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La Maison des mères, villa des vieilles stars

Les vieilles stars du cinema en BirmanieLes vieilles stars du cinema en Birmanie
D’anciennes gloires du cinéma en Birmanie vivent aujourd'hui dans la Maison des mères
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 26 septembre 2019, mis à jour le 26 septembre 2019

Loin de l’agitation du centre de Yangon, de l’autre côté du fleuve Bago, dans le quartier de Thanlyin, la Maison des mères ou Amay Myar Ein Yar accueille un peu plus d’une vingtaine d’actrices retraitées. Daw Nwe Nwe San a créé cette communauté en 2010. Aujourd’hui âgée de 79 ans, elle a été récompensée à de multiples reprises par le passé, notamment pour son rôle dans Tharaphu (Couronne) en 1994. Son projet fût motivé par un constat : les acteurs vieillissants n’ont plus aucun soutien financier ni d’endroit où vivre. Trouver les ressources pour mettre en place un tel lieu ne fût pas chose aisée. Le plus gros pas fût franchi lorsqu’en 2003 un terrain lui a été offert par une jeune mannequin à laquelle Daw Nwe Nwe San avait donné des cours de danse birmane traditionnelle. Elle mobilise ensuite ses connaissances et parvient à recueillir de l’argent de grands magnats comme U Tay Za ou U Zaw Zaw. Quatre maisons en bois y sont construites généreusement par la Taw Win Construction Company. Lorsque le cyclone Nargis les détruit en 2008, Father Land Construction Company construit une maison à la place, en dur cette fois-ci. A partir de là, la Maison des mères gagne en notoriété : aujourd’hui, 23 anciennes actrices y vivent.

Les résidentes ne sont pas bien sûr pas celles qui ont gagné énormément d’argent durant leur carrière. Elles sont majoritairement des actrices de second rôle qui, si elles profitaient d’une certaine notoriété, ne touchaient pas de cachet suffisant pour mettre de l’argent de côté et subvenir aux besoins de leur vieillesse. Avant de rejoindre la maison de Daw Nwe Nwe San, certaines vivaient avec des membres de leur famille ou dans des maisons de retraite. Presque toutes sont veuves. Mais leurs enfants ne disposaient pas de suffisamment de temps pour s’occuper d’elles et la vie dans les résidences pour personnes âgées ne leur convenait pas – trop stricte. Mothers’ Villa leur offre en même temps de la compagnie et la possibilité d’organiser leur journée comme elles le veulent. Certaines d’entre elles retournent passer un ou deux jours par semaine avec leur famille ou se rendent chez un médecin personnel mais la communauté de Daw Nwe Nwe San reste leur refuge. Certaines continuent même à participer à des tournages ou à animer des événements.

Leurs parcours et leurs âges sont similaires, elles ont donc énormément de points communs et se sentent plus libres d’être elles-mêmes. Elles trouvent ici des amies qui les accompagnent dans la dernière partie de leur vie. De plus en plus d’actrices décédaient en effet dans une pauvreté et un désintérêt contrastant avec la popularité connue dans leur jeunesse.

Que font-elles de leurs journées ? Elles s’occupent du jardin, dans lequel elles font pousser des fruits et des légumes qu’elles cuisinent ensuite. Mais surtout, elles ont créé la troupe de Danse du Groupe des Mères (Mothers’ Group Dancing Troupe) : chaque année en avril, durant Thingyan, elles voyagent à travers le pays pour présenter leur spectacle. Le préparer leur prend deux mois, deux mois de grand plaisir pour elles, qu’elles attendent chaque année avec impatience.

La Maison des mères est pour Daw Nwe Nwe San une grande fierté. Elle l’agrandit régulièrement selon les dons qu’elle reçoit, offrant des places supplémentaires pour de nouvelles résidentes. Les moments moins heureux font aussi partie de la vie de la communauté : il arrive que certaines, malades, doivent partir pour un établissement spécialisé afin de recevoir les soins adéquats ; et plus d’une dizaine de résidentes ont déjà prononcé leur ultime réplique. Acta est fabula.

photo moi
Publié le 26 septembre 2019, mis à jour le 26 septembre 2019

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