Édition internationale

BD - Berlin, une histoire graphique

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012
Cinq ans après un premier tome qui avait fait grand bruit, Jason Lutes accouche enfin de ?Berlin, cité de fumée?, deuxième partie de sa trilogie consacrée à l'entre deux guerres. Une BD touffue, exigeante, pédagogique, fleuve. 600 pages pour explorer le Berlin des années folles, des années rouges, des années brunes

(photo. Jason Lutes)

Cela fait 12 ans que Jason Lutes travaille à ce roman graphique d'une envergure rare. Quand le premier tome est sorti, cet Américain n'avait jamais mis les pieds à Berlin. Pourtant dans les traits précis, sobres, hérités d'une école ligne claire très européenne, on s'approche au plus près de la géographie d'une ville agitée, effervescente et déboussolée, de Wedding la rouge à Neukölln, de Potsdamer Platz à l'Alex. A l'instar d'un Alfred Döblin dans Alexanderplatz ou Novembre 1918, Lutes choisit une narration chorale où pas un pan de l'agitation politique et artistique de ces années là ne nous échappe. Au milieu du flot de personnages piochés dans toutes les couches sociales, on s'accroche plus particulièrement au couple composé par Martha Müller, jeune artiste peintre, et Kurt Severing, journaliste obstiné et observateur.

Dans un Berlin agité
Le premier tome se terminait dans le flot de sang des manifs du premier mai 1929. Le deuxième, ?Berlin cité de fumée?, s'ouvre sur l'arrivée d'un groupe de jazz noir new-yorkais, les Cocoa Kids, installés pour deux mois à l'affiche d'un cabaret berlinois. Nous voilà pris dans le flot d'une ville où misère, décadence et effervescence artistique se côtoient. Dans les salons de la bourgeoisie, on partouze joyeusement;sur la terrasse d'un immeuble des crève-la faim des beaux-arts dissertent sur l'expressionisme, au fond des cours sales des clochards s'accrochent à l'espoir communiste, dans les rues paradent les premières milices nazies. Berlin s'agite. Le couple Martha-Kurt vacille, comme la République de Weimar. Et Lutes y enfonce la pointe de son crayon sans sentimentalisme pour mieux en décortiquer tous les soubresauts.

A la rentrée en français
Il est indéniable que la fresque historique de l'auteur américain se révèle une formidable vision sociologique du Berlin de ces années là. Il manque pourtant un je ne sais quoi de folie à ce dessin sobre, qui rend parfois ardue la lecture. Ici c'est la grande histoire qui se joue, plus que des destins individuels. Si ce deuxième tome est déjà sorti cet automne en Allemagne, aux éditions Carlsen, en France il ne sortira qu'à la rentrée, probablement chez Delcourt qui vient de rééditer dans une belle édition cartonnée, le premier tome. Petit plus pour la version allemande, le parler berlinois qui rend le récit plus vivant. Pour le troisième et dernier tome de cette trilogie qui s'arrêtera en janvier 1933, il faudra encore attendre. Au moins quatre ans prévient l'auteur.
Stéphanie PICHON (www.lepetitjournal.com/berlin.html) mercredi 24 juin 2009.

?Berlin - Steinerne Stadt?, tome 1 et ?Berlin - Bleierne Stadt?, tome 2, de Jason Lutes, Carlsen Verlag, en allemand, 14 euros.

?Berlin - la cité des pierres?, est d'abord sorti au Seuil, et vient d'être réédité chez Delcourt, 19,90 euros. Le tome 2 est prévu à la rentrée.
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Publié le 24 juin 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
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