Ilôt de résistance au milieu des rues chics de Mitte, la Haus Schwarzenberg incarne l'esprit berlinois, entre capitalisme, culture alternative et nostalgie du Berlin des années 30. Ce lieu chargé d'histoire nécessite aujourd'hui une importante rénovation, qui pose la question de sa survie
Quel avenir pour la Haus Scharzenberg, encore marquée de l'esprit des années 30 à Berlin? (photo. http://www.haus-schwarzenberg.org)
Au milieu des devantures joliment renovées de la Rosenthaler Strasse, à deux pas des Hackescher Höfe, le numéro 39 suprend, interpelle ou dérange. Après avoir franchi un seuil moins accueillant que les perrons impeccables des boutiques branchées voisines, vous voilà face à des affiches de cinéma et de nombreuses plaques en tous genres. Vous êtes dans la Haus Schwarzenberg, un lieu chargé d'histoire.
Au cours de la Seconde guerre mondiale, l'endroit abritait un atelier de tissage clandestin employant des Juifs non-voyants menacés par le régime hitlérien. Puis, à la fin de la guerre et avec la division de Berlin en secteurs d'influences occidentaux ou soviétiques, la Rosenthaler Straße et ses environs ont été délaissés. Près de 20 ans après la réunification, la rue est aujourd'hui devenue l'une des plus branchées de la capitale, où les promoteurs s'arrachent les mètres carrés.
Grâce à l'initiative de l'association Haus Schwarzenberg en 1995, le lieu a été conservé. Deux musées, un café, un cinéma, plusieurs boutiques de designers ou des ateliers d'artistes, l'endroit est hybride. Mais pour combien de temps?
Un projet en péril
Face à la pression immobilière qui sévit dans le quartier, ce havre de culture doit affronter un problème bien connu du Tacheles voisin : le rachat potentiel de la maison et sa rénovation. Or, rénover le lieu c'est aseptiser ces murs qui traversent les époques et qui sont parmi les derniers autour de Spandau à porter les stigmates des années 1930-1940. Après plus de dix années de présence, les membres de l'association sont conscients de la nécessité de faire des travaux mais préfèrent qu'ils ne dénaturent pas le lieu.
Aussi pourrez vous découvrir en flânant sur leur site Internet comment soutenir le projet par une aide financière ou simplement en devenant citoyen de la "Nouvelle République Schwarzenberg". Car les occupants de la maison forment une véritable communauté artistique, proposant le contre-pied des valeurs prônées par les façades voisines. Le cinéma Kino Central, par exemple, propose un programme original, loin des cartons du box-office, avec la rediffusion ce mois-ci du film des années 1930 de Berlin Alexanderplatz ou la projection de plusieurs films en VO autour des cultures ibéro-américaines. Un des derniers lieux alternatifs de Mitte.
Cécile DEBARGE. (http://www.lepetitjournal.com/berlin.html) jeudi 17 avril 2008
Site Internet de l'association : http://www.haus-schwarzenberg.org
{mxc}






















































