Destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise qui a débuté en 1975, l’accord de Taëf, signé le 22 octobre 1989, érige les assises d’une réconciliation nationale. 30 ans après, il reste l’objet d’un vif débat.
L’accord de Taëf s’établit dans le contexte de la guerre civile libanaise. 15 ans après le début des hostilités entre les milices chrétiennes et musulmanes pro-palestiniens, le Liban ressort plus fragmenté que jamais. Le conflit s’est très vite élargi après l’intervention de l’armée syrienne en 1976 et l’invasion par l’armée israélienne du Liban-Sud en 1978.
En 1982, l’assassinat du président Bachir Gemayel, le fondateur des Forces libanaises tué quelques jours après son élection à la tête du pays, et le massacre des campas palestiniens de Sabra et Chatila plonge le Liban dans un enfer de sept ans.
Plusieurs accords multipartites ont été signés à partir du milieu des années 1980 entre différents acteurs libanais de la guerre, mais jamais aucun d’entre eux n’a réussi à être imposé durablement.
Soucieuse de rétablir l’ordre au Liban, la Ligue des Etats arabes nomme en mai 1989 un comité de médiation formé par trois de ses pays membres, l’Arabie saoudite, le Maroc et l’Algérie, chargé d’engager des discussions avec l’ensemble des acteurs libanais et la Syrie en vue d’un règlement politique du conflit. Après plusieurs mois de négociations, les médiateurs rédigent un projet de « document d'entente nationale » sur la base duquel les députés libanais, élus en 1972, date des dernières élections législatives, devront se mettre d’accord. 62 des 72 députés encore en vie se rendent le 29 septembre 1989 à Taëf, une oasis montagneuse située à l’est de la Mecque, en Arabie saoudite. Un accord définitif est trouvé le 22 octobre après un mois de tractations.
Un plan en quatre points y est accepté. Il rappelle l’indépendance du Liban, sa souveraineté, son caractère démocratique ainsi que sa structure de gouvernement tripartite, partagée entre un président de la République chrétien, un président du Conseil sunnite ainsi qu’un président de la chambre des députés de confession chiite.
L’accord prévoit en outre une représentation égale des communautés musulmanes et chrétiennes au sein de la chambre des députés. Les pouvoirs du président de la République maronite sont, quant à eux, réduits en faveur du président du Conseil. Sur la question du rôle de la Syrie au Liban, l’accord de Taëf reste opaque mais permet d’envisager la reconstruction nationale sous la domination militaire largement contestée de la Syrie.
Hier et aujourd’hui l’accord de Taëf n’a jamais été exempt de critiques. Michel Aoun, qui conduit le gouvernement intérimaire, s’oppose à l’accord conclu et en appelle à la libération nationale contre l’occupation syrienne, en 1989. Un an plus tard, l’armée syrienne déloge par la force le général Aoun du palais de Baabda qui s’exile en France en 1991. En réalité, l’accord de Taëf consacre la présence militaire et la tutelle politique de la Syrie au Liban qui va durer jusqu’en 2005. Par ailleurs, elle n’a tranché aucun des contentieux internes, toujours à l’ordre du jour aujourd’hui.