puis la découverte du mode de vie simple, naturel, au rythme de la nature et du message de paix délivré par les rastafari. L’idée principale est de faire découvrir la culture rasta aux birmans et de la diffuser le plus largement possible. La communauté est très petite et ne demande qu’à s’agrandir. Ils savent que le mouvement peut prendre une grande ampleur en Birmanie même si pour le moment, l’actualité ne nous rappelle que trop que nous sommes assez loin des idéaux de Jah, Dieu chez les rastafari. Des projets de publication de livres expliquant la culture rastafari ainsi que des cours de musique sont ainsi en gestation au sein de l’équipe.
L’environnement est aussi une préoccupation du Rasta Myanmar. Pour preuve, les bacs de recyclage à l’intérieur du magasin. En ce qui concerne la fabrication des vêtements, la plupart sont fabriqués en Thaïlande même si certains articles sont manufacturés en Birmanie. La production locale, moins couteuse en terme environnemental se mettre en place petit à petit. La localisation du magasin est certes un peu lointaine du centre de Yangon mais l’accueil chaleureux et le dépaysement qu’offre Rasta Myanmar vaut bien le détour. Ca laisse le temps de méditer dans le traffic !
Rasta Myanmar, Rez-de-chaussé du n°4, Singha Apartment, Pinlone Road, 36 Quarter, North Dagon, Yangon.
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