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Procès en diffamation contre des ouvriers migrants pour s’être plaints

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LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP - Photo de groupe des travailleurs birmans avant d'entrer dans le tribunal mercredi

Le procès pour diffamation engagé par le géant de l’agro-alimentaire thaïlandais Betagro contre 14 travailleurs birmans qui avaient accusé une ferme de violations du droit du travail, a démarré mercredi. Une affaire dénoncée par les défenseurs des droits humains comme une tentative destinée à réduire au silence et refreiner les lanceurs d’alerte.

En 2016, un groupe de travailleurs birmans d'un élevage de poulets avaient porté plainte auprès de la commission nationale des droits de l’homme pour "travail forcé" contre leur employeur ainsi que le géant de l'agroalimentaire Betagro, client de la ferme et fournisseur des marchés européens. Ils avaient alors dénoncé une surcharge de travail, disant qu’ils étaient obligés de travailler jusqu’à 20 heures par jour sans compensations des heures supplémentaires, et d’autres types d’abus dans cette ferme appartenant à la société Thammakaset, entreprise sous-traitante du géant Betagro. 

L'entreprise avait nié les accusations et les plaignants avaient été inculpés pour diffamation et pour avoir donné de fausses informations aux pouvoirs publics, ce qui peut leur valoir jusqu’à 1 an et demi de prison. Ils avaient ensuite été arrêtés pour le vol des cartes de pointage qu'ils avaient déposées comme preuves des journées de travail excessives qui leur étaient imposées.

Mercredi, les travailleurs migrants se sont présentés devant la cour de Bangkok pour le début du procès de trois jours.

"Les travailleurs n’ont fait que porter plainte parce qu’ils estimaient que leurs droits avaient été bafoués et ils demandaient à ce qu’un organisme indépendant enquête," a rappelé l’avocat de la défense, Nakhon Chomphuchat, avant que le procès ne s’ouvre. "Ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu", a-t-il ajouté.

La société Thammasaket n’était pas immédiatement disponible pour s’exprimer sur le sujet.

La Thaïlande a la mauvaise réputation d'exploiter les quelques millions de travailleurs migrants qui œuvrent au sein de ses flottes de bateaux de pêche, de ses fermes et usines en étant traités comme des citoyens de seconde zone.

La plupart d’entre eux n’ont pas de papiers, ce qui les rend vulnérables vis-à-vis d’employeurs sans scrupules, de la police et des trafiquants d’êtres humains.

La Thaïlande interdit également aux étrangers de former des syndicats. Beaucoup de ceux qui se plaignent se retrouvent sans travail voire poursuivis en vertu de la loi de diffamation, une arme fréquemment utilisée par les puissants en Thaïlande pour réduire au silence leurs détracteurs.

En amont du procès, des groupes de défense des droits humains avaient demandé à Thammasaket d’abandonner l’affaire et avaient appelé à une réforme de la loi de diffamation du royaume jugée trop sévère.
 

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