Entre
crêpages de chignon et batailles rangées entre éditeurs, la saison
littéraire 2006 a été aussi éclatante dans ses sélections que dans ses
discussions. Car, même en pleine tempête, les jurys sont capables de
trouver des perles !
Avec Lignes de faille, Nancy Huston remporte le Fémina et le Roman France Télévisions 2006
L'automne littéraire s'achève avec son lot de primés, de déçus et de fâchés. Et, cette saison 2006 s'est illustrée tant par ses livres primés que par ses esclandres au café. L'éclat des débats au Femina a résonné jusque dans les médias? Madeleine Chapsal a été priée d'abandonner son rond de serviette. Son Journal d'hier et d'aujourd'hui lui a, en effet, valu une exclusion officielle et définitive du jury du Femina. Suivie par Régine Deforges, elle est allée déjeuner en face. Les deux rousses en exil ont été recueillies par leur éditeur, Claude Durand, patron de Fayard qui semble, cette année, avoir planifié une bataille rangée contre les prix littéraires.
Une autre bombe Fayard avait, en effet, été posée avec la publication du Journal de Jacques Brenner, écrivain et éditeur, qui dans son tome V dénonce La cuisine des prix. Certains diagnostiquent là une aigre amertume née du rejet en 2005 du Houellebecq par les prix Femina et Goncourt.
Sélection fine en terrain miné
Mais, même en eaux troubles, le Femina est parvenu à primer un grand et très beau livre : Ligne de faille de Nancy Huston est un merveilleux puzzle envoûtant. En une multitude de petits chapitres, un secret de famille se dessine, de génération en génération, à travers des yeux d'enfants. Mais, les autres prix ne sont pas en reste avec, notamment, le choix impressionnant des prix Goncourt et de l'Académie Française : Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Les 900 pages de confessions d'un officier SS sont déjà annoncées comme un classique.
Quant au prix Interallié, c'est àun autre phénomène historique qu'il a fait honneur en primant le très documenté Marilyn, dernières séances de Michel Schneider.
Pour ceux qui voudraient s'évader, oublier les histoires de famille et l'Histoire tout court, le Prix Renaudot a sélectionné Mémoires de porc-épic de Alain Mabanckou. C'est un brillant hommage aux fables africaines et une réflexion sur l'homme et l'animal : qui des deux est le plus bête ? Avec la virgule comme unique ponctuation, l'écriture d'Alain Mabanckou est une virtuosité. Question de style, le prix Médicis apprécie aussi et a récompensé la simplicité avec laquelle Sorj Chalandon raconte l'amitié et la difficile résignation face à la mort dans Une promesse.
Enfin, des écritures plus intimes ont aussi été remarquées. Le très beau livre de Pierre Guyomat a reçu le prix Décembre : Coma est un récit autobiographique où l'on voit comment l'écriture est à la fois coupure du monde et seul lien de réconciliation avec lui. L'écriture est aussi un des personnages du livre primé par le jury du Flore, Rendez-vous de Christine Angot. La Française raconte ses difficultés à composer un ménage à trois, entre l'acteur fuyant dont elle est tombée amoureuse et la passion qu'elle nourrit pour l'art.
Un dernier petit mot sur le prix Nobel de littérature, attribué à Orhan Pamuk. Une belle histoire que la vie de cet écrivain turc pour qui la reconnaissance fut longue et difficile mais le succès, finalement, éclatant !
2006 a donc été une saison littéraire des plus enrichissantes où on peut être le témoin d'un monde impitoyable, mais qui laisse parfois aussi, la place à de belles histoires.
Louise David (www.lepetitjournal.com) 5 décembre 2006
Le palmarès 2006
- Femina &France télévisions : Ligne de faille de Nancy Huston, Acte Sud, 490p, 21?.
- Goncourt & Académie française : Les Bienveillantes de Jonathan Littell, Gallimard, 903p, 23,75?. Lire notre critique
- Interallié : Marilyn, dernières séances de Michel Schneider, Grasset, 530p, 20?.
- Médicis : Une promesse de Sorj Chalandon, Seuil, 228p,
- Renaudot : Mémoires de porc-épic de Alain Mabanckou, Seuil, 228p, 16,50?.
- Flore : Rendez-vous de Christine Angot, Flammarion, 379p, 19?.
- Décembre : Coma de Pierre Guyotat, Mercure de France, 228p, 17?.
