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Maung Pauk Kyaing, la reine et le dragon

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Un dragon naga birman

Maung Pauk Kyaing avait étudié trois années entières à l’université, mais il n’y avait rien appris tant il était fainéant. A la fin de l’année, les autres étudiants payèrent leurs respects à leur professeur et s’en retournèrent chez eux l’esprit plein de connaissance. Maung Pauk Kyaing alla également faire ses adieux à son professeur, mais ce dernier était plein d’amertume. « Tu n’as rien appris jusqu’à maintenant », déclara le professeur, « mais tâche de te souvenir des maximes suivantes, qui sont pleines de sagesse et qui sont mon cadeau d’adieu pour toi :

  • Si tu marches sans t’arrêter, tu atteindras toujours ta destination.
  • Si tu poses de nombreuses questions, tu apprendras toujours ce que tu veux savoir.
  • Si tu ne dors et ne paresse pas, tu préserveras ta vie ! »

Sur ces bonnes paroles, Maung Pauk Kyaing quitta l’université. Au bout d’un moment, il décida qu’avant de rentrer chez lui, il irait visiter la merveilleuse cité de Tagaung. Tagaung se trouvait fort loin et il n’avait pas d’argent pour se payer un cheval ou une charrette. Il voyagea donc à pied et bien que de nombreux jours passèrent et que la cité se trouvait encore fort loin, il ne se découragea jamais. Si bien qu’il parvint finalement à destination. Il se rendit alors compte de la justesse de la maxime que lui avait enseignée son professeur : « Si tu marches sans t’arrêter, tu atteindras toujours ta destination ».

Il finit par trouver un travail à Tagaung, même si celui-ci était mal payé. Il passa son temps de loisir à poser des questions aux habitants sur leur cité. Si bien qu’il finit par apprendre que le royaume était dirigé par une reine et non par un roi. Il voulut savoir pourquoi, et à force de questions on lui apprit que la reine s’était mariée plusieurs fois, mais que chacun des nouveaux rois était mystérieusement mort au lit lors de la nuit de noce. Plus personne n’osait épousait la reine, bien que les ministres aient annoncé que n’importe quel homme qui accepterait d’épouser la reine serait proclamé roi. Maung Pauk Kyaing fut heureux d’avoir pu obtenir cette information et il se rendit compte à quel point le conseil de son professeur était sage : « Si tu poses de nombreuses questions, tu apprendras toujours ce que tu veux savoir ».

Il marcha donc vaillamment en direction du palais et informa les ministres qu’il souhaitait épouser la reine. La cérémonie eut lieu et il fut officiellement proclamé roi de Tagaung. Quand il pénétra dans la chambre nuptiale ce soir-là, il prit avec lui un régime de bananes qu’il dissimula sous le lit. Il se coucha et, prétendant de s’endormir, attendit la reine. Elle entra dans la chambre peu après et s’endormit à côté de lui. Maung Pauk Kyaing se leva alors en silence. Il plaça ensuite furtivement le régime de bananes à sa place, remonta la couverture et fit en sorte que l’on puisse croire qu’il s’agissait de lui en train de dormir. Puis, il alla se cacher discrètement derrière un pilier et attendit. Plusieurs heures avaient passé lorsqu’il aperçut un dragon Naga qui descendait en direction du lit nuptial en s’enroulant autour d’un de ses montants. Le dragon devint furieux lorsqu’il aperçut la forme d’un homme endormi à côté de la reine et il mordit de toutes ses forces dans le régime de bananes, si bien que ses crocs y restèrent coincés. Maung Pauk Kyaing se précipita alors vers le dragon qui était pris au piège et le tua d’un seul coup de son épée. La reine se réveilla et fut prise d’un soudain chagrin en découvrant le cadavre de celui qui avait été secrètement son amant pendant de nombreuses années. C’était le dragon qui avait à chaque fois tué les maris qu’elle ne désirait pas. Maung Pauk Kyaing au contraire, trépignait de joie en découvrant que la maxime que lui avait enseignée son professeur lui avait sauvé la vie : « Si tu ne dors et ne paresse pas, tu préserveras ta vie ».

Le matin suivit, la ville tressaillit de joie en découvrant que le roi était toujours vivant. Mais la reine, elle, était furieuse contre son mari. Elle ordonna aux servantes d’amener le corps de son amant dans sa chambre. Elle convoqua ensuite un chasseur et, lui faisant promettre le secret, lui demanda de dépecer le dragon. Elle paya le chasseur mille pièces d’argent en récompense et le renvoya. Elle convoqua ensuite sa couturière et, lui faisant promettre le secret, lui demanda de coudre des oreillers à partir de la peau de son ancien amant. Elle lui donna cent pièces d’argent en récompense et la renvoya. Enfin, la reine prit elle-même l’un des os du dragon et s’en fit une barrette.

