Il a 39 ans, est Aixois d’origine et installé en Birmanie depuis 2013. Christophe Bonzi a lancé le restaurant l’Ô'thentic, en plein cœur de Yaw Min Gyi.
Après un baccalauréat comptabilité à Aix-en-Provence, Christophe se lance dans un BTS comptabilité. Il abandonne au bout d’un mois, peu motivé par les études. "J’ai travaillé comme serveur l’été à Aix depuis mes 16 ans et ça me plaisait." Il monte donc à Paris et travaille dans des restaurants comme l’Hôtel Costes avant de décider de partir au Royaume-Uni dans l’idée d’apprendre l’anglais. Il commence à Londres : une expérience qui ne lui plaît pas particulièrement. Il passe principalement son temps à ramasser des verres dans des bars, sans parler anglais. Au bout de six mois, il part à Brighton et y vit une expérience totalement différente, qui lui laisse finalement un bon souvenir de son année en Angleterre. A son retour en France, il hésite sur le chemin à prendre par la suite. Il se relance finalement dans les études : DUT de gestion, licence de gestion administrative et financière puis Master de contrôle, audit et conseil, qu’il décroche en 2008. "Le fait d’avoir été dans la vie active, ça m’a aidé à voir l’importance des diplômes pour avoir d’autres opportunités." Pendant son master, son frère, cuisinier habitant à Cassis, a l’opportunité de reprendre un restaurant dont le gérant s’en allait, les Gorguettes. Christophe se lance donc dans l’aventure avec lui. Mais le restaurant dépend d’un club de tennis dont les membres ont leurs habitudes, ils ne sont donc pas très libres, ne peuvent pas faire beaucoup de propositions d’évolution. Il reste cinq ans avant de chercher de nouvelles opportunités. Il veut amortir son Master et partir dans la gestion. Il reçoit une proposition de contrôleur de gestion dans une entreprise de multimédia à Aix qui lui semble donc idéale. Dans le même temps, il a cependant une offre de directeur de restaurant à Singapour. "Pendant 2 semaines, je me levais en voulant partir à Singapour et me couchait en décidant de rester à Aix." Finalement, il décide de suivre son rêve de partir en Asie et part à Singapour.
Au bout d’un an, en 2013, il décide de quitter ce pays qu’il trouve trop petit et trop différent du reste de l’Asie. "A cette époque, on commençait à parler de la Birmanie, du pays qui s’ouvre." Il s’y rend en voyage et rencontre la propriétaire du groupe Sanda qui l’invite dans son hôtel à Inle. "Je ne tombe pas vraiment amoureux de la Birmanie. Le pays est beau mais c’est la richesse des gens qui donne envie de rester." En janvier 2013, il commence donc à travailler au lac Inle puis, en mai, il descend à Yangon. Il participe à l’installation d’un système informatique au Loft, puis à la restructuration de la finance du groupe et à l’ouverture du restaurant Alex. Il y reste le temps de son contrat de deux ans. Christophe rentre ensuite trois mois en France, pour se reposer. "Ma région, mes amis, ma famille, ça me manquait." Lorsqu’il se remet à la recherche d’un travail, il a énormément de retours positifs : "l’expérience en Asie, ça a vraiment changé les choses." Finalement, il hésite entre un poste de directeur général de Chococity à Yangon et un poste de directeur de restaurant à Shenzhen. "J’avais un peu peur de la Chine, j’avais reçu des avis très positifs et des avis très négatifs. Donc j’ai accepté le poste à Chococity." Il s’agit d’une entreprise qui produit des chocolats qui sont ensuite revendus dans des hôtels et restaurants. C’est pour lui une nouvelle expérience, il n’avait jamais été directeur général d’une entreprise et ne connaissait pas le domaine. De plus, il s’agit là de travailler avec d’autres compagnies et non avec des clients. Il y reste un an et demi avant de chercher à ouvrir son propre restaurant. Il avait déjà cherché à Singapour mais c’était trop cher, il y avait trop de compétition. "Si je dois ouvrir un restaurant, c’est ici, à Yangon." Le plus compliqué fût de trouver les locaux. Il en visite un certain nombre avant de s’intéresser à un emplacement dans Yaw Min Gyi, inoccupé depuis qu’il est à Yangon : un local fermé par des portes rouillées, entouré de vendeurs de nourriture de rue, qu’il trouve plutôt sale. En le visitant, il découvre des baies vitrées et se rend compte du potentiel de l’endroit. En octobre 2016, il s’associe avec Myat Su, sa partenaire locale, pour créer le restaurant et ils commencent donc les travaux, qui durent trois mois. Tout en continuant à travailler à Chococity, il s’occupe du design de son restaurant, mesure la taille que doit avoir chacun des meubles : rien n’est pré-disponible, il faut tout faire en sur mesure.
Le 26 janvier 2016, L’Ô'thentic est inauguré. Une amie lui présente un collègue en France et il l’embauche comme directeur général. "Au bout de trois semaines, il me dit que Yangon ne lui plaît pas. L’amie qui me l’a présentée et qui se sent fautive vient m’aider à la place." D’autres partenaires suivent. Christophe veut à présent se développer : il a mis en place Ô’pizzaïolo qui propose des livraisons de pizza à domicile et Ô’délice qui offre des services de traiteur. Il a arrêté Chococity en février 2018 pour pouvoir s’y consacrer entièrement. Après quelques semaines de vacances en France, il cherche à se lancer dans un nouveau projet. Il en a plein la tête. Un nouvel établissement devrait ainsi ouvrir d’ici la fin de l’année…
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 30 septembre 2018
Publié le 30 septembre 2018, mis à jour le 30 septembre 2018
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