- Goncourt des lycéens : Contours du jour qui vient, Léonora Miano, Plon, 275p, 18? Lire notre critique
- Nobel de littérature : Orhan Pamuk
Avec Lignes de faille, Nancy Huston remporte le Fémina et le Roman France Télévisions 2006
L'automne littéraire s'achève avec son lot de primés, de déçus et de fâchés. Et, cette saison 2006 s'est illustrée tant par ses livres primés que par ses esclandres au café. L'éclat des débats au Femina a résonné jusque dans les médias? Madeleine Chapsal a été priée d'abandonner son rond de serviette. Son Journal d'hier et d'aujourd'hui lui a, en effet, valu une exclusion officielle et définitive du jury du Femina. Suivie par Régine Deforges, elle est allée déjeuner en face. Les deux rousses en exil ont été recueillies par leur éditeur, Claude Durand, patron de Fayard qui semble, cette année, avoir planifié une bataille rangée contre les prix littéraires.
Une autre bombe Fayard avait, en effet, été posée avec la publication du Journal de Jacques Brenner, écrivain et éditeur, qui dans son tome V dénonce La cuisine des prix. Certains diagnostiquent là une aigre amertume née du rejet en 2005 du Houellebecq par les prix Femina et Goncourt.
Sélection fine en terrain miné
Mais, même en eaux troubles, le Femina est parvenu à primer un grand et très beau livre : Ligne de faille de Nancy Huston est un merveilleux puzzle envoûtant. En une multitude de petits chapitres, un secret de famille se dessine, de génération en génération, à travers des yeux d'enfants. Mais, les autres prix ne sont pas en reste avec, notamment, le choix impressionnant des prix Goncourt et de l'Académie Française : Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Les 900 pages de confessions d'un officier SS sont déjà annoncées comme un classique.
Quant au prix Interallié, c'est àun autre phénomène historique qu'il a fait honneur en primant le très documenté Marilyn, dernières séances de Michel Schneider.
Pour ceux qui voudraient s'évader, oublier les histoires de famille et l'Histoire tout court, le Prix Renaudot a sélectionné Mémoires de porc-épic de Alain Mabanckou. C'est un brillant hommage aux fables africaines et une réflexion sur l'homme et l'animal : qui des deux est le plus bête ? Avec la virgule comme unique ponctuation, l'écriture d'Alain Mabanckou est une virtuosité. Question de style, le prix Médicis apprécie aussi et a récompensé la simplicité avec laquelle Sorj Chalandon raconte l'amitié et la difficile résignation face à la mort dans Une promesse.
Enfin, des écritures plus intimes ont aussi été remarquées. Le très beau livre de Pierre Guyomat a reçu le prix Décembre : Coma est un récit autobiographique où l'on voit comment l'écriture est à la fois coupure du monde et seul lien de réconciliation avec lui. L'écriture est aussi un des personnages du livre primé par le jury du Flore, Rendez-vous de Christine Angot. La Française raconte ses difficultés à composer un ménage à trois, entre l'acteur fuyant dont elle est tombée amoureuse et la passion qu'elle nourrit pour l'art.
Un dernier petit mot sur le prix Nobel de littérature, attribué à Orhan Pamuk. Une belle histoire que la vie de cet écrivain turc pour qui la reconnaissance fut longue et difficile mais le succès, finalement, éclatant !
2006 a donc été une saison littéraire des plus enrichissantes où on peut être le témoin d'un monde impitoyable, mais qui laisse parfois aussi, la place à de belles histoires.
Louise David (www.lepetitjournal.com) 5 décembre 2006
Le palmarès 2006
- Femina &France télévisions : Ligne de faille de Nancy Huston, Acte Sud, 490p, 21?.
- Goncourt & Académie française : Les Bienveillantes de Jonathan Littell, Gallimard, 903p, 23,75?. Lire notre critique
- Interallié : Marilyn, dernières séances de Michel Schneider, Grasset, 530p, 20?.
- Médicis : Une promesse de Sorj Chalandon, Seuil, 228p,
- Renaudot : Mémoires de porc-épic de Alain Mabanckou, Seuil, 228p, 16,50?.
- Flore : Rendez-vous de Christine Angot, Flammarion, 379p, 19?.
- Décembre : Coma de Pierre Guyotat, Mercure de France, 228p, 17?.
- Goncourt des lycéens : Contours du jour qui vient, Léonora Miano, Plon, 275p, 18? Lire notre critique
- Nobel de littérature : Orhan Pamuk
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