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HISTOIRE - Quand la "french touch" rencontre le dialecte berlinois

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Le dialecte berlinois fourmille de mots hérités du français, révélant l'influence culturelle française dans la capitale allemande. Une grille géante sur la très symbolique Gendarmenmarkt évoque ces rapports comme autant d'anecdotes savoureuses/>

/>Au Gendarmenmarkt, à la croisée des mots, des langues et de l'Histoire. (Photo : http://www.msk7.org)

Dans le dialecte berlinois, on dit parfois qu'on se sent "blümerant", une de ces nombreuses expressions allemandes lointainement héritées du français. "Blümerant", c'est en effet, à quelque chose près, "bleu mourant", un bleu pâle, tellement à la mode au XVIIe siècle qu'on s'en lassa vite à Berlin et qu'on avait même "mal au c?ur" à la seule vue de la couleur. Et voilà comment passe-t-on du "bleu mourant"au "bleu à l'âme", repris comme tel par la langue populaire. "Blümerant", c'est aussi le nom donné à une installation géante de mots croisés sur la Gendarmenmarkt, conçue par les artistes du collectif msk7 pour évoquer toutes ces petites anecdotes à la croisée des deux langues. Entre le Französischer Dom et le Deutscher Dom, le collectif a en effet déroulé plusieurs lettres géantes, tout en pelouse artificielle, pour former symboliquement 9 mots qui se croisent, 9 mots qui racontent l'héritage culturel huguenot à Berlin./>

Trois siècles d'assimilation huguenote en quelques mots
Et on est en effet étonné de découvrir dans le dialecte berlinois tout ce vocabulaire (in)directement emprunté au français. Ainsi les Berlinois peuvent-ils porter un toast au "Général Knusemong"(qui revient en fait à saluer celui "en général que nous aimons") et manger parfois "mutterseelenallein"(moi tout seul) une bonne petite "Bulette"dans le quartier de "Moabit"(moi j'habite).
Toute une imprégnation bien vivace qui témoigne de relations franco-allemandes anciennes et intenses, d'un temps où 1 Berlinois sur 5 était d'origine française, et où "celui qui ne parlait français ne pouvait réussir à la cour de Prusse". Une influence telle que des mouvements de protestation s'élevèrent au XIXe siècle pour "épurer"la langue allemande de cette invasion francophone !/>

Elégance et inélégance française?
Mais le 5 mai dernier, point de francophobie pour l'inauguration de l'installation, bien au contraire ! Le pasteur du Französischer Dom souligne même que "les Français ont largement contribué à affiner les goûts et les manière des Berlinois, qui en avaient bien besoin !".
Ce vocabulaire franco-allemand correspond d'ailleurs aux "domaines-phares"de l'excellence française, celui de la mode et du raffinement (Négligé, Dessous), de la cuisine (Kompott, Frikassee), de la danse et? de l'armée. Les armées de Napoléon ont du reste parachevé l'assimilation de termes français en Prusse avec le célèbre "visite ma tente", une sorte d'invitation des soldats napoléoniens aux douces Berlinoises, afin, bien sûr, de discuter sous la tente autour d'un bon café? Le "Visite ma tente" devint vite le cliché de l'ennemi dans la bouche des mères berlinoises, qui recommandaient expressément à leur fille de ne pas faire de "Fisimatenten" (bêtises). Pour enrichir votre vocabulaire, rien de tel qu'une partie de mots croisés !
Blandine JOSSELIN (/>www.lepetitjournal.com/> - Berlin) mercredi 9 mai 2007/>

Kreuzworträtsel
Jusqu'au 17 juin au Gendarmenmarkt
U6 Französischestrasse/ U2 Stadtmitte
Pour en savoir plus sur l'influence française dans le dailecte berlinois, l'excellent petit livre de Ewald Harndt, Französisch im Berliner Jargon, Stapp Verlag Berlin, 1987.
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Publié le 9 mai 2007, mis à jour le 13 novembre 2012
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