Il n'y a pas de données officielles sur le nombre de logements occupés par des squatters (appelés okupas en Espagne), mais ce qui est clair, c'est qu'en six ans, ce phénomène a explosé.
Le mouvement "okupa" a commencé au début des années 80, lorsque des bâtiments abandonnés et démolis situés à la périphérie des villes ont été "okupés", avec en plus une certaine dose "hippie", ce qui rendait ces squatters presque "sympathiques".
Premier squat à Barcelone
En fait, tout remonte au 7 décembre 1984, lorsqu'une vingtaine de jeunes âgés de 16 à 24 ans, chargés de matelas, brisent la chaine de la porte d'une vieille clinique inhabitée et abandonnée depuis presque 20 ans, située au 18 rue Torrent de l'Olla à Barcelone. Sans le savoir, ils venaient de mettre en scène le premier mouvement okupa dans l'histoire de l'Espagne. Ce "squat express" ne durera que quelques heures, puisque la police arrivera deux heures plus tard et arrêtera les squatters.
Dans les années 2000, les okupas ont commencé à squatter des logements que les banques avaient confisqués à leurs propriétaires pour cause d'impayés. Étant donné que les banques avaient le mauvais rôle puisqu'elles mettaient parfois à la rue des familles, les expulsions mobilisaient une partie de la société en faveur des plus vulnérables, comme l'a d'ailleurs fait à l'époque Ada Colau, aujourd'hui maire de Barcelone.
Mais désormais, les okupas ne vont plus dans les banlieues pour squatter des immeubles délabrés, ni dans le parc immobilier des banques. Ils squattent des appartements dans les centres villes, des lotissements entiers et même des villas avec piscine. Il existe depuis quelques années des mafias spécialisées qui se chargent d'"okuper" des logements pour ensuite les sous-louer, en particulier en Catalogne.
La Catalogne, la région la plus touchée avec 42% des squats
Le ministère de l'Intérieur espagnol souligne d'ailleurs dans un rapport sur ce sujet que la Catalogne est la communauté qui compte le plus de squatters, soit 42% du total en Espagne, et Barcelone est la principale province avec 4.875 logements squattés. La Generalitat explique qu'en 2022, 7.168 squats ont été signalés, soit 2,4% de moins qu'en 2021. Cependant, depuis 2017, la croissance de ces réclamations a grimpé de 82% dans cette région.
En revanche, il n'existe pas de données officielles sur le nombre de logements squattés en Espagne. La Plataforma Afectados por la Ocupación (la plateforme des victimes de squatters) estime qu'il y a en Espagne 100.000 logements squattés. Ce chiffre est cohérent avec une étude de l'Institut Cerdá, qui estimait le nombre de logements squattés en 2017 à 87.500. Or, depuis cette année-là (on l'a vu pour la Catalogne), le nombre de plaintes a augmenté de manière significative.