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LA GUERRE DU LIBAN AU JOUR LE JOUR – « Un peuple sans histoire n’a pas d’identité », selon Georges Boustany

LA GUERRE DU LIBAN AU JOUR LE JOURLA GUERRE DU LIBAN AU JOUR LE JOUR
Page Facebook "La guerre du Liban au jour le jour"
Écrit par Sarah Delbos
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 22 mars 2019

Entretien avec le créateur de la page Facebook « La Guerre du Liban au jour le jour ».

 

 LPJ Beyrouth : Qui êtes-vous, Georges Boustany ?

Georges Boustany
Georges Boustany

Georges Boustany : Je suis né en 1968. J'avais sept ans au début de la guerre. Habitant à quelques mètres de la ligne de démarcation à Beyrouth, ma famille a dû se réfugier en France à plusieurs reprises avant que je m'installe à Paris en 1984. Diplômé en communication et journalisme, j'ai rejoint le groupe Eurotunnel puis Unilever, avant de rentrer au Liban au moment de la reconstruction. Ma famille possédant des terrains en bord de mer à Jiyeh, au Liban-sud, je me suis lancé à mon compte en 2005 en créant la plage "Lazy B?. 

 

Comment vous est venue l'idée de créer cette page Facebook ?

Durant les années de guerre, j'ai eu très tôt le sentiment de vivre quelque chose d'exceptionnel et j'ai compris qu'il fallait en garder des traces pour les générations suivantes. Inspiré à l'époque par ma tante qui découpait des articles de presse, je me suis mis à faire la même chose. J'ai poursuivi ce travail durant la guerre, tout en écrivant mon journal intime, pour compléter le témoignage.

Au début des années 2000, une étincelle est venue ranimer mon intérêt pour l'histoire du Liban : l'ouvrage de Samir Kassir, " Histoire de Beyrout ", grâce auquel j'ai réalisé que nous avions un passé. Dans les écoles au Liban, l'enseignement de l'histoire du Liban s'arrêtait à l'indépendance, avec des généralités et beaucoup d'omissions. J'ai commencé à faire des recherches plus approfondies et il ne m'a pas fallu longtemps pour réaliser qu'il existe une volonté tenace de la part des autorités, de gommer systématiquement les événements douloureux de notre histoire.

Or, un peuple sans histoire n'a pas d'identité, et c'est bien le mal dont nous souffrons, écartelés entre les différentes communautés dirigées par des chefs qui n'hésitent pas à nous monter les uns contre les autres.

A l'approche du 40ème anniversaire de la Guerre du Liban, en avril 2015, je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose. Grâce à mon amie Josyane Boulos, je me suis donc rapproché de L'Orient-Le Jour, qui n'a pratiquement jamais cessé de paraître. C'est avec enthousiasme qu'ils ont soutenu le lancement de la page Facebook. Aux termes de notre accord, L'OLJ met à ma disposition ses archives numérisées à condition que je mentionne la source et qu'un filigrane comporte leur logo.

 

Quel est le concept de votre page Facebook ?

Avec mon ami Kheireddine el-Ahdab, nous nous sommes partagé le travail : à moi les coupures de la presse écrite, à lui les extraits vidéo qu'il recherche dans les archives des grandes agences de presse. Le concept est le suivant : recréer chaque jour le journal d'il y a 40 ans, de sorte à immerger le lecteur dans la mentalité de l'époque. Le recul de 40 ans dont nous disposons permet surtout d'identifier, avec le maximum d'objectivité possible, ce qui n'est pas facile,  les ?erreurs? que les uns et les autres ont pu commettre et qui ont mené à la catastrophe que l'on sait. Qui dit identification des erreurs dit aussi enseignement pour ne pas les reproduire, et c'est le but ultime de notre page, qui veut non seulement lutter contre l'oubli, mais surtout pointer du doigt les responsabilités des uns et des autres et les moyens pour sortir de notre ?névrose nationale?.

Nous ne pouvions pas nous contenter de reproduire les archives sans un minimum d'explications : chaque jour paraît un petit résumé de la situation écrit de telle sorte à remettre le lecteur dans l'ambiance, même s'il n'a pas suivi les ?épisodes" des jours précédents. Ce résumé est écrit de telle sorte à éveiller la curiosité, tout en évitant autant que possible le jugement lapidaire.

Le plus intéressant, ce sont les témoignages exprimés par les lecteurs eux-mêmes, qui donnent à cette page un côté interactif formidable. Ce n'est pas pour rien qu'en deux ans et sans aucune publicité, elle rassemble plus de 27500 lecteurs, un nombre en constante augmentation.

 

Pourquoi avez-vous choisi le français et non pas l'arabe ou l'anglais ?

Deux raisons ont dicté ce choix, malheureusement réducteur et j'en suis bien conscient : je suis moi-même francophone et les archives dont je dispose sont ceux d'un quotidien francophone. Nous avons fait une tentative de traduction de nos textes quotidiens en arabe, mais ne maitrisant pas la subtilité des termes, nous avons rapidement dû renoncer à cette langue.

Avant de terminer, je voudrais préciser que la page est ouverte à toutes les bonnes volontés. Si quelqu'un possède d'autres types de documents, d'archives ou de photos, il peut me contacter et devenir lui-même contributeur de la page.

 

 

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