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« Cette fois je vote » : les citoyens européens appellent aux urnes

Cette fois je vote élections européennesCette fois je vote élections européennes
Le groupe de supporters de Cologne de la campagne "Cette fois je vote"
Écrit par Justine Hugues
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

Dans le cadre de sa campagne d'information, le Parlement européen a lancé une communauté de soutien en faveur du vote aux élections européennes de 2019.  L'objectif : convaincre le maximum de personnes de l'importance de cet acte. Focus sur l’initiative à Berlin. 

 

Aujourd’hui, Alice Choquart parcourt les rues de Berlin, échangeant avec des riverains sur les enjeux des élections européennes. Demain, elle peaufinera une vidéo de sensibilisation. Le temps presse. Dans 65 jours, les citoyens européens seront appelés aux urnes. La Française de 25 ans fait partie des citoyens activement engagés dans la campagne « Cette fois je vote », lancée il y a près d’un an à l’initiative du Parlement européen pour encourager une plus grande participation citoyenne. 

 

Depuis les premières élections, le taux de participation a baissé continuellement, passant de 62% en 1979 à 42.6% en 2014.  « Une combinaison de facteurs peuvent expliquer cette baisse, explique Christopher Lade, collaborateur au bureau de liaison du Parlement Européen à Berlin.  Au début de la construction, les enjeux étaient différents, les personnes davantage impliquées.  Aujourd’hui, beaucoup considèrent l’Union comme un acquis et ignorent tout ce que l’Europe fait pour eux, de l’eau potable à Erasmus en passant par l’itinérance des données mobiles ». 

 

« Il y a un trou dans les manuels scolaires sur l’Europe »

 

Alice Choquart pointe du doigt le déficit d’information dont pâtissent les citoyens sur l’histoire et les institutions européennes. « Il y a un trou dans les manuels scolaires sur L’Europe. L’information n’arrive pas toujours aux citoyens et elle est souvent traitée par les médias sous un prisme national », observe-t-elle. Pour la jeune femme expatriée en Allemagne, la connaissance et la jouissance des droits européens diffère d’une région et d’une classe sociale à l’autre. « En dehors des grandes villes, on parle très peu d’Europe. L’Union paraît loin pour certaines personnes qui vivent dans des conditions précaires, en totale rupture avec des bulles internationales et européennes. Ces disparités peuvent conduire au populisme et au rejet de l’Europe. »  

 

A l’heure du Brexit et des grandes crises que traverse l’Union, financière ou migratoire, l’exercice démocratique européen pourrait aussi connaître un regain de popularité. C’est du moins ce qu’ambitionnent les acteurs de la campagne. « Une étude publiée il y a quelques semaines révèle que les partis anti-UE pourraient obtenir le double de sièges au Parlement qu'actuellement, soit plus de 33% », détaille Christopher Lade.  

 

 « Notre objectif n’est pas de dire aux citoyens pour qui voter. Le fait d’être apartisan et d’avoir un objectif non clivant fait que l’on peut démarrer des initiatives citoyennes un peu partout » précise Alice, qui a notamment pris en charge la gestion d’une équipe de volontaires expatriés à Berlin pour s’adresser à cette communauté. Conférences, actions de rue, spots audio et vidéo à diffuser sur les réseaux sociaux, les idées fusent pour toucher toutes les catégories de population. «  A chaque public spécifique son action », explique Alice. Nous  avons par exemple décidé de mettre les enfants à l’écran, afin de sensibiliser dès le plus jeune âge mais aussi d’inciter les parents à réfléchir sur l’Union Européenne qu’ils souhaitent léguer ». 

Les bureaux de liaison du Parlement se chargent, quant à elles, de pêcher les bonnes idées des uns et des autres et favoriser les échanges.  Lettre d’information commune aux différents groupes locaux, séminaires régionaux : là aussi, on vise l’efficience en un temps limité. « Ma collègue en Slovénie a partagé une initiative en milieu scolaire, qui consistait à faire se poser aux élèves les questions des députés : quelle immigration ? Faut-il une armée européenne ? En connaissant le rôle et les sujets débattus par les parlementaires, on comprend davantage leur action », avance Christopher Lade. 

 

Cette fois je vote. Elections européennes
Equipe des expatriés de Berlin, dont Alice Choquart fait partie © Bernhard Ludewig

 

« Si vous n’êtes pas content de ce que fait l’Europe, exprimez-le par les urnes » 

 

Aux détracteurs de l’Union, Alice répond par le même mot d’ordre : le pouvoir du vote. « Si vous n’êtes pas content de ce que fait l’Europe, exprimez-le par les urnes.  Aujourd’hui, le débat ne doit plus être pour ou contre l’Europe mais comment accroitre les droits sociaux et intégrer davantage les questions de transition environnementale », exhorte-t-elle. « Un plus grand taux de participation permettrait cela. L’action, c’est mieux que la contestation ». 

 

La hausse du taux de participation pourra-t-elle donner plus de légitimité à un Parlement qui n’a pas l’initiative législative ? Permettra-t-elle de favoriser une meilleure intégration de l’Union ? Les avis divergent. « Le peuple doit légiférer avec ses députés et ce n’est pas le cas aujourd’hui » déplore Alice. « Le Parlement élit les Commissaires. S’il est contre une loi proposée par la Commission, il peut s’y opposer. Sa responsabilité est énorme et c’est un système éminemment démocratique », défend Christopher Lade, prêt pour autant à reconnaître que le dispositif est perfectible. « Personne ne pense que l’Union Européenne est parfaite. Nous savons juste que c’est un bon début et un constant travail en cours », conclut-il.  

Justine Hugues
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

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