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Un volailler thaïlandais blâmé multiplie les plaintes en diffamation 

Diffamation volailler thailandaisDiffamation volailler thailandais
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 29 novembre 2018, mis à jour le 27 décembre 2019

Des défenseurs des droits de l’homme ont appelé mercredi à ce que les poursuites en diffamation portées contre une militante ayant tweeté des allégations d’abus sur le droit du travail par un éleveur thaïlandais soient abandonnées.

La Thaïlande exporte vers les marchés occidentaux pour des milliards d’euros de produits agricoles issus de secteurs mal réglementées qui reposent sur une main-d'œuvre migrante originaire de Birmanie, du Cambodge et du Laos.

Un élevage de poulets appartenant à la société Thammakaset, dans la province de Lopburi, s’est trouvé en 2016 au cœur de disputes avec des travailleurs birmans à propos de journées de travail épuisantes, d'heures supplémentaires non rémunérées et de papiers d'identité confisqués.

Il a riposté par une série de procès en diffamation -une infraction pénale en Thaïlande- mais n'a pas encore gagné.

Néanmoins, sa société vient de déposer de nouvelles plaintes pour diffamation contre l’une des ex-employés nommée Nan Win et contre une activiste thaïlandaise connue, Sutharee Wannasiri, qui avait partagé sur les réseaux sociaux une vidéo de 107 secondes produite par l’ONG Fortify Rights concernant la ferme volaillère.

Fortify, où travaillait Sutharee à l'époque, a exhorté l’entreprise et les autorités à abandonner la plainte, qui doit être envoyée devant le tribunal le 3 décembre. "Ces plaintes constituent une forme de harcèlement judiciaire et devraient être immédiatement abandonnées", a déclaré Amy Smith de Fortify. La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) a également condamné les poursuites.

Mais le propriétaire de Thammakaset, Chanchai Pheamphon, estime qu'il a été obligé d’engager les poursuites pour défendre le nom de sa société contre de fausses allégations. "Pendant ces deux dernières années, tout le monde m'a accusé, mais ils n'ont jamais mené une vraie enquête", a-t-il déclaré, démentant les accusations selon lesquelles il aurait confisqué les passeports et obligé les travailleurs à endurer des journées de travail herculéennes de plus de 20 heures. "A partir de maintenant, vous verrez que d'autres poursuites seront intentées contre une série de soi-disant défenseurs des droits de l'homme en Thaïlande qui, pour moi, sont en réalité des violeurs (des droits de l’homme)", a-t-il lancé, ajoutant que les tentatives de négociation avaient échoué.

Betagro, un géant thaïlandais de l'alimentaire qui vend à travers le monde entier, a déclaré qu'il avait rompu ses liens avec le fournisseur depuis le début des plaintes pour abus sur le droit des travailleurs. 

En cas de condamnation, Sutharee et l’ex-employée de Birmanie risquent jusqu'à deux ans de prison et de lourdes amendes. Sutharee estime que le procès n’est rien de moins qu’une "tactique d'intimidation".

L'activisme est semé d'embûches en Thaïlande, où l'élite politique et le monde des affaires intentent fréquemment des poursuites judiciaires contre leurs détracteurs.
 

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