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Un hôtel thaïlandais et un client au pénal pour commentaires négatifs

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LPJ Bangkok.com
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 2 octobre 2020, mis à jour le 5 octobre 2020

Un hôtel de l’Est de la Thaïlande a porté plainte au pénal contre un client qui risque la prison pour une série de critiques négatives sur Internet, les deux parties sont en procédure de conciliation

Un Américain résidant en Thaïlande risque jusqu'à cinq ans de prison pour avoir posté sur différentes plateformes Internet des commentaires sur un hôtel de Koh Chang - la direction a jugé que le contenu des posts était insultants au point de porter plainte pour diffamation auprès de la Cour pénale.

Mais les deux parties ont annoncé jeudi que l’affaire allait passer ce mois-ci par une procédure de conciliation, chose courante dans ce genre de cas en Thaïlande.

Cette affaire qui oppose l'hôtel Sea View Koh Chang et Wesley Barnes, un enseignant américain, attire une fois encore l’attention sur la sévérité de loi thaïlandaise de diffamation -qui, dans le royaume, relève du pénal- et de la loi sur les crimes informatiques, que les défenseurs des droits de l'homme jugent disproportionnée.

Le Sea View Koh Chang a déclaré dans un e-mail que la séance de conciliation avait été fixée au 8 octobre avec Wesley Barnes, qui travaille en Thaïlande.

"Il semblerait que l'hôtel soit prêt à trouver un arrangement", a déclaré l’accusé dans un message à Reuters. "Je les rencontrerai la semaine prochaine pour, espérons-le, mettre fin à cette affaire une fois pour toutes. Ce serait merveilleux de pouvoir mettre cela derrière nous".

La police a déclaré que le Sea View Koh Chang avait déposé une plainte en août après la publication par Wesley Barnes de commentaires que l'hôtel considère comme "des critiques fausses et diffamatoires" sur TripAdvisor et Google. Un différend avait opposé lors de son séjour, le client à la direction de l’hôtel autour de frais de bouchon de 500 bahts (13,5 €).

L'hôtel a dit avoir fait un signalement auprès de Tripadvisor sur le caractère jugé abusif des divers avis postés par Wesley Barnes et que certains d'entre eux avaient été supprimés par la plateforme de notation.

Wesley Barnes a été arrêté le 12 septembre et libéré deux jours plus tard après avoir déposé une caution, a indiqué la police de l'île.

En vertu de la loi de diffamation et de la loi sur les crimes informatiques, il risque une amende ne pouvant dépasser 100.000 bahts (3.700 €) et jusqu’à cinq ans de prison.

Wesley Barnes soutient le bien fondé des critiques qu'il a publiées, affirmant que le service était mauvais et que le gérant du restaurant était agressif. Il a déclaré que Tripadvisor n'avait pas publié certains de ses commentaires.

Tripadvisor a suspendu temporairement le module permettant de déposer des avis sur le Sea View Koh Chang, et a déclaré enquêter sur l'incident avec l'ambassade des États-Unis en Thaïlande.

"Tripadvisor est opposé à l'idée qu'un voyageur puisse être poursuivi pour avoir exprimé des opinions", a souligné la plateforme dans un e-mail à Reuters.

De son côté, le Sea View Koh Chang a diffusé sa version des faits relayée par Richard Barrow selon laquelle le différend autour des frais de bouchon se serait conclu par une exemption desdits frais. L’hôtel fait par ailleurs état d’un acharnement de la part de l’accusé, évoquant une série de commentaires "diffamatoires" postés sur plusieurs jours, et souligne que la direction a tenté de le joindre pour discuter mais qu’il n’a répondu qu'une fois la plainte déposée.

L'article 326 du Code pénal thaïlandais prévoit pour les cas de diffamation une peine maximale d'un an d'emprisonnement et/ou une amende pouvant aller jusqu'à 20.000 bahts. Cela dit, selon l’article 328, s’il s’agit d’une diffamation "par voie de publication" la peine peut aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 200.000 bahts.

Il faut savoir que la justice thaïlandaise peut se considérer compétente sur des contextes dépassant le champ de ses frontières.

En 2018, les responsables thaïlandais et français de Lepetitjournal.com Bangkok avaient comparu devant la Cour pénale de Bangkok, en vertu de ces mêmes lois de diffamation, suite à des poursuites engagées par le représentant d’une association française résidant en Thaïlande eu égard à des propos tenus par un député français dans une interview sur les élections législatives françaises.

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