Édition internationale

BUREAU DU THEATRE ET DE LA DANSE – L'ange invisible des artistes de la scène contemporaine française en Allemagne

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 décembre 2015

Actif depuis près de vingt ans dans les coulisses de la collaboration franco-allemande, le Bureau du Théâtre et de la Danse est quasiment invisible dans le paysage berlinois. Ce bureau spécialisé du Service culturel de l'Ambassade de France réalise pourtant une action de longue haleine. Pour comprendre sa mission de développement de la présence des artistes contemporains français en Allemagne, le www.lepetitjournal.com/berlin a rencontré son équipe.

Logée dans le magnifique bâtiment de l'Ambassade de France à Berlin, l'équipe du Bureau du Théâtre et de la Danse (BTD se compose de trois personnes : son directeur Jean-Marc Diébold, une Chargée de projets culturels Alexandra Henn, et d'une stagiaire Barbara Casabianca. Créé en 1995 à Berlin, le BTD a fusionné en 2012 avec l'Institut français d'Allemagne, l'organisme principal de la présence culturelle française sur le territoire allemand. Au même titre que les quatre autres bureaux du Service culturel de l'ambassade consacrés à l'audiovisuel, à l'édition, à la musique, aux arts plastiques, il est donc chargé d'une double mission d'influence diplomatique et de promotion de la culture française dans le domaine de la danse et du théâtre. Leur efficacité a déclenché l'ouverture de nouveaux bureaux à l'étranger, notamment à Rome, dans les Balkans et en Amérique Latine pour le spectacle vivant. "A l'origine, les bureaux avaient un rôle de vitrine de la puissance française à l'étranger, mais leur manque de moyens a provoqué un heureux basculement de son mode de fonctionnement", explique Jean-Marc Diébold. L'objectif des bureaux ne concerne donc plus l'exportation de la puissance culturelle française, mais bien le développement d'un travail main dans la main entre les artistes et les institutions des deux pays. Le BTD est ainsi devenu la cheville de la collaboration artistique franco-allemande. "Nous devons perpétrer le dynamisme historique du spectacle vivant français en Allemagne, dû aux relations privilégiée que les deux pays entretiennent depuis toujours et dans tous les domaines", résume-t-il.

 

 

Une création contemporain compatible avec le grand public
Frileux de l'art contemporain, ne fuyez pas, car le BTD prend à c?ur de concilier contemporanéité et grand public. "Par scène contemporaine, on entend : auteurs vivants et nouvelles formes d'écriture artistiques" , explique Jean-Marc Diébold. A chaque saison, l'équipe cible son action sur un thème particulier. En 2014, la Belle Saison était créée en France pour faire découvrir au public toutes les richesse de la création pour l'enfance et la jeunesse. En écho au succès du programme, le BTD a mis en place une Belle Saison allemande. "Le théâtre jeune public allemand est un théâtre de texte, alors qu'en France, nous mélangeons la danse, aux marionnettes, au cirque et au théâtre d'objets", explique Jean-Marc Diébold. "2016 sera consacrée au nouveau cirque, car cet art rempli sa mission exigeante de renouvellement des formes contemporaines mais en s'adressant à tout le monde", poursuit-il. Avec moins de 5 compagnies en Allemagne, cette forme artistique est encore méconnue et n'attend qu'une chose : trouver son public ! Le cheminement de la création à la programmation est néanmoins long et le BTD est présent à toutes les étapes.

 

 

Une action en amont de la création
La première partie de son défi concerne l'action en amont de la création scénique. Pour ce faire, sa stratégie consiste aussi à soutenir la traduction, l'édition, la diffusion et la présentation, grâce à la mise en place d'outils qui facilitent les étapes de la production théâtrale. Dès 1999, le BTD a créé en partenariat avec le Goethe-Institut le programme intitulé « Transfert Théâtral (TT) Theater-Transfer », qui attribue des bourses de traduction à des auteurs français et allemands. Pour aider la diffusion des textes dramatiques, il a aussi lancé deux publications théâtrales annuelles : la collection littéraire « Scène » édite cinq pièces d'auteurs français traduits en langue allemande, tandis que la collection radiophonique « Dramatik/que » enregistre en allemand deux pièces d'auteurs français. "Comme les auteurs dramatiques allemands sont peu publiés en Allemagne, nous avons mis en place notre propre circuit de diffusion des auteurs ", explique Alexandra Henn. Le pari est réussi puisque l'Allemagne est devenu le deuxième pays non-francophone (troisième pays tout confondu) en terme de droits d'auteurs et que 628 pièces d'auteurs francophones y ont été montées ou lues depuis 1999. Mais pour populariser les artistes de la scène française contemporaine, le BTD est confronté à un cercle vicieux : pour être connu, il faut être programmé et inversement.

Le challenge de la programmation
L'autre versant du défi du BTD est bien celui de la présentation des ?uvres dramatiques françaises dans les théâtres allemands. Au total, 270 représentations ont vu le jour en 2015 grâce à l'action du BTD. "Avec 180 000 euros de budget et trois personnes à plein temps, l'objectif est atteint mais il est difficile de faire plus sans passer trop de temps à la recherche de sponsors", estime Jean-Marc Diébold. Il faut dire que l'organisation du théâtre public allemand autour des Staatstheater ne leur facilite pas la tâche. Ces théâtres d'Etat polarisés autour de la figure sacro-sainte du directeur artistique sont en effet peu ouverts à l'accueil d'artistes étrangers. "Il est quasiment impossible de faire programmer des spectacles français dans des théâtres allemands, car les places y sont rares", explique-t-il. "Nous collaborons donc avec des festivals, comme le F.I.N.D. à la Schaubühne consacré à la danse ; nous avons conclu une vingtaine de partenariats avec des lieux indépendants dans toute l'Allemagne ; et nous invitons les programmateurs allemands à des représentations pour influencer leurs choix", énumère-t-il. Sous leur impulsion, le « Fonds Transfabrik » a été créé en 2013 en partenariat avec le Goethe Institut pour encourager les projets de coopération et de création artistique entre 11 lieux culturels de renommée internationale des deux côtés de la frontière. Le programme s'articule autour de deux mots clefs : programmation et réflexion. "Il apporte une aide financière en coproduction aux projets, mais créé surtout un espace de dialogue entre les directeurs artistiques français et allemands", explique Alexandra Henn. "Sur 33 projets déposés, 7 venaient de France et 17 d'Allemagne, ce qui montre le manque de structure du côté allemand pour soutenir les résidences d'artistes et les tournées2 , ajoute Jean-Marc Diébold. "C'est pourquoi nous avons créé en 2013 le programme de résidence « Etape Danse » pour la création chorégraphique, en partenariat avec la Fabrik Potsdam", conclue-t-il. Elle reçoit en effet maintenant tous les ans des artistes français et leur prête pour une durée limitée un espace entièrement dédiée à la création.

Floriane Fumey (http://www.lepetitjournal.com/Berlin) vendredi 13 novembre 2015

Savoir plus :
https://www.institutfrancais.de/kultur/theater-tanz/bureau-du-theatre-de-la-danse
http://www.fondstransfabrik.com/projekt/

Retrouvez tous les spectacles soutenus par le BTD : https://www.institutfrancais.de/culture/theatre-danse/a-l-affiche?language=fr

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Publié le 28 décembre 2015, mis à jour le 19 décembre 2015
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