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Henri Cames, un rêveur éveillé

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Écrit par Loanne Jeunet
Publié le 3 septembre 2018, mis à jour le 4 septembre 2018

Henri Cames, originaire des Pyrénées et retraité expatrié à Berlin se livre tout entier à travers la poésie. Entretien avec ce poète délicat, en pleine préparation de son  troisième ouvrage.

Ses premiers recueils, Les ombres de nos âmes et Palette de sentiments, parus en 2017 et 2018 aux Editions Amalthée, abordent tour à tour l’enfance et le temps qui passe, l´éternel féminin et le rêve. Parfois aussi la misère, la guerre. Toujours avec une infinie sensibilité. De ses mots, on retiendra également une certaine nostalgie.

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Lepetitjournal.com : Présentez-vous en quelques mots.

Henri Cames : Une enfance dans les Hautes-Pyrénées et ensuite des études de lettres et de civilisation allemande à Toulouse. 40 années à l’étranger : Francfort, Vienne, Bruxelles et Berlin où j’habite depuis 12 ans. J´ai arrêté mes activités de tourisme à l´Ambassade de France à Berlin, avec la ferme intention d´y rester vivre.

Sur une courte biographie qui vous est consacrée, on apprend que vous aimez la lecture depuis le plus jeune âge. Etait-ce naturel ou votre famille vous a transmis cette passion ?

J’étais dans un milieu où on aimait l´écriture. Et j´en ai conservé une photo à 5 ou 6 ans, assis sur les genoux de mon arrière-grand-mère, âgée de 90 printemps me récitant les Fables de La Fontaine. A la campagne, outre rêveries au coin du feu et promenades avec le chien, la lecture. Et la lecture.

Vous lisez depuis petit, mais avez publié votre premier recueil l’année dernière. Quel a été le déclic pour l’écriture ?

Me levant à 6 heures un matin, je me suis mis à écrire deux, trois poèmes. Aucune idée pourquoi. Trois ans après j´ai adressé ce que j'avais écrit à un journaliste-écrivain à Berlin lequel, avant de lire les poèmes en attache, m´a répondu : « La poésie c’est bien contre la dépression. Ce devrait être remboursé par la Sécurité Sociale » (Rires). Le lendemain,  second courriel : « Henri, continuez et publiez un jour ».

L’enfance, la terre, la religion, les odeurs… Pourquoi ces thèmes dans vos écrits ?

Le thème premier est très souvent l’enfance. Une arrière-grand-mère, une amie d´enfance, une femme : l´éternel féminin. Et une famille ayant passé plus de 500 ans en Occitanie! La misère, un thème qui me poursuit : mes rencontres avec des SDF ici à Berlin, lors de promenades le long du fleuve. La religion ? Né à Tarbes, d´un père lourdais.

Etes-vous intéressé par un autre type de littérature ?

Je m´étais lancé passagèrement dans la prose: 60 pages, dans le tiroir. Mais je pense que, comme vous dites si bien, je devrais bifurquer vers un mélange prose/poésie. En attendant, court l´écriture du troisième recueil de poésie.

Un modèle pour vous, une muse ?

Ma femme : 40 ans de vie commune. En tant que musicienne et peintre, elle m´apporte beaucoup. En dehors des classiques qui nous inspirent, j´aime un style de poésie : celui de Vénus Khoury-Ghata. Et de l´autre côté du Rhin : une affection particulière pour Rainer Maria Rilke et les poétesses allemandes de l´exil.

Pourquoi Berlin aujourd’hui ? Est-ce une ville qui vous inspire ?

Germaniste de formation, marié à une Allemande maîtrisant parfaitement notre langue furent des raisons suffisantes pour rester. Et puis Berlin, une ville couverte à 30% de lacs et de forêts : pour un Pyrénéen c’est une aubaine. (Rires). Et mes recueils y ont trouvé un accueil favorable. A titre d´exemple, ARTE Magazine a repris un de mes poèmes, dans son dépliant France édité pour la Foire du Livre de Francfort 2017.

Combien de temps avez vous mis pour écrire vos recueils de poèmes ?

Avant qu´un recueil ne se retrouve en vitrine du libraire, il  faut bien compter douze mois : structurer le recueil, les chapitres, supprimer un poème ou en glisser un autre. Ajoutez-y de longs mois de travail, les allers - retours avec votre maison d'édition et la personne chargée du lectorat.

Avez vous d’autres projets d’écriture ?

Un troisième recueil de poèmes est en cours, sur le thème des odeurs à travers les situations banales de la vie quotidienne : la terrasse de mes cafés préférés m´inspire. Il me semble que les 50 premiers poèmes sur ce thème seraient "imprimables". Et j´ai toute l´éternité devant moi. (Rires)

 

Les ombres de nos âmes (2017),  14€ chez Fnac 

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Une palette de sentiments (2018), 13€ chez Fnac

Aux éditions Amalthée

Extraits :

 A la périphérie des blés, poème en trois actes

Le père avait amené ses trois enfants, un jour plus tôt.

Les soustraire à la ville blafarde où ne pousse plus aucune couleur d´arbre…

 

Chacun des petits marchait bon train, pavé en poche :

Leur faire croire là-bas

Que des montagnes fières protègent la cour des écoles où tournent, dans les têtes, des poèmes

Transmis oralement, de génération en génération.

Car les livres, blessés de n´être plus touchés, avaient depuis longtemps

Pris la clé des champs ! (...)                                                                                                                            

Métro

Dans un métro d´été,

Toutes fenêtres fermées

Des hommes d´affaires, smartphone en perfusion au creux de la main

Que plus personne ne serre,

Ont perdu la fonction : appuyez sur votre regard

Et entrouvrez un sourire.

Dites, quelque chose de simple

Que vous sauriez encore exprimer

Aux  lèvres splendides

D´une femme Assise.

 

Toute reproduction interdite © Henri Cames 

loanne jeunet
Publié le 3 septembre 2018, mis à jour le 4 septembre 2018

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