Satisfaite, la reine alla voir Maung Pauk Kyaing, qui présidait le conseil royal et le pria de lui accorder une faveur. Maung Pauk Kyaing, voulant s’attacher l’amitié de la reine, répondit : « Ma Reine, je vous accorde cette faveur, avant même de savoir ce dont il s’agit ». « Mon Roi », déclara alors la reine, « la faveur que je vous demande de m’accorder est de faire un pari avec moi ». Maung Pauk Kyaing accepta. « Mon Roi », continua la reine, « je vais vous soumettre une énigme et je vous laisserai quarante jours pour en trouver la solution. Si, le soir du quarantième jour à compter d’aujourd’hui, vous avez résolu cette énigme, vous aurez le droit de me tuer. Dans le cas où vous ne l’auriez pas résolue, ce sera alors moi qui aurai le droit de vous tuer.

Voici l’énigme :

Pour un millier, il fut déchiré ;

Pour une centaine, il fut cousu ;

L’os du bien-aimé a été façonné en barrette ».

Pauvre Maung Pauk Kyaing ! Il n’avait jamais été un intellectuel et il regrettait maintenant de ne pas avoir mieux profité de ses années passées à l’université. Il demanda à ses ministres, consulta ses conseillers les plus sages, interrogea tout le monde, mais personne ne parvint à lui donner la solution de la devinette. Les jours passèrent et Maung Pauk Kyaing perdit tout espoir.

Dans son désespoir, Maung Pauk Kyaing oublia d’envoyer chercher ses parents dans leur lointain village ou même de les informer qu’il était devenu roi. Toutefois, la rumeur de son accession au trône était parvenue jusqu’à eux et ils avaient alors entrepris le voyage jusqu’à la capitale. Ils arrivèrent aux abords de la cité le quarantième jour du pari. Fatigués par la route, ils se reposèrent sous un arbre et entamèrent le repas qu’ils avaient emmené avec eux. Mais, ils étaient si enthousiastes à l’idée de revoir leur fils qu’ils en perdirent l’appétit, si bien qu’ils jetèrent une partie de leurs restes. Un couple de corbeaux vint et commença à manger la nourriture qu’ils avaient jetée. Soudain, à leur grande surprise, ils se rendirent compte qu’ils pouvaient comprendre ce que les corbeaux se disaient entre eux : « Nous avons eu le droit à un repas royal », s’exclama la femelle, « mais je crains que nous ne puissions pas avoir de pareils repas tous les jours. Cher Mari, que mangerons-nous demain ? ». « Ne t’inquiète pas, ma chère Femme », répondit le mâle, « Maung Pauk Kyaing mourra demain, son corps sera coupé en morceaux et exhibé sur l’échafaud, si bien que nous pourrons nous régaler en lui piquant les yeux. En fait, nous ferons un festin de corps royal ! ». « Mais pourquoi mourra-t-il ? », demanda la femelle. « Parce qu’il ne parvient pas à résoudre l’énigme et que le compte à rebours prend fin ce soir ». « Tu es très sage », continua la femelle, « tu connais toutes les nouvelles. Assurément, tu dois connaître la solution de l’énigme ». « Bien entendu », se vanta le mâle, « la devinette fait référence au corps du dragon. Sa peau a été déchirée pour mille pièce d’argent, puis elle a été cousue en coussins pour cent pièces d’argent et la reine s’est fait elle-même une barrette à partir de l’un de ses os ». « Comment sais-tu qu’il s’agit de la bonne réponse ? », demanda la femelle. « J’ai observé la chambre de la reine tous les jours », expliqua le mâle, « car je pensais avoir la chance de pouvoir manger les yeux du dragon ». Puis, les deux corbeaux s’envolèrent.

Le vieux couple avait écouté les corbeaux en retenant chacun leur souffle. N’y tenant plus, ils se précipitèrent vers le palais en criant : « Nous avons la solution, nous avons la solution ! ». Si bien que les gardes ne se firent pas prier pour leur ouvrir rapidement les portes du palais. Ils saluèrent leur fils en lui criant : « La solution, nous avons la solution ! ». Maung Pauk Kyaing était très heureux de les voir, mais il ne voulut pas croire qu’ils puissent avoir trouvé la réponse de la devinette. Si bien qu’ils lui racontèrent leur rencontre avec les deux corbeaux dans le moindre détail.

Le soir même, Maung Pauk Kyaing tint conseil avec ses ministres, attendant la venue de la reine. Cette dernière entra dans la salle du conseil, radiante et joyeuse, persuadée que Maung Pauk Kyaing ne pouvait avoir trouvé la solution. « Etes-vous prêt à mourir, mon Roi ? », se moqua-t-elle, « ou vos sages ministres sont-ils parvenus à trouver la solution de l’énigme ? ». « J’ai résolu votre devinette », répliqua le roi, qui lui donna alors la réponse. La reine se mit alors à trembler de peur, persuadée qu’elle était que le roi allait la tuer. Mais Maung Pauk Kyaing était magnanime. Il ne la tua pas mais la bannit à tout jamais de la cité. Maung Pauk Kyaing se révéla un roi juste et bon, adoré par tout son peuple.

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Publié le 10 août 2020, mis à jour le 10 août 2020

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