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L'Espagne ne protège pas suffisament ses cours d'eau, selon l'UE

doñanadoñana
CC BY-SA 3.0 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wetlands_in_Donana.jpg
Écrit par Victoria Philippe
Publié le 13 mars 2019, mis à jour le 18 février 2021

Selon un rapport réalisé par la Commission européenne, l'Espagne n'applique pas bien la directive-cadre sur l'eau dictée par l’UE, qui vise à rétablir le bon état écologique des cours d'eau.


Telle est la principale conclusion de la récente évaluation réalisée sur les plans hydrologiques européens au cours de la période 2016-2021. 

Le rapport de la CE contient à nouveau de vives critiques sur la gestion de l’eau menée ces dernières années par l’Espagne. De récentes communications de la CE avaient déjà mis en évidence les graves lacunes dans la mise en œuvre des politiques européennes de l'eau au niveau national. Cette instance a renvoyé devant la Cour de justice européenne les affaires de mauvaise gestion de l’eau dans la région de Doñana en Andalousie, l’absence de protection contre les inondations dans les îles Canaries et le manque d’épuration des eaux usées dans certaines agglomérations urbaines. 

Les autorités espagnoles n’ont pas été en mesure de résoudre les problèmes d’eau internes et de se conformer aux objectifs de protection de l’environnement et de protection des eaux prévus dans les directives européennes. Dans le précédent rapport (publié en 2015), l'Espagne avait déjà reçu 37 recommandations pour améliorer sa gestion de l'eau.


Le rapport met en évidence 25 défaillances 

Le nouveau rapport reconnaît que l'Espagne a appliqué les recommandations de la CE dans 6 des cas. Cependant, le pays n'a que partiellement appliqué le reste des recommandations et dans sept d'entre elles, rien n'a été réalisé.  
La Commission européenne propose à nouveau à l'Espagne 25 recommandations pour les années à venir pour protéger les rivières, les lacs, les aquifères et autres plans d'eau. La qualité des rivières ne s'est pas améliorée au niveau mondial et près de la moitié des masses d'eau des rivières sont dans un état écologique médiocre (46%).

Le rapport souligne qu'il n'y a pas de contrôle adéquat de l'eau extraite. C'est pourquoi l'Espagne devrait "étendre l'utilisation des débitmètres", en particulier pour l'irrigation, "pour s'assurer que tous les prélèvements sont mesurés et enregistrés" et que l'extraction est "conforme aux ressources disponibles".


Les principales lacunes soulevées par le rapport 

Le rapport de la communauté affirme que le contrôle des prélèvements d'eau est insuffisant et que les indicateurs clés permettant de déterminer si les rivières sont en bon état sont peu échantillonnés.
"Le nombre de débitmètres n'a pas augmenté et il n'y a pas de chiffres transparents sur toutes les utilisations de l'eau, ce qui devrait figurer dans un registre transparent accessible à tout citoyen", souligne Julia Martínez, directrice technique de la Fundación Nueva Cultura del De l'eau

La question des débits écologiques n'a pas non plus été résolue. Il y a eu une amélioration par rapport aux premiers plans, mais il y a des bassins où il n'y a pas de tels progrès. Dans l'Èbre et le Tage, il existe de nombreux cours d'eau sans régime de débit minimal (ce qui les rend vulnérables à des extractions disproportionnées alors que leur biodiversité est menacée) et on ne sait pas quand les études nécessaires pour fixer les débits écologiques dans ces bassins seront réalisées.
La CE demande finalement que des programmes de suivi soient mis en place pour suivre "tous les indicateurs qui permettent d'analyser si un cours d'eau est en bon état ou non". 


Peu de progrès réalisés dans la récupération des obstacles qui bloquent les cours d'eau à l'aide de digues ou de barrages

En Espagne, de nombreux secteurs, très influents dans l'administration de l'eau, ont été réticents à évaluer les impacts des barrages, réservoirs, et canalisation. "Ces études hydromorphologiques ne sont pas utilisées. Et si elles l’étaient, la proportion de plans d'eau en mauvais état serait probablement beaucoup plus élevée que ce qui apparaît aujourd'hui dans les chiffres officiels", explique Julia Martínez, directrice technique de la New Water Culture Foundation. 

La CE considère qu'il y a peu d'échantillons de contaminants chimiques dangereux comme les pesticides, contaminants industriels, résidus de médicaments, et que lorsqu'ils sont présents, ils sont peu fréquents. Elle considère que les plans hydrologiques espagnols ne mettent pas l'accent sur l'analyse des polluants spécifiques à chaque bassin, le lindane, par exemple dans le bassin de l'Èbre, tâche complémentaire de l'analyse des polluants communs dans l'UE.

Il est également demandé qu'il soit clairement défini dans chaque tronçon de rivière quelles sont les causes des pressions sur les rivières et leur dégradation, de mieux définir les mesures à adopter et de concrétiser les actions. 

Le WWF demande à l'Espagne de s'engager davantage


 
Suite à ce rapport le WWF a appelé les autorités espagnoles à "plus d’ambition et d’engagement" dans la mise en œuvre de la directive-cadre sur l’eau par la mise en œuvre des mesures "visant à améliorer l’état des rivières, des zones humides et des aquifères". 

Par ailleurs l’agence demande instamment au gouvernement de respecter le principe de recouvrement des coûts des services d’eau. Ce principe exige que les États membres fixent un prix de l’eau qui encourage l’utilisation rationnelle des ressources en eau et assure la contribution adéquate des utilisateurs d’eau à l’amélioration de l’état des rivières. 
 

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