L'Espagne est proche de la France et jouit d'une croissance économique qui en fait un marché apetissant pour les entreprises hexagonales -elles sont d'ailleurs plus de 2.000 à être établies dans le pays. Pour autant il ne faudrait pas sous-estimer certaines difficultés et spécificités liées à cette installation, notamment eut égard aux considérations administratives, juridiques, culturelles ou commerciales. Voici un petit récapitulatif des erreurs les plus courantes commises par les entreprises parties à la conquête du marché espagnol.
1. Arriver avec une mentalité franco-française, sans connaître les spécificités espagnoles. Cela semble couler de source mais il n'est pas inutile de rappeler que l'Espagne n'est pas la France et que la création d'entreprise, son fonctionnement, certaines subtilités propres aux ressources humaines, mais aussi (et peut être surtout) sa finalité commerciale ne peuvent être automatiquement copiées-collées d'un pays à l'autre, même si le système a fait ses preuves dans l'Hexagone. Rien de tel pour pallier l'image arrogante encore trop associée aux Français au sud des Pyrénées, que de montrer sa connaissance de la langue ou des langues du pays, de sa culture, mais aussi de sa culture entrepreneuriale. Cela ne s'improvise pas et cela aura des conséquences sur la façon de se développer dans le pays.
2. Bâcler l'étude de marché. Elle est pourtant indispensable pour définir l'intérêt du produit pour le marché local : est-il adapté aux besoins, aux habitudes de consommation et au niveau de maturité du marché espagnols ? C'est l'étude de marché qui permettra de mieux connaître la clientèle potentielle, quantitativement et qualitativement, ses habitudes de consommation et ses canaux d'approvisionnement. Elle permettra de bien préparer le terrain, de connaître non seulement les débouchés commerciaux existants, mais aussi l'ensemble des acteurs actifs, concurrents et fournisseurs potentiels. Elle permettra de déceler certaines subtilités du secteur et de déterminer la meilleure formule pour son développement dans le pays : il faut donc lui dédier le temps qu'elle mérite.
3. Sous-estimer le rôle des communautés autonomes. Contrairement à la France, l'Espagne est un Etat décentralisé où les régions ont des compétences dans de nombreux domaines et où par conséquence un certain nombre de règles diffèrent d'une communauté autonome à l'autre. C'est le cas par exemple concernant les aides liées à la création d'entreprise ou la fiscalité, qui peuvent varier en fonction de la politique de développement promue dans chaque territoire. Dans certains secteurs, l'organisation du marché diffère complètement d'une communauté autonome à l'autre, à l'instar par exemple des normes qui le régissent ou des certifications nécessaires pour certains produits. Au-delà des différences culturelles qui existent d'une région à l'autre, et qui parfois sont des freins au développement commercial sur l'ensemble du territoire, les questions règlementaires peuvent donc aussi constituer autant de spécificités auxquelles l'entreprise devra faire face.
4. Ne pas se faire accompagner. Ou peut être pire, se faire mal accompagner. Il est important de s'entourer de spécialistes compétents connaisseurs du marché espagnol. Pour la création d'une filiale en Espagne, le recours à des banques, des cabinets de conseil juridiques, comptables et fiscaux spécialisés, compétents sur les problématiques franco-espagnoles, est essentiel au bon déroulement de la démarche, notamment pour contrôler et anticiper les délais de l'ensemble des procédures. Compter sur ses seules ressources pour créer sa filiales dans le pays peut vite s'avérer compliqué et devenir un véritable parcours du combattant. Le (bon) établissement des pouvoirs est notamment une étape à ne pas bâcler, sachant que les prérogatives d'un responsable de filiale ne sont pas les mêmes en France qu'en Espagne, où elles sont notablement plus contrôlées et doivent être bien plus clairement définies. Le passage devant le notaire est indispensable pour définir clairement les pouvoirs de chaque collaborateur, dont il faudra s'assurer l'existence d'une adresse physique et, dans le cas d'un dirigeant français, de l'obtention du NIE : autant d'étapes chronophages où le conseil d'un spécialiste fera gagner un temps précieux.
5. Ne pas maîtriser les délais. Il faut en moyenne compter 3 mois pour créer sa filiales en Espagne, contre environ 3 semaines en France. La différence n'est pas anodine dans un plan de développement, encore moins si elle retarde dès le départ la bonne marche de ce dernier.
6. L'erreur de casting. Le développement dans le pays requiert de commencer avec les bonnes personnes. C'est vrai, on l'a vu, concernant les banques et cabinets de conseil qui vont accompagner les démarches d'installation. C'est aussi essentiel concernant la personne qui va représenter la société et gérer son démarrage, notamment commercial. S'entourer de professionnels compétents, qui connaissent bien le secteur et le pays, constitue un gage supplémentaire de succès. Autant donc éviter d'envoyer depuis la France de jeunes recrues non expérimentées et non qualifiées, en imaginant qu'elles sauront se faire les dents et se débrouiller toutes seules, ou de recruter à la légère en local. A cet égard, le recours au V.I.E. est une formule de plus en plus en vogue en Espagne, permettant à moindre coût et en s'appuyant sur un jeune diplômé d'amorcer les premiers pas dans le pays, avant un investissement commercial plus conséquent.
7. Tout faire à distance. Attention : difficile d'assurer un succès commercial piloté depuis la France. Certaines entreprises ont tendance à déléguer beaucoup aux équipes sur place en attendant un retour parfois excessif par rapport à ce que le personnel local est disposé à produire. Pourtant, il est important de s'investir un minimum sur place pour assurer le management, la motivation ou le marquage d'objectifs, et pour se garantir suivi, feed-back et atteinte des objectifs.
8. Ignorer l'importance du relationnel. En Espagne plus qu'en France l'aspect relationnel est primordial dans la bonne marche de l'entreprise. Et ce n'est pas seulement que beaucoup d'affaires se concluent au restaurant, suite à une conversation sur les vacances en famille ou l'état du championnat de football, mais sinon bel et bien que le réseautage constitue une des meilleures façons de travailler et que la mise en contact ou le piston sont profondément assumés. Il est en Espagne plus qu'ailleurs recommandé d'abandonner son courriel et de sortir à la rencontre de l'autre, et tous les prétextes sont bons, pendant ou en dehors des horaires de bureau. Repas au restaurant, séances de networking, afterwork, événements sociaux, loisirs... On mélangera plus volontiers la vie personnelle et la vie professionnelle en Espagne qu'en France, autant s'y préparer et savoir en tirer partie.
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