A Berlin, les écoles maternelles et primaires connaissent une cruelle pénurie d’enseignants. Dans les quatre prochaines années, 10.000 professeurs des écoles actuellement en poste seront à la retraite.
Cela représente un enseignant sur trois, ce qui explique pourquoi la situation est si alarmante.
Une situation préoccupante
On dénombre actuellement 973 postes vacants dans les écoles berlinoises, soit plus que les 920 qui étaient attendus avant la rentrée scolaire en août. Certaines matières souffrent particulièrement de ce manque d’enseignants : la pénurie se fait surtout ressentir en sciences et en mathématiques.
Ce manque de personnel éducatif s’explique par les départs à la retraite des enseignants nés pendant le baby-boom. Ce phénomène couplé à l’augmentation du nombre d’élèves scolarisés mène donc à une réelle pénurie. De plus, la profession n’attire plus assez : les conditions de travail semblent se dégrader, avec de plus en plus d’élèves par classe et des locaux inadaptés.
Une réaction du corps enseignant
Cette situation a eu pour effet d’alimenter des grèves enseignantes : la 7eme grève mise en place par le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft (GEW), syndicat de l’éducation, a réuni des professeurs dans les rues de Berlin fin décembre 2022. Leurs revendications sont tournées vers les conditions de travail, les tailles des classes et les salaires. Cela traduit également la préoccupation du corps enseignant qui voit ses effectifs se réduire au fil des années. L’objectif de la mobilisation est donc de contraindre le gouvernement à mener des actions concrètes face à cette situation problématique.
Cependant, si des milliers de grévistes étaient annoncés par le GEW, il n’y a que 2.500 personnes qui ont effectivement participé au mouvement. En ce qui concerne le personnel éducatif, seuls 1.750 employés ont été déclarés comme grévistes. Ainsi, le taux de mobilisation est en baisse : les chiffres sont loin des 3.500 grévistes rassemblés en septembre et octobre. La participation était également variable selon les quartiers : plus de grévistes ont été dénombrés à Neukölln, Tempelhof-Schöneberg et Friedrichshain-Kreuzberg.
L'action gouvernementale pour pallier à cette pénurie
Face à ce manque de personnel, le Sénat a réagi. Il entend obliger les universités à orienter les étudiants vers ce secteur. L’objectif serait de former 2.300 diplômés, comme l’a déclaré la secrétaire d’Etat Armaghan Naghipour. Aujourd’hui, seuls 900 étudiants sont diplômés, un nombre bien loin des résultats attendus. Pour arriver à ces fins, l’idée d’allouer plus de budget aux universités a été évoquée. De plus, le Sénat prévoit de faciliter l’accès aux études dans l’enseignement aux étudiants internationaux.
Une autre solution qui peut retarder le moment fort de la pénurie est avancée : prolonger la durée d’activité du corps enseignant. Cela est perçu comme un moyen de retarder la vague de départ à la retraite des baby-boomeurs. Ainsi, cela permettrait de former de nouveaux professeurs des écoles pendant ce laps de temps.
Un phénomène qui s’étend au-delà de Berlin
Toute l’Allemagne semble être concernée par ce phénomène : le manque d’enseignants n’est pas un problème qui ne touche que Berlin. Une pénurie de 25.000 enseignants dans l’ensemble du pays est même attendue d’ici 2025. Par exemple, en août 2022, il y avait 4.400 postes vacants dans l’éducation dans le Land le plus peuplé, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. En effet, le vieillissement du corps enseignant se fait ressentir partout : en Allemagne, 37% des enseignants en école élémentaire ont plus de 60 ans.
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