Le décès d’une Thaïlandaise entre deux hôpitaux le 9 novembre relance le débat sur le système de santé à deux vitesses en Thaïlande et met en lumière les attaques à l’acide sur les femmes
Une mère de famille de 38 ans est morte dans un taxi sous les yeux de sa fille de 12 ans le 9 novembre, après avoir été aspergée d’acide au visage par son mari. Son décès, intervenu alors qu’elle venait de quitter en taxi un hôpital privé pour se rendre dans un hôpital public dans lequel elle bénéficiait d’une prise en charge par la sécurité sociale, fait l’objet d’une enquête lancée par le ministère thaïlandais de la Santé après que l’avocat de la famille a porté plainte et menacé d’engager des poursuites en justice contre le premier hôpital, rapportent The Nation et Khaosod.
L’avocat accuse l’hôpital Praram 2 d’avoir refusé de traiter en urgence la femme brulée au visage et dans la bouche et de s’en être débarrassée en la mettant dans un taxi en direction d’un hôpital public.
Selon le ministère de la Santé cité par Khaosod, tout hôpital, qu’il soit privé ou public, se doit de traiter les patients dont le diagnostic vital nécessite des soins d'urgence. Mais l’hôpital Praram 2 se défend en soutenant que l’état de la jeune femme ne constituait pas une urgence médicale.
La version des faits donnée par l’hôpital diverge de celle de la fille de la victime qui a décrit à la presse des blessures et des souffrances intenables pour sa mère. L'enquête du ministère est en cours .
En attendant, le mari qui a perpétré l’agression a été arrêté lundi matin dans la maison d’un ami dans la province de Nakhon Sawan où il s’était réfugié, selon le Bangkok Post. L’homme, âgé de 50 ans, est accusé d’avoir jeté de l’acide au visage et dans la bouche de son épouse -avec qui il était marié depuis peu- dans un acte apparent de jalousie.
Ce genre d’agressions n’est pas rare en Thaïlande même si elles sont beaucoup plus fréquentes dans d’autres pays de la région, le Cambodge, l'Inde et le Bangladesh faisant partie des pays les plus concernés au monde. Chaque année, au moins 1.500 attaques à l’acide sont répertoriées dans le monde -dont 80% de femmes- selon l’organisation Acid Survival Trust International (ASTI) qui estime que le chiffre réel pourrait être plus que doublé, les agressions ne faisant pas systématiquement l'objet de plaintes..