Inspirée par une histoire familiale hors du commun, la boutique créée par les sœurs Picardo vous invite à découvrir des vêtements mais aussi des tableaux à l’occasion de son premier anniversaire.
La figure de leur grand-mère entrepreneuse a inspiré les sœurs Picardo
L’histoire de la Case Paulette prend ses racines quelques années auparavant dans le décor de la Réunion. Paulette Picardo, qui a grandi sur l’île, prend une décision qui sera lourde de sens pour elle, mais aussi pour sa descendance. Sans diplôme, elle décide de reprendre l’entreprise d’électricité de son mari dans le seul but de nourrir sa famille. À force d’acharnement pour comprendre un univers qui n’était pas le sien et de volonté pour s’imposer dans une société dominée par le patriarcat, Paulette Picardo ouvre une brèche dans le système. Elle incarne l’entreprise et parvient à la relever si bien qu’elle reçoit des prix d’entrepreneuriat pour son travail.
Son parcours inspire. Elle est parvenue à se faire respecter et à être écoutée lorsque toutes les cartes semblaient en sa défaveur. Après ce qui peut être considéré comme un exploit, Paulette Picardo pense à ses enfants, car son combat était motivé par l’envie de transmettre. Aujourd’hui, deux de ses quatre fils travaillent dans l’entreprise. Si elle n’y travaille plus, sa vision compte encore et les lieux, marqués par son histoire, semblent lui appartenir pour toujours.
Anne-Cécile et Audrey Picardo, les petites filles de Paulette sont des héritières de l’histoire de leur grand-mère, qu’elles perpétuent avec la Case Paulette. Les deux sœurs décident il y a trois ans de s’embarquer dans ce projet pour donner davantage de sens à leur métier tout en jouant un rôle social et sociétal. Elles travaillent à l’époque en marketing pour vendre des produits « faster than fast fashion », au contact de start-ups qui délaissent l’aspect durable de la mode. Lorsqu’elles perdent leur travail, après une courte hésitation entre lancer un projet et partir voyager, Anne-Cécile et Audrey décident d’assembler les premières pierres de la maison Case Paulette. Elles veulent prendre à contre-pied ce qu’elles ont vu auparavant et entreprendre dans la lignée de Paulette Picardo. Hommage à leur grand-mère, source d’inspiration inépuisable, la création de la boutique est suivie de près par Paulette dont l’avis précieux accompagne les deux sœurs. Encore aujourd’hui, c’est quotidiennement qu’Anne-Cécile et Audrey s’entretiennent au téléphone avec leur grand-mère, sur des sujets aussi personnels que professionnels.
Une vision de la mode durable comme fil rouge
La Case Paulette est un concept store qui rassemble des pièces de différents designers derrière un panel de valeurs. Audrey Picardo lance d’ailleurs « on ne fait pas de la mode mais du style ». La mode change avec les saisons, les années. Elle impose de jeter des vêtements qui ne seraient plus tendances. Les deux sœurs cherchent à encourager une consommation durable, plus lente, dans laquelle on prend le temps d’apprécier des pièces de bonne facture.
Anne-Cécile et Audrey ont parfaitement conscience que les prix sont relativement élevés mais les pièces sont de bonne qualité. Il ne s’agit, par exemple, plus d’acheter 20 T-shirts à 2 €, mais une pièce à 40 €. Par ailleurs, le prix élevé cache parfois des actions menées par les marques. En effet, la Case Paulette vend des vêtements issus de marques qui emploient des personnes en réinsertion. L’engagement des deux sœurs ne s’arrêtent pas là puisqu’elles s’inscrivent dans une démarche humaine et politique par la mise en avant de femmes qui n’ont souvent pas les moyens ou les contacts nécessaires pour se faire une place dans ce milieu. Le monde de la mode est élitiste, les sœurs Picardo ouvrent à tous celui du style.
Anne-Cécile et Audrey ne conçoivent, par ailleurs, pas la mode par le spectre de la métropole. Elles s’efforcent d’aller chercher des petits designers parfois difficiles à contacter dans les DROM (Départements ou Régions français d'Outre-Mer) et COM (Collectivités d'Outre-Mer). Les pièces sont colorées, les marques chargées d’histoire et de valeurs. Dans l’atmosphère intimiste de la boutique, tous les vêtements se côtoient, parfois franchouillards comme la marinière ou le béret, parfois colorés et inspirés d’histoires écrites à l’encre du monde.
Des projets au-delà des vêtements
Après trois ans de projet et un an d’existence, la boutique dépasse déjà ses fonctions. Anne-Cécile et Audrey Picardo ne considèrent pas le vêtement comme le centre absolu du projet mais plutôt le milieu artistique dans son ensemble. Si d’après Audrey « toutes les marques sont politiques », elles veulent exister d’abord par leurs engagements et leurs valeurs que par les vêtements.
Dans l’arrière-salle, une petite pièce invite les curieux à découvrir des toiles. Comme pour les vêtements, l’idée des deux entrepreneuses est de promouvoir artistes des DROM et des COM. « Nous n’avons pas la prétention d’être une galerie » raconte Audrey « mais nous sommes bookées jusqu’en 2024 ». Derrière elle, les tableaux d’un artiste lié à leur famille sont exposés. Il a peint le portrait de Paulette avec ses petites-filles qui trône dans la première salle.
Anne-Cécile et Audrey sont parvenues à créer une communauté soudée autour de leur projet et souhaitent faire de la Case Paulette un véritable espace culturel avec des concerts, des vernissages, des artistes… La boutique est une invitation à échanger, partager. Les deux fondatrices comptent d’ailleurs mettre l’accent sur des ateliers dans une volonté de transmission de savoir qui animait déjà leur grand-mère. Il est important de sensibiliser les consommateurs à la technicité de la fabrication d’un vêtement de bonne qualité et au temps que cela prend. La transparence est indissociable dans le processus qu’elles ont engagé pour faire changer les habitudes consuméristes.
Enfin, Anne-Cécile et Audrey Picardo, à l’approche de Noël, dépassent une fois encore le cadre de leur boutique, avec un engagement pour aider les sans-abris au travers d'un calendrier de l'Avent inversé. Vous pouvez donc déposer des vêtements, dans du papier cadeau, qui seront transmis par la suite à des sans-abris par le biais d’une association. « Il nous faut surtout des vêtements d’homme parce que la plupart des sans-abris à Berlin sont des hommes. Les températures chutent donc n’hésitez pas. »
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