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Pas de dissolution pour le fer de lance de l’opposition thaïlandaise

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REUTERS / Soe Zeya Tun - Les partisans du parti Anakot Mai (Future Forward) expriment leur joie après le verdict de la Cour constitutionnelle thaïlandaise, le 21 janvier 2020

La Cour constitutionnelle de Thaïlande, mardi, a déclaré non coupables des personnalités du parti Anakot Mai accusées de menacer la monarchie, des allégations qui auraient pu entrainer la dissolution du parti d'opposition le plus en vue.

Le verdict a été reçu comme un grand soulagement pour l'opposition, qui avait dénoncé les accusations comme étant purement politiques et destinées à réprimer l'opposition au gouvernement dirigé par l’ancien chef de la junte et la clique ayant participé au régime militaire précédent.

La Cour a rejeté les allégations selon lesquelles le parti aurait pour dessein de renverser la monarchie, des accusations basées sur des messages postés sur les réseaux sociaux et des publications universitaires par des membres clés.

"Les accusés n'ont pas agi (...) pour renverser la monarchie constitutionnelle", a déclaré Taweekiat Meenakanit, l'un des neuf juges.

La plainte rejetée par la Cour alléguait également qu’Anakot Mai - connu aussi sous l’appellation anglaise Future Forward Party - était lié aux Illuminati, une société secrète qui, selon les théoriciens du complot, chercherait à dominer le monde. Les accusateurs avaient notamment pris pour preuve que le logo du parti, en forme de pyramide inversée, rappellait des symboles prêtés aux Illuminati.

Le juge n'a pas abordé la prétendue connexion avec les Illuminati, mais il a souligné que le logo du parti avait été approuvé par la Commission électorale, ce qui signifiait qu'il n'était pas considéré comme hostile à la monarchie.

Mais Taweekiat Meenakanit a cependant noté que le parti devrait réviser le libellé de son manifeste, qui déclare qu'il respecte le "principe démocratique selon la Constitution", pour dire "système démocratique avec le roi comme chef de l'Etat".

Le roi Maha Vajiralongkorn, 67 ans, est en principe un monarque constitutionnel, mais dans la culture traditionnelle thaïlandaise ravivée par son prédécesseur Bhumibol Adulyadej, le monarque est vénéré comme le protecteur du pays, et insulter le roi est une infraction pénale passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison. Chercher à abolir la monarchie est de fait considéré comme une infraction extrêmement grave dans le royaume.

Fondé il y a deux ans, Anakot Mai est arrivé troisième lors des élections législatives de mars 2019. Des élections dénoncées par les différents partis d'opposition comme manipulées pour favoriser le parti pro-militaire Palang Pracharat, dont la victoire a permis de réinstaller l'ancien chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha, 65 ans, en tant que premier ministre, cinq ans après avoir organisé un coup d'État militaire.

Le leader d’Anakot Mai, Thanathorn Juangroongruangkit, 41 ans, s'est révélé comme le principal opposant au gouvernement.

Au siège du parti à Bangkok, les partisans ont applaudi, mardi, après le prononcé du verdict.

"Cette affaire de justice n’avait pas lieu d’être. Je tiens à souligner que ni Thanathorn, ni moi-même, ni le parti, ne voulons déstabiliser la monarchie constitutionnelle", a déclaré Piyabutr Saengkanokkul, secrétaire général du parti.

Mais les analystes rappellent qu’Anakot Mai n’est pas à l’abri de la dissolution, le parti faisant l’objet d’autres affaires en cours.

Il est notamment accusé d’avoir enfreint les lois électorales en acceptant des prêts de la part du chef du parti.

"Il n’en reste pas moins que les jours de Future Forward sont comptés", souligne Thitinan Pongsudhirak, analyste politique à l'Université Chulalongkorn.

"Parce qu'ils s'opposent à la junte militaire, défendent des réformes et une nouvelle Thaïlande que l'establishment conservateur n'acceptera pas."
 

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