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BON A SAVOIR – L'amour universel confronté aux différences culturelles franco-allemandes

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 4 novembre 2015, mis à jour le 4 novembre 2015

A croire que le Rhin a séparé bien des destins amoureux ! Partout, l'amitié franco-allemande est célébrée. Et quand il s'agit d'amour, les Allemands font le dos rond, et les Français se lamentent. Qui a dit que l'amour était une langue universelle ? Le Petit Journal de Berlin s'est penché sur cette différence culturelle qui n'en finit plus de faire couler de l'encre.

Nouvelles règles pour un nouveau jeu
Le romantisme à la française n'est pas vraiment populaire outre-Rhin. Les Allemands seraient timides et froids tandis que les Allemandes seraient indépendantes et rétrécissantes. Devant cette absence de regards en coin, de battements de cils et d'invitation galantes, les Français et les Françaises sont paniqués. Dans son mode d'emploi humoristique, Comment choper un Allemand, la blogueuse française et berlinoise d'adoption, Elodie Benchereau expose très simplement la situation : "Ici les règles du jeu sont totalement différentes de celles à laquelle notre culture française nous a habitués". En 2003 déjà, le groupe allemand Wir sind Helden tentait de faire entendre raison à Aurélie dans leur chanson éponyme conseillant a cette jeune française désespérée par l'inefficacité de ses charmes en Allemagne d'être patiente.

"Doch Aurélie kapiert das nie / Mais Aurélie ne le comprend pas
Jeden Abend fragt sie sich / Elle se demande chaque soir
Wann nur verliebt sich wer in mich / Quand est-ce que quelqu'un m'aimera
Aurélie so klappt das nie / Aurélie, cela ne fonctionne pas comme cela
Du erwartest viel zu viel / Tu attends beaucoup trop
Die Deutschen flirten sehr subtil / Les Allemands flirtent de façon très subtile"

 

 

Une défaite castratrice
Une des causes serait à chercher dans les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, selon Frank Biess, un historien de l'université californienne de San Diego spécialisé dans l'Allemagne du XXe siècle : "L'excédent démographique de femmes dans la population, par l'effet cumulatif de la mort des hommes au front et l'absence des prisonniers, a féminisé la société allemande, tant sociologiquement que culturellement. L'Allemagne vaincue et humiliée était une nation émasculée". Entre 1945 et 2015, soixante-dix années se sont écoulées, et nous sommes passés au XXI ème siècle. Si le mouvement féministe est probablement héritier de cette féminisation de la société allemande, les hommes brisés par la guerre et la défaite appartiennent à une autre génération. Hanz, un jeune allemand de 23 ans, étudiant en physique, interrogé sur la question, s'inquiète du raccourci qui peut être fait. "Peut-on vraiment penser que les rapports de force amoureux actuels, entre Allemands et Allemandes, prennent directement racine dans un temps que les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas vécu ?", questionne-t-il.

 

Les sosies d'Angela Merkel et François Hollande

Un féminisme castrateur
L'Allemagne n'est pas connue pour être particulièrement en avance sur les droits de la femme. Mais si les Allemandes ont obtenu l'encadrement de l'IVG avec vingt ans de retard sur la France, leur combat n'en est que plus dynamique. "L'Allemande ne veut pas être considérée comme une femme mais comme un individu", explique le journaliste français Alain-Xavier Wurst qui a enquêté sur la question dans son ouvrage, Zur Sache, Chérie. En résulte un comportement très palpable en Allemagne : point de galanterie, additions strictement séparées, la bataille se mène au quotidien. Les deux principales figures de ce féminisme engagé sont Alice Schwarzer et Charlotte Roche. La journaliste Alice Schwarzer a fondé le magazine féministe EMMA. Elle est considérée comme l'une des initiatrices du Mouvement de Libération des femmes dans les années 1970 et mène aujourd'hui le combat contre la prostitution. Charlotte Roche appartient, elle, davantage au néo-féminisme. Aussi appelé le féminisme pro-sexe allemand, ce mouvement revendique notamment le plaisir sexuel comme un outil politique dont les femmes doivent s'emparer. "Chat échaudé craint l'eau chaude", conclut la journaliste Prune Antoine, dans un article publié sur le site rue89.nouvelobs.com .

Le französisches Bett
Au nombre des nombreuses explications plus concrètes, qui tentent de comprendre ce décalage culturel, se trouve celle du französisches Bett. Sur viedexpat.com, la blogueuse Marie fait le rapprochement entre le légendaire esprit pratique des Allemands et leur prétendu manque de romantisme. Pour des questions de confort, deux lits simples seraient placés côte à côte pour permettre aux couples de dormir ensembles et séparés. Chacun son matelas, chacun son sommeil. Mais lors des soirs de tendresse, la fameuse fente entre les deux couches serait source de conflit. Au point d'engendrer la séparation permanente des couples ? L'analyse semble extrême. Néanmoins les différences franco-allemandes sur le marché du matelas ne sont pas un mythe puisque le französisches Bett existe bel et bien. Sur le site Zuhause.de, qui donne des conseils et des idées pour aménager votre maison, sa provenance française est attestée. Un nouveau nid d'amour est promis aux couples ou aux célibataires. Ce lit en question est plus large qu'un lit simple, mais plus étroit qu'un lit double - attention qui dit lit double allemand, ne dit pas forcément matelas unique. La question de la couche semble donc bien compliquée chez nos voisins. Et que dire en du lit berlinois, matelas bohème à même le sol ?...

 

 

Berlin, jeune et célibataire
Berlin est la ville, où il y a le plus de jeunes et de célibataires en Allemagne. Dans la capitale, plus de 40% de la population a moins de 35 ans. Quand nous posons la question à Charlotte, une éducatrice de 29 ans, elle témoigne : "Dans un pays, où le vieillissement de la population est inquiétant, n'imaginez pas que Berlin soit un paradis pour trouver l'amour". Et de poursuivre : "Les hommes sont volatils ici, pas moyen de se caser". Ne serait-ce pas le souffle libertaire des années 1980 qui balayerait encore la ville ? Cette effervescence créative était caractérisée par l'absence de limites de l'époque, où tout semblait possible. N'est-ce pas d'ailleurs ce que sont venus chercher les 87 450 étrangers arrivés à Berlin en 2013 ? La journaliste Hélène Kohl a ainsi intitulé un chapitre « Les pintades s'envoient en l'air » dans son guide Les Pintades à Berlin. Elle y raconte comment les deux extrêmes se côtoient : les mères qui dorment avec leur bébé, et celles qui fréquentent les salons de l'érotisme pour apprendre à trouver leur plaisir. Berlin n'est définitivement pas l'Allemagne.

Floriane Fumey (htttp://www.lepetitjournal.com/Berlin) mardi 27 octobre 2015

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Publié le 4 novembre 2015, mis à jour le 4 novembre 2015

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