A l'occasion du Francophonic festival dont le coup d'envoi a été donné jeudi 1er octobre par Rachid Taha, nous avons rencontré Nicolas Jeanneté, directeur de ce festival de musical francophone
Rachid Taha au Kesselhaus pour la première soirée du Francophonic. Photo S. Reichenbach
Depuis jeudi 1er octobre, la capitale allemande accueille une large palette d'artistes francophones pour la cinquième édition du Francophonic Festival. Près de vingt artistes sont présents, de Zaza Fournier, l'Edith Piaf des temps modernes, à Mansfield Tya, un duo aux accents Folk, sans oublier Yuksek ou autres Naive New Beaters, dignes descendants de groupes électro comme Justice ou Daft Punk. Rencontre avec Nicolas Jeanneté, directeur du Francophonic.
Le Francophonic, un festival Cocorico ?
Un festival cocorico ? Non pas du tout, regardez la programmation, nous avons de tout. Le cocorico est extrêmement intéressant quand il s'agit de présenter des artistes made in France, mais pas quand ça tourne autour du franchouillard, de sa baguette, son camembert et son vin.
La France est un pays dont la musique s'exporte extrêmement bien. Elle présente une diversité musicale unique, profitons-en ! Ce festival est à l'image de la diversité musicale française aujourd'hui.
Pourquoi avoir créé ce festival ici, à Berlin ?
Le couple franco-allemand est puissant d'un point de vue économique et politique, mais qu'en est-il au niveau artistique ? Berlin est une des capitales européennes qui bouge le plus, il s'agit pour nous de promouvoir la musique made in France. Le Francophonic présente en effet deux volets : d'une part, il montre au grand public ce qui se fait de mieux en France. Mais d'un autre côté, nous cherchons aussi à donner un panorama de la musique française aux professionnels, aux directeurs de labels par exemple. Ce double versant public/professionnel est très important quand on veut comprendre comment fonctionne le Francophonic.
Quels bilans tirez-vous des quatre précédentes éditions du Francophonic ?
Lors de la première édition, le public était composé de 90% voire de 100% de Français. Il y a deux ans, il y a avait seulement 50% à 60% de spectateurs français, ce qui nous réjouit car on fait ce festival pour les Allemands. Mais on constate que c'est très difficile. Difficile à cause de la crise du disque, les financements ont chuté de moitié. Enfin, depuis cinq ans, on constate justement que ce festival n'est pas du pur cocorico, car on essaye de faire la part belle à la jeune scène indépendante française.
De Rachid Taha à Yuksek en passant par Zaza Fournier, que voulez vous montrer en programmant une si large palette d'artistes ?
On veut montrer que notre scène musicale est une scène riche, variée, talentueuse, diverse, capable de s'exporter à travers le monde. C'est une des meilleures scènes du monde, avec l'Angleterre.
Y a-t-il pour vous une spécificité de la musique française ?
Nous avons une diversité culturelle qu'on ne trouve pas ailleurs sauf peut-être en Angleterre, et cela vient de notre histoire, de notre incroyable richesse culturelle, que nous ne retrouvons même pas à Berlin. Il y a dans notre pays une mixité sociale et culturelle qui fait notre richesse, avec toutes les difficultés que ça peut entraîner.
La musique française s'exporte donc bien en Allemagne. Qu'en est-il dans d'autres pays ?
Tout d'abord, on ne peut pas dire qu'elle s'exporte bien, mais plutôt ?pas si mal?. Il y a quand même sur le marché allemand 70% de musique anglo-saxonne, dont 80% de ce que j'appelle la musique préformatée, ce que nous n'avons pas en France avec notre système de quotas.
Notre festival a donc dès lors une dimension politique : il s'agit pour nous de défendre notre diversité culturelle, pour ne pas être bouffé à 90% par la culture américaine. Le Francophonic est un combat politique.
Pour finir, avez-vous un artiste coup de c?ur ?
Ils sont tous mes coups de c?ur, j'aime tout dans la musique. Et toute la richesse du Francophonic, c'est que même si on n'aime pas un certain style de musique, on en voit plein de différents, du rock raï à l'électro en passant par l'indie rock, avec des sonorités british. Il n'y aura pas deux fois le même concert, car les 20 artistes ont chacun leur style, chacun leur touche perso.
Suzanne Reichenbach (www.lepetitjournal.com) mercredi 7 octobre 2009
Pour plus d'informations et pour toute réservation: www.francophonic-festival.de
Pour consulter le blog du Francophonic: www.francophonic-blog.com
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