Sebastien Nayener, alias Seboh Creation sur Instagram, récemment aperçu aux côtés de Richard Orlinski dans une émission consacrée au street-art, nous ouvre les portes de son atelier et de son univers.
La Kunstfabrick HB55
Le rendez-vous est fixé au numéro 55 d’Herzbergstraße dans le quartier de Lichtenberg. Derrière une petite grille noire se dévoile un bâtiment gigantesque, fait de briques rouges qui, léchées par les derniers rayons de soleil, se laissent tirer des éclats orangés. L’ancienne usine, fondée en 1909, étale ses 7 000 mètres carrés en une enfilade de bâtiments autrefois réservés, pour l’un à l’administratif, pour l’autre à la salle des machines. Aujourd’hui les automates ont laissé la place aux pinceaux et près de 240 salles sont désormais utilisées par des artistes.
Après avoir longé les façades ocres, un atelier participatif invite les visiteurs à jeter de la peinture sur une toile blanche afin de transmettre par le geste et la couleur l’impact de la pandémie sur soi. Un quart de tour sur la gauche et voilà la porte qui mène à l’artiste qui nous intéresse particulièrement aujourd’hui.
L’atelier
Deux étages d’escaliers plus hauts, l’atelier de Seboh creation est indiqué par ses œuvres. Un visage de femme sur la droite, un panneau de circulation retravaillé sur la gauche, le visiteur se laisse guider par les créations pour déboucher sur la pièce maîtresse.
Dans l’encadrement de la porte, on découvre une petite pièce pour une grande invitation à la découverte de l’univers de Seboh. Le canapé vert aux reflets bleus d’usure fait face à des étagères chargées de bombes de sprays vides ou pleines, bleues, roses ou vertes… Un tiroir de feutres se serre contre un escabeau garni lui aussi de sprays cette fois supports de visages peints. Sur un petit bureau au fond à droite, Sébastien Nayener planche sur ses projets.
De Sebastien Nayener à Seboh creation
Bercé par le Club Dorothée, le jeune Sébastien découvre alors Dragon Ball Z. La magie du style manga opère sur lui et il se met en tête de recopier les dessins. L’univers de la bande dessinée lui ouvre des perspectives de dessins plus vastes encore dont il va tirer son coup de crayon. Pourtant, l’artiste en herbe lâche progressivement les créations pour se concentrer sur son avenir. Il s’envole alors pour Genève poser des cuisines, mais surtout se poser des questions. « Ça me prenait toutes mes pensées » dit-il à propos du dessin qui revient comme une envie irrépressible.
Seb reprend alors avec davantage de convictions les dessins de bande dessinée ou de mangas et commence à y incorporer son caractère, « il y a une création autour du personnage, tu construis ton univers autour ». Pas de cours, pas de méthode, simplement une envie qui fait aujourd’hui de lui un autodidacte talentueux.
L’épopée berlinoise
La carrière de Seb s’accélère lorsque Gabrielle, sa manager, lui parle de Berlin. Elle a vécu dans la capitale allemande et pour elle pas de doute, il a le style berlinois. Ils y partent ensemble en 2018 pour la première fois à la recherche d’un contact, d’un premier étrier dans lequel mettre son pied novice. Au fil des rencontres, le projet se concrétise et prend une autre envergure lorsque Seb découvre le graff. Il s’installe à Berlin en 2019, continuant ses toiles et ses dessins, mais avec une nouvelle corde artistique à son arc qui colle à l’atmosphère de la ville.
Il est récemment apparu dans l'émission Sur les murs présentée par Richard Orlinski, notamment célèbre pour ses sculptures d'animaux aux courbes acérées. Dans cette émission disponible en replay sur TV5MONDE, Sébastien fait découvrir son univers et certaines de ses oeuvres qui entrent en résonance avec certaines créations de Richard Orlinski. On peut également y découvrir tout l'aspect urbex de son travail où les murs abandonnés vivent à nouveau par l'art.
Les messages portés
Derrière l’armure toute en muscles et en tatouages, se cache un personnage d’une sensibilité aussi touchante que passionnante et utile à la compréhension de ses œuvres.
« Après toutes ces périodes difficiles, j’ai vraiment envie de faire passer des messages de pensées positives derrière les œuvres » explique-t-il entourée de ses toiles. Les références spirituelles qui se cachent dans beaucoup de ses productions relaient parfaitement ce message avec notamment une forte influence du bouddhisme. Ce besoin d’équilibre et de sérénité se retrouve aussi dans la construction même des peintures souvent articulées autour d’un axe de symétrie, « c’est vrai, je ne pourrais pas commencer par un coin, je divise toujours la toile en deux avant de commencer ».
Le natif de Franche-Comté se lance, par ailleurs, dans un nouveau projet : réaliser des œuvres sur les bombes de sprays abandonnées par les graffeurs. « Si ça peut faire passer des messages, c’est génial ! C’est ma petite contribution à l’environnement ».
Les créations de Seboh
Toiles
Le couloir qui mène à l’atelier est un slalom entre les toiles de Seb. Les styles et les figures diffèrent, comme les ambiances, mais la patte de l’artiste est reconnaissable. Les traits de visages sont tranchés, résultats d’une couche de peinture appliquée en suivant une règle sur la toile. Les portraits se mêlent aux figures animales, dans une continuité que permet justement ce style particulier. Dans les cheveux d’une femme se cache un éléphant, quand la couronne de Poséidon abrite tortues et hippocampes.
Graffs et urbex
Fraîchement arrivé à Berlin, Seb découvre le graff notamment en extérieur qu’il couple à une discipline : l’urbex (pour Urban Exploration). Il part à la découverte de lieux abandonnés, ou plus exactement de murs qui deviennent des toiles puis des œuvres lorsque Seb est passé par là. « Il y a une vraie interaction avec les murs » raconte-t-il déjà enthousiaste à l’idée d’y retourner. Ces graffs font passer son art dans une autre dimension, ce sont des fresques de plusieurs mètres carrés qui prennent des jours ou des semaines à être réalisées. Alors que tout semble passer du physique au digital, Seb, lui, fait passer ses fresques de sa tablette à de vrais murs de plusieurs mètres de haut.
Digital Painting
Parfois c’est avec un pinceau, parfois avec une bombe et de temps en temps c’est avec un stylet que Seb réalise ses œuvres. Le néo-Berlinois finit tout juste un dessin commandé par un fan de Cristiano Ronaldo. Dans les traits du multiple ballon d’or il y a toujours ce style bien marqué de Seb. Le digital painting permet aussi des méthodes différentes, des associations nouvelles comme le dessin et la photo, comme pour donner plus de profondeur en jouant avec les textures.
Sprays
La dernière trouvaille signée Seboh création, trône sur un escabeau dans son atelier. Des bombes de sprays sont disposées sur les marches, des visages y sont peints observant le visiteur. Ces objets à la fois supports et outils artistiques sont récupérés sur des lieux de graffs, pour une seconde vie comme œuvre. Une fois le thème choisit, en ce moment « Hip-Hop », les sprays sont recouverts d’une base « noir mat ». Seb dessine ensuite ses personnages, Biggie, Tupac ou The Weeknd, sur un calque avant de découper la silhouette. Il applique les contours sur la bombe et passe un dégradé d’une couleur, rouge, bleu, violet… Il finit ensuite les dessins avec des marqueurs aux mines plus ou moins épaisses pour chaque niveau de détail.
Les œuvres de Seb sont à retrouver sur ses différents réseaux sociaux…
Instagram: seboh_creation
Facebook: SebohCreation
… mais aussi sur son site si vous souhaitez vous offrir une de ses créations.
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