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Daniel RONDEAU : « Une partie de mon cœur est au Liban »

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Écrit par Hélène Boyé
Publié le 21 novembre 2017, mis à jour le 22 novembre 2017

A l’occasion du Salon du livre francophone de Beyrouth, l’écrivain et ancien diplomate français a présenté son dernier ouvrage « Mécanique du chaos », récompensé du Grand Prix du roman 2017 de l’Académie française.

 

Qu’avez-vous voulu démontrer à travers votre livre ? Quel message voulez-vous faire passer ?

Ce qui me passionne, c’est la France. Je suis un patriote français. Il y a 13 ans, je publiais « Dans la marche du temps », un livre sur la France et les épreuves qu’elle a traversées à travers l’histoire d’un père et de son fils. Avec « Mécanique du chaos », je poursuis ce travail romanesque sur la France d’aujourd’hui.

En 13 ans, la France a changé de façon incroyable. Nous avons plus changé en 13 ans qu’en 13 000 ans. L’Histoire s’est accélérée de façon incroyable, notamment à travers des révolutions technologiques qui ont modifié nos vies. Nos sociétés ont changé. « Nous sommes dans des sociétés liquides », dit Umberto Eco. Dans ces sociétés liquides, les gens flottent, ne savent plus très bien qui ils sont, où ils habitent, où ils vont ou d’où ils viennent.  Dans ces sociétés déconstruites, des déconstructions politiques, historiques, spirituelles et littéraires se sont opérées.

Dans « Mécaniques du chaos », j’ai voulu raconter la vie de personnages d’aujourd’hui. Ecrire sur la condition humaine en 2017 est mon obsession.

 

Pourquoi  avoir choisi le roman, et pas l’essai ou le documentaire journalistique ?

J’aborde des sujets délicats, comme la situation dans nos banlieues ou l’islamisme. Le roman permet d’entrer dans la complexité des choses. J’ai essayé de créer des personnages complexes, parfois contradictoires.

 

Le titre du livre donne le ton…

Je pense que l’on vit dans une situation de chaos total. Tous mes personnages sont des gens qui errent dans leur propre vie. Nous sommes tous des errants. La vie est plus compliquée que ce qu’on pouvait penser quand on était jeunes. Mais je ne suis pas négatif. J’ai voulu mettre beaucoup d’énergie et d’espérance dans mon livre.  Je crois que beaucoup de gens ont perdu le secret de la vie ; ils ne savent plus pourquoi ils vivent. Certains de mes personnages retrouvent cette espérance ou tentent de se raccrocher.

 Écrire sur la condition humaine en 2017 est mon obsession.

« Mécanique du chaos » est-il un livre nostalgique ?

Je ne suis pas nostalgique. Nous vivons une transformation complète de notre société, et peut-être de notre civilisation. C’est pour cela que l’un de mes personnages est archéologue. L’archéologue est là à la fois pour apporter son regard sur l’Histoire avec ses cycles et ses révolutions, et pour nous dire que les civilisations sont mortelles si on n’y fait pas attention. C’est cela mon message aussi. Il faut faire attention à nous, à notre société. C’est vrai qu’il y a une sorte de nostalgie qui est une nostalgie de civilisation chrétienne que je fais exister par petites touches sans insister.

 

Vous connaissez bien le Liban et notamment Michel Aoun. Quel portrait brosseriez-vous de lui en tant que président ?

Je l’ai vu à mon arrivée à Beyrouth (pour le Salon du Livre) à Baabda, dont j’ai connu la route y menant détruite par les obus. J’ai souvent le sentiment d’avoir le cœur divisé. Je suis un Champenois des mines, des brumes et des brouillards et, en même temps, une partie de mon cœur est au Liban. J’ai le sentiment que le pari du général Aoun, c’est l’unité nationale, celui de réussir à faire vivre ces communautés ensemble et sous un même drapeau, celui du Liban. Le fait que le Liban soit stable malgré le chaos est miraculeux. J’étais assez touché de voir son calme et sa détermination dans la recherche de l’unité.

 

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