

Il est l'auteur du grandiose Trainspotting (1993). Il a fait de son premier roman une référence, adaptée brillamment au cinéma par Danny Boyle, rehaussée par le talent d'Ewan McGregor. Mais Irvine Welsh semblait connaître la trajectoire de bien des auteurs : un succès et puis s'en va. Il est venu à Berlin pour présenter et faire une lecture de son dernier livre, The Sex Lives of Siamese Twins, venant de sortir en version allemande, et ainsi prouver qu'il ne s'arrêtait pas là.
Vingt ans et une dizaine de livres après son premier roman traumatisant, Trainspotting, la critique s'agite : on dit qu' Irvine Welsh serait de retour. En mai 2014, il publie The Sex Lives of Siamese Twins, un titre intriguant et un contenu rénové. L'auteur change de recette, dit adieu aux héroïnomanes de la banlieue d'Édimbourg et écrit sur le monde du paraître et des salles de fitness à Miami. Un « retour au top », écrit David Pollock pour The Independent.
Lucy Brennan est coach sportif. Elle devient une célébrité locale en désarmant un malfrat devant une caméra amateur. Lena Sorenson est celle qui tient la caméra. Ses 90kg de fast-food et de vulnérabilité admirent le corps sculpté, plein d'assurance, de Lucy. L'obsession s'installe entre deux femmes que tout oppose, reflets de deux Amériques, gym contre malbouffe.
L'auteur écossais reste donc tout de même fidèle à ses schémas. L'endorphine et la graisse ont remplacé l'héroïne, mais le c?ur du sujet reste l'addiction, l'obsession, la folie furieuse de modes de vie et de caractères extrêmes. Et Irvine Welsh profite de cette marginalité pour explorer le rapport au genre, à la consommation : les recoins d'une Amérique au vitriol, proche de celle de Palahniuk ou de Bret Easton Ellis.
À l'occasion de la traduction du livre en allemand (Heyne Hardcore, 448p., 21,99?), Irvine, quinquagénaire en bomber, est venu présenter son dernier opus à Berlin. Et si son look de hooligan, crâne rasé et tatouage homemade, est resté intact, l'auteur a bien montré qu'il vivait avec son temps, observateur fasciné de cette société « où tout est chiffré, où les gens sont tout le temps mesurés, au risque de mal les estimer ».
Irvine Welsh aborde, pêle-mêle, dans son livre, les plaies des États-Unis, qu'il vit au quotidien : sa "breaking news culture", sa "fascination malsaine pour l'entraînement physique". Il constate : "On est obligé de consommer, alors pour perdre du poids, tu ne peux pas juste arrêter de trop manger, il faut que tu trouves un substitut, alors tu vas te payer un abonnement à une salle de sport".

Son regard brille parfois d'aberration quand il parle de cette Amérique qu'il découvre. Et ce changement de décor rafraîchit son écriture, malgré un foisonnement de sujets qui empêche peut-être d'aller au fond du problème, déplore Sloane Crosley, pour le New York Times Book Review.
Et quel est le rapport avec le titre ?
Pour le savoir il faudra le lire : The Sex Lives of Siamese Twins , ed. Johnatan Cape, 480p. 19,28?. Traduction française à venir.
C.L.K. (www.lepetitjournal.com/Berlin) lundi 20 avril 2015




















































