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Yann Monod: "Déjà 5 millions de voyageurs LGV entre France-Espagne"

Yann MONODYann MONOD
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Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 3 décembre 2019, mis à jour le 3 décembre 2019

C’est le fruit de la coopération franco-espagnole entre RENFE et SNCF. Depuis les travaux de connexion des lignes à grande vitesse des 2 pays, le nombre de voyageurs n’a cessé d’augmenter. Confort, simplicité, paysages, mais aussi empreinte carbone sont les principales raisons de cet engouement.
 

Le partenariat entre RENFE et SNCF n’est pas nouveau, mais il fait un bond spectaculaire en 2013 lors de la connexion à grande vitesse par le tunnel du Perthus reliant Figueras à Perpignan. Il faut rappeler que pour des raisons historiques, en Espagne, l’écartement des voies ferrées est différent des voies françaises. Par contre, pour les lignes à grande vitesse, le train espagnol AVE utilise l'écartement européen. Grâce à ces travaux d’infrastructures du côté espagnol et dans le tunnel de Perthus, les trains à grande vitesse peuvent alors circuler sans problème entre la France et l’Espagne et les voyageurs n’ont donc plus à effectuer de changement de trains à la frontière.
 
Comme son nom l’indique, "RENFE-SNCF en Coopération", qui va fêter en décembre ses 6 ans d’existence, est le résultat de la coopération entre les deux entreprises ferroviaires, actionnaires à 50%. "C'est la volonté non seulement de RENFE et de SNCF -indique Yann Monod, Directeur General de RENFE-SNCF en Coopération- mais aussi celle des deux États français et espagnol, et cela symbolise le lien franco-espagnol qui existe déjà dans d’autres domaines, mais il était important que cette liaison se forge également au niveau des transports". 
 
Et les résultats de cette interconnexion ferroviaire ne se sont pas faits attendre. "Nous venons de fêter le 5 millionième voyageur international –affirme Yann Monod. Si l’on ajoute les clients domestiques, nous en sommes à pratiquement douze millions de voyageurs". Au cours des six dernières années, il y a ainsi eu environ 22.000 circulations de trains à grande vitesse entre l'Espagne et la France, ce qui représente plus de 3 milliards de kilomètres parcourus. 
 
En tout, 21 villes en France et en Espagne sont interconnectées. Il existe 4 routes: Barcelone-Paris, Barcelone-Lyon, Barcelone-Toulouse et Madrid-Marseille. En ce qui concerne le projet d’un Madrid-Paris à grande vitesse qui passerait par Irún (on se souvient avec nostalgie du Talgo de nuit entre Madrid et Paris), Yann Monod a signalé que le projet d’un produit similaire qui passerait par le Pays basque n’est pas encore envisageable à court terme. "Pour arriver jusqu’à la frontière -explique-t-il- il manque quelques tronçons de voies rapides aux normes européennes entre Madrid et Irún, et cela représente de gros investissements".

 

47% des clients ne sont ni français ni espagnol

 
Le public qui utilise ces trains franco-espagnols est très varié. "Nous avons été surpris par le profil de nos voyageurs -raconte le Directeur General de RENFE-SNCF en Coopération. En effet, 47% des clients ne sont ni français ni espagnol; 32% sont français et 21% sont espagnols. Il s’agit donc de trains utilisés presque en majorité par des clients étrangers du monde entier". Parmi ces derniers, les premiers proviennent d'Amérique du Nord, ensuite viennent les voyageurs du reste de l'Europe et enfin d'Amérique latine ou centrale. "Pour ce genre de clients -explique Yann Monod- il faut penser que les Américains sont arrivés en Europe après un long voyage en avion et ils aspirent à autre chose. Ils veulent faire un tour de l'Europe d’une manière différente, dans un mode de transport plus confortable, découvrir les paysages bien sûr, et enfin connaître l'expérience de la grande vitesse européenne, puisqu’aux États-Unis il n'y a pas ce genre de train". 

 

Bon pour la planète

Le train revient à la mode et il semble qu’il bénéficie de la préoccupation croissante du public pour l’environnement. C’est en effet l’un des moyens de transport qui pollue le moins. En terme de CO2, le train à grande vitesse contamine 10 fois moins qu'un avion ou son équivalent en voitures. Sur 100 km parcourus, un train à grande vitesse produit 15 kg de CO2 de moins qu'un avion. "Il est clair que l'empreinte carbone devient un facteur important dans la décision de voyager en train -affirme Yann Monod. Et ce mode de transport va devenir de plus en plus un choix délibéré pour cette raison, comme nous l’indiquent de nombreux clients".
 
L’aspect pratique est un autre élément important. En effet, le train transporte les voyageurs d’un centre-ville à un autre, rien à voir avec l'avion. En outre, le voyageur n'est pas obligé d'arriver deux heures avant l’embarquement. Comme le rappelle le Directeur General de RENFE-SNCF en Coopération, "on peut monter dans le train jusqu'à 2 minutes avant le départ ! L'accès est donc simple et pratique". Le confort est un autre argument, avec des sièges larges, de l'espace pour les jambes, des prises sur chaque siège et la wifi, qui a été installée il y a un an. Et pas de mauvaises surprises quant aux bagages. Le prix du billet comprend jusqu'à trois valises par passager. Enfin, voyager à bord du train signifie passer des moments agréables en profitant d’une multitude de paysages très différents de chaque côté des Pyrénées. 
 
Ces trains profitent également du fait que la France et l’Espagne sont les deux pays qui reçoivent le plus de touristes au monde. "À peu près 80% des clients qui voyagent dans nos trains le font pour leur loisir -rappelle Yann Monod. Et nous comptons développer encore le trafic à l'international, en captant de nouveaux clients et en leur donnant l'envie de voyager en train". Pour cela, RENFE-SNCF en Coopération développe des partenariats avec les différentes villes desservies, pour vanter entre autre leurs atouts culturels ou gastronomiques. "Il s’agit d’optimiser notre produit afin d’être plus présent sur l'ensemble des destinations –ajoute Yann Monod. Au début on ne parlait que des aspects touristiques des villes de départ et d’arrivée mais nous travaillons à présent de plus en plus sur les destinations intermédiaires, comme Avignon, Nîmes, Sète et Narbonne en France ou Tarragone et Saragosse en Espagne, qui sont moins connues à l’étranger. Le potentiel est énorme". En 2019 le nombre de clients a ainsi augmenté de 4% par rapport à 2018, et ce, malgré un contexte pas toujours facile.

Pour plus de renseignements : www.renfe-sncf.com

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