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Manifestation à Bangkok contre la dissolution d’un parti progressiste

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REUTERS / Soe Zeya Tun - Des étudiants et sympathisants thaïlandais manifestaient samedi à Bangkok contre la dissolution par la Cour constitutionnelle du deuxième plus grand parti d'opposition de Thaïlande

Des centaines d'étudiants et de sympathisants ont manifesté samedi à Bangkok contre la dissolution par la Cour constitutionnelle du deuxième plus grand parti d'opposition de Thaïlande, moins d'un an après des élections qui ont mis fin au régime militaire direct.

Vendredi, la Cour constitutionnelle a dissous le futur parti Anakot Maï -connu aussi sous le nom anglais Future Forward- qui avait remporté plus de 6 millions de voix l'année dernière et s’était classé troisième, pour avoir accepté un prêt de la part de son fondateur Thanathorn Juangroongruangkit.

La cour a également interdit à ce dernier et 15 autres cadres du parti de faire de la politique pendant 10 ans. 

Cette dissolution renforce bien évidemment la position au Parlement de la coalition dirigée par le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, l'ancien chef de la junte qui avait pris les rênes du pouvoir lors du coup d'État de 2014 avant de se faire élire l’an dernier à l’issue d’élections controversées.

L'Union étudiante de Thaïlande a lancé un appel au rassemblement à l'Université de Thammasat pour protester contre la dissolution d’Anakot Maï, qui tirait principalement sa force électorale des jeunes.

"Nous organisons cette manifestation contre l'injustice dans le pays", a déclaré à Reuters la présidente du syndicat étudiant Jutatip Sirikhan, 21 ans.

Les manifestants ont fait le salut à trois doigts, inspiré des films Hunger Game, symbole de résistance adopté après le coup d'État, puis ils ont allumé des bougies.

Le ministère de la Santé s’est fendu d’une mise en garde contre les rassemblements publics pointant les inquiétudes liées à l’épidémie de coronavirus - la Thaïlande a enregistré 35 cas depuis janvier.

"Il n’est pas souhaitable d’organiser un rassemblement politique en ce moment, cela pourrait augmenter le risque d'une épidémie", a déclaré un responsable du ministère, Tanarak Pipat. Certains manifestants portaient des masques médicaux.

Les dirigeants d’Anakot Maï, qui se traduit en français par Nouvel Avenir, se sont engagés à poursuivre le travail de sensibilisation et le projet politique à travers le pays, notamment pousser pour une réforme militaire et de meilleures politiques de protection sociale en ligne avec le manifeste du parti.

Pannika Wanich, porte-parole du parti, a déclaré que les sympathisants organiseraient une "motion de censure" à Bangkok dimanche en amont d’un débat de censure au Parlement lundi.

"Il y a eu une injustice contre les six millions de voix et le pays", a lancé Pisit Iewlatanawadee, 29 ans, lors de la manifestation.

"Un groupe qui ne tire pas son autorité du peuple a détruit nos espoirs", a-t-il dit.

La dissolution du parti a été "un coup de grâce pour les efforts chancelants de la Thaïlande pour rétablir le régime démocratique après une dictature militaire", a déclaré le directeur de Human Rights Watch Asia, Brad Adams, dans un communiqué.

"Cette décision affaiblit sérieusement l'opposition politique au profit du parti au pouvoir soutenu par l'armée et annule injustement les votes de plus de six millions de partisans du parti Future Forward", a-t-il ajouté.
 

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