

Ngwe Saung, dans le Golfe du Bengale. A un peu moins de 200 kilomètres de Yangon, la mer, les grandes plages de sable, les beaux hôtels et le calme après le tumulte de la ville. Dans ce petit coin de paradis, il n’y a pas que le tourisme qui soit un gage de succès dans la vie. Sur les plages, non loin du Yacht Club, s’entrainent des enfants sur leurs planches de surf. Ces enfants surfeurs sont le sujet d’un documentaire, intitulé The wave’s calling, réalisé par Léopold Belanger. Je l’ai rencontré pour qu’il me raconte leur histoire.
C’est à l’occasion d’un séjour à Ngwe Saung que Léopold Belanger a rencontré pour la première fois ces enfants surfeurs. Arrivé tout droit du Canada avec un Bachelor of Art (orienté production et réalisation audiovisuelles) depuis trois ans et demi, Léopold n’est pas qu’un amateur de belles images, il aime également le surf et profite donc d’une virée dans le Golfe du Bengale pour voir à quoi les vagues peuvent ressembler.

Phone Kyaw Moe Myint ne propose pas cela par hasard: il sait que la plupart de ces enfants n’ont pas les moyens de s’offrir un avenir sous les meilleures auspices et les invite donc à connaitre autre chose. L’école est obligatoire, impossible de ne se consacrer qu’au surf. Et même si à son contact et à celui de Csiga nos apprentis surfeurs améliorent leur connaissance de l’anglais, il n’est pas question de quitter le milieu scolaire. L’école de la glisse est complémentaire, l’apprentissage des choses de la vie est au cœur de l’enseignement comme le respect, la camaraderie et le dépassement de soi est au cœur de l’enseignement. La solidarité est également une valeur mise en avant lors de la formation; une fois que les plus aguerris sont à l’aise sur leur planche, c’est à leur tour d’expliquer aux plus débutants toutes les subtilités de l’équilibre. L’exercice n’est pas facile mais c’est tout le charme du projet. L’objectif est de faire grandir une passion en eux, de tenter de leur donner une chance supplémentaire dans la vie et de montrer aux parents de ces jeunes enfants que malgré leurs réticences, leur pratique est bénéfique en tout point et constitue une sorte d’échappatoire qui les sort de la monotonie de leur quotidien. A Ngwe Saung, les emplois proposés sont principalement dans les hôtels et sur les plages.
Ils ont entre 11 et 15 ans mais déjà, des talents apparaissent parmi ces enfants surfeurs.

Tous les deux passionnés de surf, ils ont eu envie, pour immortaliser le moment, de construire eux-mêmes une planche de surf en tek. Pierre Mounier est un ébéniste formé au sein des compagnons du Devoir et a suivi une formation de design au sein de l’école Boulle, à Paris. Il a donc mis en œuvre tout son savoir pour dessiner les plans mais également assurer la fabrication de cette planche. Pierre a travaillé en étroite collaboration avec Zaw One, le shaper (celui qui crée la forme des bateaux) du Yacht Club de Yangon, qui a à son actif la création et la construction de nombreux navires. Après d’innombrables heures de travail, de beaucoup de patience et d’une collaboration intense entre les deux hommes, la planche de surf en tek a vu le jour. Pas forcément dans l’idée de la surfer; lorsque l’on sait le poids que peut représenter une planche en tek, ce n’est pas la première idée qu’il vient à l’esprit, mais c’est toute une symbolique qui se retrouve dans cette planche. Une essence de bois locale et précieuse, l’aide du shapeur du Yacht Club, toutes les conditions ont été réunies pour mener à bien la création de cette planche de surf unique.

Maintenant, la planche est terminée et le documentaire est monté. Il est actuellement possible de le regarder sur Canal+ Su Sann, chaîne documentaire du groupe Canal+. Quant à la planche de surf en tek, elle est présente à la base nautique à Ngwe Saung. Si vous avez l’occasion de passer votre prochain weekend sur les plages de Ngwe Saung, je vous invite à aller vous promener aux alentours du Yacht Club, on y rencontre des gens fantastiques !
Crédit photos: Léopold Belanger
